Cayden Primeau et Erik Brannstrom sont deux jeunes joueurs audacieux, ambitieux et font partie des plus beaux espoirs au sein de leur groupe d’âge respectif. Or, un fait demeure : la Ligue nationale de hockey n’est pas un laboratoire et encore moins un centre de recherche, mais plutôt un circuit où la présence de résultats fait foi de tout, sauf pour les équipes en reconstruction.

 

Le fait de vouloir précipiter la situation et faire gravir les échéanciers de façon prématurée pour certains de ces jeunes espoirs peu autant les « bâtir » que les « détruire » dans ces moments d’adversité.

 

C’est une réalité qui est vécue différemment selon le profil des entraîneurs et de directeurs généraux en prenant en considération le contexte au niveau des attentes organisationnelles pour ces formations respectives.

 

Chez le Canadien, on compte sur la présence d’un vétéran entraîneur en Claude Julien, qui selon certains se retrouve en mode survie, alors qu’une présence aux prochaines séries semble de moins en moins négociable.

 

À l’autre bout de la 417, les Sénateurs comptent sur un entraîneur qui en est à ses premiers pas dans la LNH à la tête d’une équipe, D.J.Smith, qui a le mandat d’établir une nouvelle culture organisationnelle pour les années futures de la franchise ottavienne.

 

Les Sénateurs misent sur plusieurs beaux espoirs, dont le jeune défenseur à caractère offensif Erik Brannstrom, acquis des Golden Knights de Vegas, qui lui, pour s’exprimer, a besoin de cette liberté à titre de quart-arrière dans un rôle de quatrième attaquant et a besoin de qualité-minutes en lien avec son utilisation.

 

Dans les derniers jours, les Sénateurs ont annoncé avoir retourné Brannstrom dans la Ligue américaine, à Belleville. Une décision prévisible et d’une de grande sagesse, question de rebâtir ce niveau de confiance et d’aplomb dans son désir éventuel de compétitionner et performer dans la cour des grands en tant que joueur qui peut faire la différence.

 

Les Sens misent aussi sur Logan Brown, qui est considéré comme un attaquant aux habilités offensives intéressantes, et ce, malgré un niveau d’engagement sélectif à l’occasion et une gestion de rondelle un peu brouillonne dans les moments critiques.

 

Dans son cas, le tout semble de plus en plus se jouer dans son espace de 25 centimètres et non au niveau de ses habilités offensives. Même si cela ne fait pas partie nécessairement de son « ADN », inévitablement les mots « constance » et « résilience » devront faire partie de son coffre à outils question de répondre aux attentes d’un choix de première ronde.

 

Une maturité qui, espérons-le, se pointera à l’horizon plutôt que tard, lui qui a définitivement le talent offensif pour s’exprimer dans la grande Ligue.

 

Entretemps, chez le Canadien de Montréal, le contexte est totalement différent, alors que le mot « patience » ne peut prendre tout son sens en raison des attentes du moment présent.

 

Disons que Marc Bergevin et son entraîneur-chef, Claude Julien, ont probablement eu des discussions fort intéressantes sur la présence de résultats à très court terme versus l’insertion et le développement des plus jeunes, notamment Cayden Primeau et Otto Leskinen, qui ont généralement laissé une bonne première impression.

 

Dernièrement, à Montréal, le rendement et la présence de certains vétérans comme Nate Thompson, Nick Coussins et Jordan Weal combinés au leadership des vétérans de la première heure (Brendan Gallagher, Shea Weber et Carey Price) ont su répondre aux attentes à court terme dans des moments de très fortes chaleurs.

 

Le CH avait besoin de resserrer son jeu défensivement et les trois, quatre derniers matchs ont été beaucoup plus encourageants. Ne pas le reconnaître serait un peu de l’aveuglement volontaire.

 

Ligue américaine : Joël Bouchard, Troy Mann et leur mandat respectif

 

À l’heure actuelle, tant le Rocket de Laval que les Senators de Belleville sont sur une bonne lancée et récoltent de bons résultats sur la surface glacée.

 

Dans un mandat de développer les plus jeunes et de les accompagner dans leur cheminement, sans nécessairement vouloir devancer les échéanciers, autant le personnel d’entraîneurs de la filiale du Canadien de Montréal que celle des Sénateurs d’Ottawa méritent une certaine attention et reconnaissance dans la besogne effectuée depuis le début de la saison.

 

De voir des jeunes rappelés et insérés dans la formation du grand club et de les voir répondre de façon aussi adéquate sur le court terme, pour la plupart, témoigne du travail effectué au niveau inférieur.

 

Cela est tout à l’honneur de Joël Bouchard et Troy Mann, car ce n’est pas nécessairement facile d’œuvre dans la Ligue américaine, et ce, pour un ensemble de facteurs.

 

Leur travail implique également de prendre en charge des vétérans de la LNH qui en sont de plus en plus à la croisée des chemins. Cette responsabilité jumelée avec le développement des jeunes est un cocktail qui n’est pas nécessairement des plus naturels à gérer sur une base quotidienne.

 

Cela demande donc intelligence, souplesse, prudence et beaucoup de psychologie 101, question de recentrer tout ce beau monde sur le moment présent et afin de répondre aux attentes organisationnelles.

 

Pour Bouchard, cette passion ou cet intérêt irrésistible à vouloir partager ses propres expériences du passé et les transmettre au suivant demeure une de ses plus grandes qualités comme homme de hockey et comme personne. Il possède également d’excellentes aptitudes de communicateur. Une passion, voire une quasi-obsession, qui lui permet de se sentir utile dans le partage de ses connaissances.

 

Il en va de même pour Mann chez les Senators de Belleville. Ce dernier possède une personnalité et un style différents de Bouchard, mais il comprend très bien l’importance de faire progresser cette belle jeunesse pour les mois et les années à venir, et ce, pour le bien-être de la franchise actuelle.

 

Pour revenir à Bouchard, il est un homme de hockey qui a fait ses classes autant au niveau junior au sein de la LHJMQ que dans la Ligue américaine. Sa personnalité colle bien à la peau de la nouvelle génération des hockeyeurs d’aujourd’hui.

 

Sans souhaiter de malheur ou de coup dur à l’homme de hockey que représente Claude Julien, il faut dire que lorsque le moment viendra, le Canadien n’aura pas à chercher bien loin et bien longtemps pour lui trouver un successeur. Après tout, la Place Bell n'est qu'à quelques kilomètres du Centre Bell.

 

À moins qu’un jour, un jour qui n’est peut-être pas trop loin, le principal concerné soit courtisé par une autre formation du circuit Bettman…