Enfin, diront plusieurs observateurs! Enfin, les Sénateurs d’Ottawa ont joué du hockey plus structuré et ont démontré une bien meilleure application du plan de match et plus d’engagement collectif dans le désir de se sortir de cette spirale négative des dernières semaines.

La formation ottavienne a pu profiter – pour une rare fois cette saison – d’un Matt Murray plus alerte, meilleur dans ses déplacements et beaucoup plus en contrôle de ses retours de lancers.

Deux départs ne font évidemment pas une saison, mais au moins les deux dernières sorties de Murray rassurent au plus haut point; tant le personnel d’entraîneurs que le principal concerné, lui qui avait plusieurs difficultés à s’adapter à son nouvel environnement depuis le début de la saison.

Disons que le portrait se précise de plus en plus pour la formation de la capitale nationale. Sans chercher à qui la faute depuis le début de la campagne, il faut avouer que l’insertion de plusieurs jeunes joueurs lors des deux derniers duels a largement contribué à « relancer » l’équipe. Même si on sait que ce sera un long processus d’essai-erreur, la présence des jeunes a redonné énergie et enthousiasme dans l’environnement immédiat de l’équipe. 

Les deux derniers rendez-vous des Sénateurs face au Canadien de Montréal viennent tout juste de valider le message des derniers mois : il faut respecter le plan initial et se donner les vrais moyens de réussir.

Ce n’est pas nécessairement facile pour un entraîneur de la LNH de se libérer du regard des autres et accepter un processus d’apprentissage, mais c’est ce qu’a fait D.J. Smith en laissant place à Erik Brannstrom et Artem Zub en défensive, à la place de certains vétérans de plusieurs saisons qui en sont vraisemblablement à la croisée des chemins. Brannstrom et Zub ont définitivement su tirer leur épingle du jeu.

Ils ont bénéficié de minutes de qualité et ont démontré, à court terme du moins, qu’il était possible d’améliorer un des talons d’Achille de la troupe de D.J., soit l’efficacité sur la récupération de rondelles profondément en territoire défensif. Par le fait même, un impact direct s’est fait ressentir sur les sorties de zones.

Si le portrait en lever de rideau était beaucoup plus limpide offensivement sur les intentions et la volonté d’insérer de jeunes attaquants dans des rôles importants (Norris, Batherson, Stützle), disons que l’image projetée dans la composante de la brigade défensive n’avait jamais été aussi brouillonne entre les intentions de départ et la réalité du début de saison. 

Une remise en question et un regard critique de l’interne ont permis de rapidement constater que le temps était venu de faire une plus grande place aux jeunes et regarder davantage le moyen et le long terme de la franchise.

À certains moments, il faut faire des choix pour progresser. Il faut parfois choisir ce passage difficile pour éventuellement voir la lumière au bout du tunnel; un aspect que l’on semble avoir réalisé après le dernier voyage des plus difficiles dans l’Ouest canadien.

Quand le jeu en vaut la chandelle!

Sans connaître toute la vérité et rien que la vérité qui a motivé le départ d’Erik Karlsson en direction de San Jose, disons que du point de vue hockey, la haute direction des Sénateurs semble avoir eu raison, du moins à court terme. En effet, Karlsson ne casse rien avec les Sharks depuis son arrivée (88 points en 119 matchs), tandis qu’Ottawa compte sur deux joyaux acquis dans cette transaction (Josh Norris et le choix de première ronde obtenu, qui est devenu Tim Stützle).Tim Stützle

Sans aucun doute, Norris (joueur de centre) et Stützle (ailier pour le moment, mais éventuellement joueur de centre) feront partie de l’élite de la Ligue nationale de hockey, en raison de leur haut niveau d’habiletés offensives.

Deux jeunes joueurs audacieux et talentueux qui ont cette force mentale de s’autoriser à vouloir être les meilleurs dans ce circuit. Deux jeunes adultes qui respectent leur rêve au plus haut point en se donnant les vrais moyens de réussir. Deux joueurs passionnés qui démontrent déjà des signes qu’ils vont éventuellement faire la différence soir après soir à Ottawa.

Reconnaissant que le facteur chance a joué un grand rôle dans cette transaction pour Karlsson, alors que les Sens ont obtenu le troisième choix au total acquis, il faut tout de même saluer le bon travail de la direction de l’équipe et particulièrement de son directeur général, Pierre Dorion.

De renoncer d’une certaine façon à retenir les services de l’un des meilleurs défenseurs à caractère offensif du circuit Bettman – à cette époque – pour faire place aux jeunes à moyen et long terme, tout en assumant les conséquences et les critiques entourant ce choix organisationnel, n’a certainement pas été facile. 

Dorion a fait le pari de laisser le facteur temps faire les choses, afin de porter un regard juste et équitable sur cette méga-transaction. Le facteur temps semble tranquillement lui donner raison.

Jake Allen : une confiance en soi inébranlable 

Wow, Jake Allen est vraiment en train de faire la différence à Montréal! Bien objectivement, n’eut été de sa performance samedi dernier face aux Sénateurs (dans une victoire de 2-1), il y a de fortes chances que le Canadien aurait subi une deuxième défaite consécutive. 

Allen démontre les signes d’un gardien de but en contrôle, tant mentalement que physiquement. Il semble voir la rondelle grosse comme un ballon de plage depuis le début de la saison, et cela inspire définitivement confiance à ses coéquipiers.Jake Allen

Depuis le temps que le CH cherchait un auxiliaire de qualité à Carey Price, il semble qu’on l’ait finalement trouvé. Allen fait de l’excellent boulot, mais on sait aussi que sa présence avec le CH est directement liée au respect des différentes étapes de développement du jeune Cayden Primeau dans les rangs mineurs.

Sans rien enlever à son talent, et à la forte possibilité qu’il retrouve éventuellement un poste de gardien numéro un ailleurs dans LNH, la question se pose : est-ce que les performances d’Allen s’expliquent par le fait qu’il se soit amener à Montréal avec un certain poids en moins sur ses épaules? Après tout, il savait qu’il ne serait pas le gardien numéro un, celui sur qui repose toute la chaleur médiatique!

Il ne faut pas oublier que dans un passé pas si lointain, malgré des statistiques intéressantes avec les Blues de St Louis, Allen démontrait les signes d’un gardien qui avait tendance à surjouer dans les moments critiques. Il démontrait souvent un manque de confiance, là où l’« enjeu » au lieu du « jeu » occupait trop ses pensées.

Certains diront que le gardien Jordan Binnington, par la qualité de son jeu et avec la conquête de la coupe Stanley de 2018-2019, a chassé l’ancien de la LHJMQ de St Louis. D’autres diront que les performances du gardien de 30 ans dans les moments à haute pression, là où il y avait obligation de résultats, ont mené à son départ.

Cela étant dit, rien n’enlève au fait que depuis son arrivée à Montréal, Allen démontre les signes d’un gardien qui s’est réapproprié un certain plaisir perdu dans un environnement qui semble bien lui plaire, et cela est tout à son mérite. Ce ne sont certainement pas Claude Julien et le Canadien qui vont s’en plaindre!