BROSSARD – Le retour à l’action tant attendu de Shea Weber a provoqué une grande vague positive au sein du Canadien, mais ça signifiait aussi que Karl Alzner devait être soumis au ballottage.

Par conséquent, personne n’avait le goût de sauter au plafond dans le vestiaire du Tricolore. Même s’il n’a jamais été en mesure de se faire justice avec le Canadien, Alzner était un vétéran très apprécié dans le groupe. Ça se comprend puisqu’Alzner est une perle avec tous ceux qui croisent son chemin.

« Karl est le joueur qu'on risque de ne pas perdre »

Cela dit, Marc Bergevin et Claude Julien ont dû trancher en se fiant sur des critères sportifs et économiques. La congestion à la ligne bleue était devenue pire que celle du centre-ville montréalais.

Malgré tout, Julien a confirmé que le Canadien ne veut surtout pas perdre des ressources en défense.

« On a regardé et réalisé qu’il y a plusieurs équipes avec de nombreux blessés en défense. On mise sur quelques défenseurs avec de bons contrats par rapport au plafond salarial. Les autres équipes auraient pu réclamer l’un de ces défenseurs. On ne voulait pas perdre un défenseur. C’est une rareté dans la LNH, la profondeur à la ligne bleue », a expliqué l’entraîneur sans nommer Mike Reilly, Jordie Benn et Xavier Ouellet plus particulièrement.

« Avec son contrat, Karl est probablement le joueur qu’on ne risquait pas de perdre. Ça nous donnera du temps pour évaluer encore mieux un gars comme (Brett) Kulak. Si ce n’était pas Karl, on aurait dû renvoyer Kulak ou (Victor) Mete (dans la Ligue américaine). On désirait gagner du temps », a ajouté Julien en précisant que Kulak a été utilisé pour deux parties uniquement.

Ce n’est pas un scénario si prévisible, mais c’est donc dire qu’Alzner pourrait revenir dans l’entourage du club. Bien sûr, c’est à condition qu’il ne soit pas réclamé, mais son empreinte de 4,625 millions sur le plafond salarial pour cette saison et les trois suivantes complique le tout.

« Pour le moment, c’est Karl qui écope. Il est un gars d’équipe, il a une approche incroyable. Je sais qu’il ne changera pas. Ça ne veut pas dire que c’est irréparable, il y a des chances de le revoir », a précisé Julien. 

Même s’il n’est âgé que de 30 ans, Alzner a été rattrapé par l’évolution de la vitesse du jeu dans la LNH. Sa première saison à Montréal, l’an dernier, a été pénible, mais il a été utilisé pour les 82 parties. Cette année, il a dû se contenter de miettes avec huit petites rencontres.

« Je n’ai pas parlé à Karl, c’est Marc qui l’a fait. On s’attend à ce qu’il se rapporte à Laval », a dit Julien en parlant du club-école dirigé par Joël Bouchard.

Alzner reviendra peut-être avec le Canadien, mais le club montréalais se devait d’assumer l’erreur qui a été commise (un contrat faramineux de cinq ans pour 23 millions). Soulignons que la période pour racheter les contrats débute en juin et cette option permettrait au Tricolore d’économiser quelques millions. 

D'ailleurs, les décisions difficiles ne sont pas terminées pour le Canadien puisque Paul Byron sera rétabli sous peu et Nikita Scherbak suivra. 

Une situation qui n'est jamais facile

Les autres joueurs du Canadien avaient de la compassion dans la voix en parlant de cette décision devenue inévitable à propos d'Alzner.  

« C’est une journée difficile pour lui et sa famille. Ça te rappelle toujours que le hockey est une business. Karl est une excellente personne, mais c’est une décision d’organisation. On ne lui souhaite que de belles choses et en espérant qu’il pourra se trouver un poste ailleurs », a déclaré David Schlemko.

« Il a été un coéquipier exemplaire et une personne très agréable à côtoyer. Il s’est défoncé au travail. Il se retrouvait dans une position difficile et il essayait de retrouver sa place dans la formation », a confié Shea Weber.

« C’est sûr que c’est un petit choc. Ça fait longtemps qu’il est dans la LNH, ça va affecter un peu tout le monde sauf que ça fait partie de notre réalité. Il y a une grosse compétition en défense, il y a beaucoup de défenseurs et de nombreux mouvements », a témoigné Xavier Ouellet qui ne voulait pas vivre cette réalité.

Ouellet et Kulak ont donc gagné du temps pour démontrer aux dirigeants du Canadien qu’ils peuvent constituer des options permanentes à la ligne bleue. 

« Avec cette compétition chez les défenseurs, on doit absolument se concentrer sur nos tâches respectives. La pression fait partie du travail et elle sera toujours présente. Je ne crois pas que ça change grand-chose », a exposé Ouellet sans vouloir se chercher une excuse. 

« Je dois retrouver ma constance du début de saison. J’ai joué 16 parties de suite durant lesquels ça se passait bien. Je n’ai pas été aussi constant dans mes trois dernières parties. Je dois remonter mon niveau de confiance », a ajouté le Québécois.

Dans le cas de Kulak, il ne pouvait pas trop se sentir mal pour Alzner. Ayant disputé 71 matchs avec les Flames la saison dernière, il veut s’établir de nouveau dans la LNH.

« Je n’ai pas beaucoup parlé avec l’entraîneur, mais j’ai échangé passablement avec l’entraîneur des défenseurs, Luke Richardson. Il a soulevé des choses bien intéressantes. On sait que ça se passe bien plus vite dans la LNH. Je l’ai encore constaté sur le deuxième but des Bruins samedi. Il ne faut jamais perdre la concentration pour quelques secondes », a mentionné Kulak qui possède une mobilité intéressante.

Sa première sortie, contre les Sabres, a été convaincante, mais ce fut moins abouti face aux Bruins.

La formation du Canadiens à l'entraînement :

Les échos de l'entraînement du CH
Les échos de l'entraînement du CH

Tatar-Danault-Gallagher;
Drouin-Domi-Shaw;
Hudon-Kotkaniemi-Lehkonen;
Deslauriers-Agostino-Chaput.

Extras: Byron, Peca et Scherbak

Les défenseurs:
Schlemko-Weber;
Kulak-Petry;
Mete-Benn.
Ouellet-Reilly

Le trio : seulement un au revoir pour Alzner?