LAVAL – Karl Alzner n’a pas été largué dans la Ligue américaine uniquement en raison de son contrat aux allures de boulet, sa mobilité constitue l’autre partie du problème.
 
En quelque sorte, l’évolution du hockey a été plus rapide que la vitesse d’Alzner. La grande question demeure de savoir s’il peut améliorer cette facette de son jeu à 30 ans.
 
« C’est une question qui revient souvent, surtout avec des joueurs de mon style. Tu te fais battre de vitesse par une personne, ça fait boule de neige et c’est difficile de s’en sortir. Pour y arriver, il faudrait que je revienne comme Connor McDavid pour changer leur opinion. Je dois peut-être jouer un peu différemment, mais je ne me sens pas lent du tout. Tout ce que j’ai fait cet été était pour améliorer cet aspect. Ça peut prendre du temps pour que les gens le remarquent. Je ne me sens pas lent sur la patinoire. Je sais qu’il me reste beaucoup d’essence », a répondu Alzner qui n’était pas surpris par la question.
 

Inévitablement, ce dossier sera prioritaire dans la « filière Alzner » pour l’entraîneur Joël Bouchard. La première fois que le mot mobilité a été soulevé, Bouchard l’a habilement contourné, mais on l’a relancé par la suite.
« Dans la vraie vie, les joueurs ont tous des faiblesses. Le joueur parfait n’existe pas et s’il existe, il fait 85 M$ pendant 10 ans et on ne les voit pas passer dans la Ligue américaine. Le but est de jouer avec tes forces et d’améliorer des choses pour masquer tes faiblesses. Le joueur de hockey, à un certain âge, il est ce qu’il est, mais on peut améliorer des choses, qui font que ses faiblesses sont moins flagrantes et la confiance devient meilleure », a répondu Bouchard qui tentera de trouver de petits éléments pour masquer cette mobilité limitée.
 
Le passage dans la Ligue américaine pourrait permettre à Alzner de retrouver une certaine aisance. La pression sera assurément moins omniprésente sur ses épaules quand il est envoyé sur la patinoire. Une telle liberté peut provoquer des effets positifs.
 
« Mon message était très clair : joue. Qu’il fasse des erreurs ici et là, ça ne me dérange pas. Je veux qu’il s’amuse », a indiqué Bouchard.
 
L’entraîneur du Rocket entend également tendre l’oreille, il n’a pas la prétention de connaître la recette miracle pour relancer Alzner.  
 
« Je lui ai aussi dit de nous le mentionner s’il voyait de petites choses qu’il voulait travailler, il est dans la LNH depuis longtemps. L’ego est de côté, si on peut tous être meilleurs et avancer, on va écouter ce qu’il a à dire », a déclaré Bouchard.
 
L’idée sera de trouver quelques petits éléments à peaufiner dans son jeu pour lui permettre de finir sa carrière dans la LNH. Bouchard a utilisé la même approche avec Brett Kulak, Kenny Agostino, Michael Chaput, Byron Froese et Michael McCarron qui n’est plus le même joueur selon lui comparativement à l’an passé.
 
Alzner, qui dégage un grand calme et qui s’assure de bien peser chacune de ses réponses, a raconté qu’il a bien aimé ses premiers contacts avec Bouchard.  
 
« Mes premières impressions sont très, très bonnes. J’adore son intensité. On a pas mal les mêmes philosophies. Il pousse très fort ses joueurs, il s’attend à des résultats, mais il est juste et ça me semble correct. En tant que joueur, voilà ce que tu veux. La première rencontre d’équipe était bien agréable : c’est sérieux, mais on souriait. Il y avait un bon mélange », a commenté Alzner qui s’est plié à la méthode des push-ups après avoir raté la cible sur un tir à l’entraînement.
 
L'élément stabilisateur qui relancera le Rocket ?
 
C’est loin d’être impossible que le séjour d’Alzner à Laval se prolonge et l’influence pourrait rejaillir sur le Rocket qui traverse une période creuse de cinq défaites de suite. Heureusement, la troupe lavalloise disputera 13 de ses 16 prochains matchs à domicile.
 
« Nos gars serrent le bâton présentement, mais personne n’a de mauvaises intentions. Ils ne sont pas contents de notre fiche. Quand ça ne va pas, tu dois faire quelque chose et je pense que Karl peut procurer cette sécurité que nos jeunes ont besoin. Il pourra aussi aider nos autres vétérans.
 
« Ça va être le fun pour les joueurs et les entraîneurs d’avoir un gars calme avec beaucoup d’expérience, on avait besoin de ça. On se bat depuis quelques semaines sans être capable d’aller chercher le but de plus. Ça va faire du bien à l’équipe », a présumé Bouchard.

« Je m'y attendais »

Quand on a joué 681 parties dans la LNH, on ne veut surtout pas s’éterniser dans la Ligue américaine. Cela dit, Alzner ne semble pas du style à craindre de partager ses expériences.
 
« J’ai toujours essayé de mener par l’exemple en travaillant aussi fort sur la glace qu’à l’extérieur pour établir un standard. Mais je pense que les gars travaillent déjà pas mal fort ici. Sur la glace, mon jeu est simple. Je fais ce qu’on me dit et je suis les principes établis par les entraîneurs. Je ne suis pas un grand improvisateur, je fais ce que les entraîneurs me demandent et j’espère inculquer ça aux jeunes », a témoigné Alzner.
 
Bouchard a poussé la réflexion encore plus loin.
 
« Karl, c’est plus que juste un bon défenseur qui va nous aider. Il possède l’expérience dont on a besoin avec nos défenseurs et dans l’équipe en général. Je dirais même avec les entraîneurs puisque c’est tous notre première année dans la LAH. Je pense que c’est l’homme parfait en ce moment pour nous. »
 
S’il demeure longtemps avec le Rocket, Alzner passera plusieurs heures en voiture de la maison familiale jusqu’à la Place Bell. Mais il n’oubliera pas que le club-école du Canadien aurait pu se retrouver à quelques heures d’avion de Montréal et de sa famille.

« Alzner a hâte de jouer »