« Chassez le naturel et il revient au galop » peut très bien servir d’expression pour commenter les ratés du début de saison chez les Sénateurs d’Ottawa. Des problèmes récurrents qu’on a déjà vus lors des dernières campagnes.

Malgré ce court échantillon de 11 parties disputées depuis le début de la saison régulière, avec une fiche de 3-7-1, et une séquence de cinq défaites consécutives à domicile, D.J. Smith ne doit pas être très heureux en ce moment.

Pourtant cette même formation démontrait des allures d’une équipe prête à s’imposer les sacrifices collectifs nécessaires dans le désir d’adresser certaines situations des plus préoccupantes par rapport aux dernières années. On connaissait un départ intéressant.

En effet, en lever de rideau, les Sens semblaient animés par une soif d’apprendre et de progresser dans le collectif pour obtenir de meilleurs résultats autant au point de vue victoires-défaites qu’au point de vue de la qualité de la performance sportive.

Dans une première tranche de cinq matchs, la troupe de Smith, malgré une fiche négative de 2-3, dont deux défaites par la marque d’un but, avait démontré certains indicateurs positifs. Notamment, Ottawa avait limité ses rivaux à un total de 12 buts alloués pour une moyenne approximative de 2,40 par match et avait un taux de réussite en avantage numérique de 25 % (4-en-16).

Or, l’absence d’identité propre, l’absence de résultats à domicile et une colonne des buts alloués à l’adversaire, qui avait de quoi faire frémir le commun des mortels, sont tous des éléments qui sont en train de refaire surface.

Lors des deux dernières semaines, les Sénateurs ont les allures d’une formation en grande difficulté, avec une fiche peu reluisante de 1-6-1 et une série de cinq défaites à ses cinq dernières sorties à la maison. De plus, la fiche défensive est déplorable avec 28 buts alloués à leurs six dernières sorties pour une moyenne de 4,66 buts accordés par partie. Cela a de quoi interpeller au plus haut point le personnel d’entraîneurs et la haute direction.

Avant le début de la saison, tout le monde – ou presque – savait que le talon d’Achille de l’édition 2021-2022 serait ce manque de profondeur à la ligne bleue, à court terme, car à long terme il y a quand même Jake Sanderson, Jacob Bernard-Docker et Lassi Thompson, entre autres.

Ces jeunes devront cependant gagner en expérience et les Sénateurs devront respecter le processus de développement, surtout à une position aussi cruciale que celle de défenseur. Or, une réalité demeure : la défense actuelle à Ottawa a grandement besoin d’assistance, et ce, dans l’immédiat.

L’aide ne viendra pas de l’extérieur selon moi. La rareté vis-à-vis l’offre et la demande sur le marché des transactions fait en sorte que je serais surpris de voir Dorion bouger de ce côté-là. Pour les défenseurs, il y a de plus en plus d’intérêt à les repêcher et les développer au sein même de l’organisation; une valeur inestimable pour ceux qui ont cette richesse dans leur inventaire.

À ce stade-ci de la saison, les défenseurs sur le marché se font rarissimes et le fait d’accepter en retour des choix au repêchage n’est pas nécessairement l’objectif visé contrairement à des actifs déjà identifiés et ciblés par certaines organisations.

Avec cela en tête, Pierre Dorion est-il prêt à transiger un actif (attaquant de premier niveau) ou certains choix de la séance de sélection de 2022, lui qui possède six choix à ce jour dans les trois premières rondes, pour obtenir un défenseur? À voir.

Cette réalité du moment nous rappelle que le personnel hockey des Sénateurs devra renforcir avec grande rigueur que la solution passe inévitablement par le collectif, la discipline dans le cadre de travail et le respect des règles de fonctionnement.

Évidemment, c’est plus facile à dire qu’à faire. Or, sans cet état d’esprit de collaboration dans le travail en unité de cinq à la hauteur des 200 pieds, le retour à un certain niveau de respectabilité risque d’être long et ardu.

Pierre Dorion, Brady Tkachuk et D.J. SmithBrady Tkachuk le visage de la franchise!

Sans grande surprise, l’organisation des Sénateurs d’Ottawa a profité des derniers jours pour identifier clairement que le visage de la franchise sera dorénavant par le jeune attaquant Brady Tkachuk, lui qui a été nommé capitaine de la formation ottavienne.

Tkachuk est tout un personnage; une « bête de scène » par son authenticité, sa spontanéité, sa soif d’agir dans le moment présent, en raison des émotions qu’il transporte dans le feu de l’action. Sa force de caractère est déjà remarquable, surtout lorsqu'on sait qu'il n'a que 22 ans.

De nouvelles responsabilités attendent le jeune homme, qui devra faire grande preuve de diligence, question d’apprendre à gérer ses émotions et non se laisser gérer par celles-ci, sans pour autant dénaturer sa game.

Son style de leadership devra être à la base nourrie par la qualité de ses performances, et il devra demeurer fidèle à son profil de joueur, tout en évitant d’essayer de tout mettre sur ses propres épaules.

Si celui-ci a été préféré à Thomas Chabot pour le titre de capitaine, c’est exactement pour ce qu’il représente comme personne, symbole, athlète, et non son contraire.

Pour Chabot, cette décision de l’interne était hors de son contrôle et cela n’enlève en rien à sa valeur et ses qualités de joueur. Il est un vrai professionnel dans l’âme, et je suis convaincu qu’il saura faire ce mini-deuil assez rapidement et qu’il trouvera le moyen de rester centré sur le moment présent, en ayant toujours comme objectif principal de faire des Sénateurs une meilleure formation pour les années à venir. Il voudra également se donner une chance de faire partie des plans d’Équipe Canada en vue de la présentation des prochains Jeux olympiques, en février.

Bref, ce choix organisationnel pour le rôle de capitaine a fort possiblement été difficile à faire en raison des qualités des deux hommes repêchés au sein même de l’organisation.

Or, cela ne change rien du fait que la relance de cette franchise passera par ces deux athlètes professionnels qui devront servir d’exemples pour les autres jeunes de l’équipe, et ce, pour les années futures.