Le Canadien s'est nettement mieux comporté que durant le premier match de la série. Il a été plus agressif. Il n'a pas donné l'impression d'avoir été intimidé, contrairement à ce qui s'était passé dimanche. À cinq contre cinq, il a même été légèrement supérieur aux Flyers.

Ce qui n'a pas empêché les Flyers, notamment grâce à deux buts sur trois marqués en supériorité numérique, de se donner une priorité de deux matchs dans une série qui, si la tendance se maintient, ne devrait pas s'éterniser.

Les statistiques valent ce qu'elles valent, mais dans leur histoire, les Flyers n'ont jamais perdu une série après avoir pris les devants 2-0. C'est arrivé 16 fois. Seize victoires. Et, autant vous le dire tout de suite, ils ont déjà affronté des équipes supérieures à celle du Canadien, édition 2010.

S'il y a un moment où le Canadien aurait pu faire tourner le vent dans ce match, c'est durant une pénalité à Ville Leino en première période. Mike Cammalleri, à deux occasions, Andrei Kostitsyn et P.K. Subban ont pris Michael Leighton d'assaut sans pouvoir le battre. Après une période au cours de laquelle le Canadien a dominé ses adversaires 16-6 dans les tirs, l'équipe a été incapable de maintenir ce rythme. On s'attendait à ce que le Tricolore sorte fort après ces 20 premières minutes encourageantes, mais on n'a pas vu la moindre étincelle de sa part.

Dans les faits, mis à part le soubresaut de la première période, le Canadien n'a jamais vraiment été dans cette série. Les Flyers ont marqué neuf buts sans riposte. Douze joueurs différents ont contribué à cette attaque.

Leur gardien, qui a vécu dans une valise durant toute sa carrière et qui est toujours incapable de s'établir en permanence dans la Ligue nationale, vient de réussir deux jeux blancs consécutifs. Personne n'a réussi à le déjouer depuis la première période du septième match contre Boston.

Michael Leighton est le premier gardien à entreprendre une série avec deux matchs parfaits depuis Chris Osgood, en finale de la coupe Stanley contre les Penguins, en 2008. Il a aussi conservé une fiche impeccable de 4-0 contre le Canadien cette saison, ce qui n'annonce rien de bon pour la suite des choses.

Il s'agissait également du quatrième jeu blanc des Flyers dans les séries. Pas mal pour une équipe qui, disait-on, avait un problème majeur entre les poteaux. Et dire que la majorité des observateurs ont favorisé le Canadien pour éliminer Philadelphie parce que Jaroslav Halak était nettement supérieur à son vis-à-vis. Le problème, c'est que Halak - même s'il n'a pas été vraiment mauvais - n'a pas été le gardien éblouissant que l'on connaît pendant que Leighton, de son côté, n'a pas été le gardien chancelant qu'on avait anticipé.

Dans ce deuxième match, les Flyers n'ont même pas eu à forcer le jeu pour l'emporter. Il n'ont pas eu à rudoyer les joueurs du Canadien qui ne ressemblent en rien aux vaillants guerriers qui ont écarté les Capitals et les Penguins. Assez facile, disons-le, de stopper une formation qui n'a que deux attaquants productifs, Cammalleri et Gionta.

La seule chose que Halak ne peut réussir dans ces séries, c'est de se rendre à l'autre bout de la glace pour soutenir l'attaque et marquer des buts. Au bout de deux séries et demie, l'offensive anémique du Canadien frise le ridicule. Gomez n'a pas marqué depuis le premier match contre Washington. Pouliot a touché la cible une fois en 30 matchs, Plekanec a été blanchi en 10 parties et Andrei Kostitsyn a fait pire encore avec une disette de 14 matchs.

Jacques Martin a causé une surprise en retirant Benoît Pouliot au profit de l'autre Kostitsyn, Sergei, le joueur le moins utilisé dans les deux camps. On a d'ailleurs beaucoup de mal à s'expliquer pareille décision. Kostitsyn a cafouillé durant le peu de temps qu'il a passé sur la glace, ce qui a obligé l'entraîneur à limiter son temps de jeu à moins de cinq minutes. Quant à Pouliot, Martin lui a préféré le jeu honnête de Mathieu Darche. Darche, qui a roulé sa bosse dans les rangs mineurs sans jamais avoir été repêché, a donc pris la place d'un talentueux mais inefficace choix de première ronde.

Les Francos

Comme si la situation n'était pas déjà suffisamment embarrassante, ce sont les Québécois Daniel Brière et Simon Gagné qui sont en train de ramener le Canadien sur terre. Les deux joueurs ont inscrit quatre des neufs buts de leur équipe. Ils ont également réussi trois des quatre buts obtenus en supériorité numérique.

Gagné a marqué six buts en autant de matchs depuis le retour au jeu qui lui a permis de sauver la peau des siens contre Boston. Sans ses buts opportuns, les Flyers seraient éliminés et le Canadien serait probablement en bien meilleure posture contre les Bruins en ce moment.

Rien ne dit que le Canadien ne réussira pas à mettre un peu de piquant dans cette série en remportant le prochain match. Il n'a pas été déclassé à Philadelphie, malgré les neuf buts sans riposte marqués par les Flyers. Il n'a pas passé sous le bulldozer des Flyers. Il s'est juste contenté de l'éviter.

Contrairement à ce qui s'était passé durant les deux séries précédentes, aucun membre du Canadien n'a accepté de payer le prix là-bas. Habituellement, quand on refuse de souffrir durant les séries, la fin n'est jamais très loin.