Corey Schueneman a atteint la LNH à 26 ans avec le Canadien
Rocket de Laval mercredi, 11 mai 2022. 22:51 jeudi, 12 mai 2022. 10:18Dès 19h, RDS et RDS Direct présenteront le 3e match de la série entre le Rocket et le Crunch de Syracuse. Les deux équipes ont remporté un match.
MONTRÉAL – Durant son enfance, quand ça chauffait un peu trop sur la patinoire où il passait le plus clair de son temps, Corey Schueneman pouvait toujours compter sur l’aide de son frère Scott. L’amour fraternel jaillissait naturellement et ça finissait parfois en combat de lutte.
Cette anecdote rappelle d’amusants souvenirs à Scott, mais elle ne démontre surtout pas que Corey s’en laissait imposer. L’histoire de son parcours, c’est plutôt le contraire. Tout au long de son ascension, jusqu’à la LNH, il a prouvé qu’il était en mesure de jouer avec de plus vieux ou meilleurs joueurs que lui.
Élevé à Milford, en banlieue de Detroit, Schueneman n’a guère eu le choix.
« Corey jouait la plupart du temps dans la même catégorie que moi. Ç’aurait été difficile pour nos parents de se partager en trois. Il s’est ajusté rapidement et il cadrait dans le groupe. Il a su très jeune qu’il devait y arriver. Il a conservé cet atout toute sa vie et ça se voit encore aujourd’hui. Ça en dit beaucoup sur son caractère », a vanté Scott qui, dans une famille de quatre enfants, est son aîné de 19 mois uniquement.
La semaine dernière, après un entraînement du Rocket de Laval à la Place Bell, on replonge Schueneman dans cette période de son enfance. On comprend vite qu’il n’a jamais trouvé que c’était une « grosse affaire ».
« Je trouvais que j’avais ma place avec eux, ça m’a peut-être aidé (dans mon développement), mais je ne saurais dire. Je n’y pensais pas vraiment et je présume surtout que mes parents voulaient sans doute économiser un peu d’argent (et de temps) », a-t-il confié.
Ces jours-ci, Schueneman accapare un rôle important dans la brigade défensive du Rocket lors de son parcours éliminatoire. Cette expérience s’ajoute à son baptême de la LNH survenu cette saison.
Même s’ils étaient persuadés qu’il atteindrait la LNH un jour, les parents, les deux frères et la sœur de Schueneman n’auraient pas osé prédire qu’il parviendrait à y jouer 24 matchs cette saison. Après tout, à son 26e anniversaire, en septembre dernier, il n’avait pas encore goûté à ce privilège.
« Dans les dernières années, mes amis me demandaient tout le temps s’il allait jouer dans la LNH. Et je répondais toujours oui, j’y croyais vraiment », a raconté Scott au RDS.ca.
Ce verdict, teinté d’amour envers son petit frère, reposait sur un argument validé plusieurs fois : le défenseur gaucher parvient à prouver sa valeur. Toutefois, le portrait juste impose de rappeler qu’il n’a pas été repêché et que les équipes de la LNH ne lui couraient pas après au terme de son parcours universitaire.
« Corey a mérité tout ce qu’il a obtenu dans la vie, il a travaillé fort pour l’obtenir et énormément de crédit lui revient », a souligné Cail MacLean, son entraîneur avec le Heat de Stockton, son dernier arrêt avant de joindre le Rocket en 2020-2021.
Schueneman, l’une des rares belles histoires de la saison du Canadien, avait abouti avec Stockton, le club-école des Flames de Calgary, après quatre saisons avec l’Université Western Michigan. Il ne s’est pas laissé ébranler par un séjour de quelques parties dans l’ECHL.
En débarquant à Laval, à l’automne 2020, Schueneman a poussé les observateurs avisés à se demander s’il, sans dominer outrageusement l’opposition, pouvait maintenir sa grande efficacité dans la LNH.
« Je suis très fier d’y arriver, c’est mon but. [...] J’étais vraiment excité par cette occasion de jouer. J’ai tenté d’être productif même en gardant les choses aussi simples que possible », a exprimé l’Américain qui s’est permis plus d’audace graduellement et qui a intégré les unités du jeu de puissance.
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« Quand il est arrivé avec le Rocket et l’organisation du Canadien, on se disait tous que ce n’était désormais qu’une question de temps. C’est merveilleux qu’il puisse vivre son rêve », a exprimé Scott.
Pour Martin Laperrière, adjoint avec le Rocket, ce saut bien atterri était prévisible.
« Avant qu’il rejoigne le Canadien, on aimait beaucoup qu’il s’exprime autant. Le fait qu’il soit resté là, ce n’était pas surprenant non plus. Quand je regardais des matchs de l’an passé pour me familiariser avec les joueurs, c’était lui qui ressortait le plus avec (Rafaël) Harvey-Pinard », a noté l’entraîneur.
Tout à recommencer la saison prochaine ?
Ce rêve n’a jamais semblé inaccessible puisque Schueneman dégage une « confiance discrète, une absence de peur » malgré l’enjeu comme le décrit MacLean.
« Son intelligence du jeu est si élevée qu’il sait ce qu’il peut accomplir sur la glace. Il sait également qu’aucun joueur ne sera parfait dans une partie. Cet aspect a été inculqué en nous quand nous étions jeunes. C’est normal de faire des erreurs, il faut juste tenter de les limiter », a réagi son frère.
Ainsi, au fil des matchs avec le Tricolore, il a pu déduire que sa place se trouve dans la LNH en dépit des détours.
« Cette année m’a aidé à le réaliser. J’ai ouvert des yeux, c’est certain et c’était mon objectif alors que j’avais désormais mon premier contrat de la LNH. J’ai toujours eu à me prouver et je n’ai jamais emprunté le chemin facile ou traditionnel. J’y suis habitué et ça me convient », a jugé Schueneman qui a inscrit deux buts et quatre aides avec le CH.
Ce n’était donc pas la route qui allait freiner ses parents de voir ses premiers pas dans la LNH.
« Mes parents se sont empressés à rouler près de 20 heures jusqu’à Tampa pour assister au match », a décrit Scott qui, lui, n’a pas encore eu la chance de le voir en personne dans l’uniforme du Tricolore.
Rien n’est garanti pour lui la saison prochaine alors que Kaiden Guhle et Mattias Norlinder veulent s’ajouter à l’équation comportant déjà Joel Edmundson, Alexander Romanov, Jordan Harris et lui du côté gauche.
Mais Schueneman est habitué de surmonter des défis. Il ne voudrait pas que son accomplissement, un tantinet tardif, s’arrête si vite.
« Pour certains athlètes, on attend que l’éclosion se fasse, mais ça ne se produit pas. Dans son cas, il a persévéré et ça débloque parfois plus tard pour quelques athlètes. On est bien contents », a conclu Laperrière.