OTTAWA - Selon les grands principes du hockey, une équipe n’est pas dans la vase jusqu’au cou avant d’avoir perdu un match à la maison.

Déjà qu’ils le sont jusqu’aux épaules avec l’avance de 2-0 du Canadien, les Sénateurs doivent gagner ce soir dans le cadre du troisième match. Car s’ils laissent filer cette partie, ils ne seront pas seulement dans la vase jusqu’au cou, ils le seront par-dessus la tête. Et en plus, ils seront à toutes fins utiles éliminés.

Histoire de mettre toutes les chances de leur côté, les Sénateurs tourneront le dos à Andrew Hammond pour ouvrir la porte à Craig Anderson. Ils feront aussi appel au vétéran Chris Neil qui remplacera le Québécois Alex Chiasson que Dave Cameron fera passer du quatrième trio à la galerie de presse.

Ce changement de gardien représente-t-il une décision risquée considérant qu’Andrew Hammond est le principal artisan de la présence des Sénateurs en séries?

« Nous affrontons une bonne équipe »

Oui! Bien sûr, mais c’est surtout une décision nécessaire!

Bien que les Sénateurs peuvent se consoler à l’idée qu’ils ont perdu les deux premiers matchs par un but seulement et que c’est en prolongation qu’Alex Galchenyuk a scellé l’issue de la deuxième partie, ils tirent quand même de l’arrière 2-0 dans la série.

Et une fois en séries, les victoires morales ne comptent pas. Pas du tout.

Et au-delà de tout ce qu’il a accompli depuis son entrée en scène le 18 février dernier, Hammond est le principal responsable des deux défaites.

Mauvais lors de la première rencontre alors qu’il a offert deux, peut-être même trois, buts au Canadien, le « Hamburglar » a été un brin meilleur lors de la deuxième rencontre. Les statistiques soulignent le fait qu’il a effectué 39 arrêts, ce qui est très bien, mais ces statistiques passent sous silence le fait qu’il n’a pas été fort sur le but de Max Pacioretty et qu’il a été très mauvais sur le but de Galchenyuk, en prolongation, but auquel il a participé en accordant un retour juteux dans l’enclave au jeune attaquant du Tricolore avant de laisser la rondelle le traverser entre son corps et le bras droit.

Hammond a été miraculeux en fin de saison. C’est indéniable. Mais après deux défaites dans cette série quatre de sept qui oppose les Sénateurs au Canadien, il affiche une moyenne de 3,44 buts accordés par rencontre et une efficacité de 91,4 %.

Si l’on considère que Carey Price n’a pas été miraculeux à l’autre bout de la patinoire – 2,44 buts alloués par match et 92,2 % d’efficacité – et que les Sénateurs ont perdu les deux rencontres par un but seulement, il est tout à fait normal de conclure qu’une performance plus solide de Hammond aurait sorti les Sénateurs de la fâcheuse position dans laquelle ils se trouvent.

Anderson reposé

La grande question maintenant est de savoir si Anderson pourra effectuer les arrêts que Hammond n’a pas été en mesure de réaliser jusqu’ici.

On le saura dans quelques heures.

Craig Anderson a perdu son poste de numéro un le 21 janvier dernier en raison d’une blessure et ensuite en raison des performances de Hammond. Il a raté 19 matchs en raison de sa blessure à la main droite – rondelle qui l’a atteint sous le bouclier – et a suivi 13 rencontres du banc.

Anderson est donc reposé, n’ayant disputé que quatre matchs depuis le 21 janvier dernier. Il a gagné le premier avant d’encaisser des revers – deux défaites en temps réglementaire et une autre en prolongation – dans les trois autres rencontres. Il n’a pas joué depuis le 29 mars dernier.

« C’est un beau défi. J’ai fait tout ce qui était en mon possible de faire lors des entraînements pour garder la forme et je suis très fébrile à l’idée de revenir au jeu », a mentionné Anderson après l’entraînement des Sénateurs dimanche matin au Centre Canadian Tire.

Anderson est un vétéran. Il a battu le Canadien en cinq matchs il y a deux ans lorsque les deux clubs se sont croisés pour la première fois en séries.

Tout ça est bien beau.

Mais il doit maintenant gagner quatre des cinq prochaines rencontres aux dépens de Carey Price pour permettre à son club d’éliminer le Canadien et de passer en deuxième ronde.

Un défi énorme!

Comptes à régler

Les questions les plus importantes dans le cas d’Anderson sont reliées à son réel désir de victoire.

C’est un secret de polichinelle dans le vestiaire des Sénateurs que Craig Anderson fait bande à part. Il a ouvertement critiqué la décision de remplacer Paul MacLean dont il était un fervent défenseur. Ses relations avec plusieurs de ses coéquipiers, à commencer par le capitaine Erik Karlsson qui a été très actif dans la mutinerie qui a conduit à l’entrée en scène de Dave Cameron, sont au mieux tièdes et plusieurs observateurs croient qu’il défendra les couleurs d’une autre organisation la saison prochaine.

ContentId(3.1130809):La bonne décision?
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De fait, les Sénateurs avaient convenu que les chances de voir Anderson devant le filet en séries étaient très minces.

Anderson pourrait-il alors simplement faire acte de présence ? Se contenter de simplement faire bonne figure ? C’est ce que plusieurs acteurs dans l’entourage des Sénateurs craignent.

Mais dans la situation actuelle, ils n’ont pas le choix. Ils doivent procéder au changement de gardien immédiatement alors que le Canadien mène 2-0. Car une fois en arrière 0-3, il serait trop tard pour tenter de renverser la situation avec un tel changement.

De plus, s’il est possible qu’Anderson n’ait pas, ou n’ait plus, la cause des Sénateurs à cœur, il a malgré tout sa réputation à protéger. Et s’il espère obtenir un travail de premier plan l’an prochain – à Buffalo ou ailleurs – il a tout intérêt à profiter de l’occasion qui se présente pour offrir des performances solides et pousser des équipes à vouloir transiger avec Ottawa pour obtenir ses services. Une source de motivation intéressante.

Pendant que Craig Anderson répondait aux questions des journalistes d’un côté du vestiaire, Andrew Hammond retirait lentement son équipement de l’autre.

« Je supporte la décision de l’équipe », a simplement souligné le gardien en affichant le même flegme qu’il affiche depuis son entrée en scène le 18 février dernier. S’il était déçu – et on a toutes les raisons de croire qu’il l’était – Hammond cachait bien cette déception derrière des réponses lancées sans grandes émotions.

Neil en relève

Dans l’ombre du changement de gardien, le vétéran Chris Neil effectuera un retour au jeu dimanche. Victime d’une fracture au pouce gauche, il n’a pas joué depuis le 14 février dernier.

Neil, qui en plus d’être lent devra s’assurer d’être discipliné, car les arbitres l’auront à l’œil, évoluera au sein du quatrième trio à la place d’Alex Chiasson. Le jeune Québécois qui a beaucoup déçu à Ottawa cette saison a été blanchi lors des deux premiers matchs de la série en plus d’afficher un différentiel de moins-2.

Avec ses compagnons de jeu du quatrième trio – David Legwand et Mike Hoffman – Chiasson a été éclipsé par le 4e trio du Canadien à chacune de ses présences lors des deux premières rencontres.

Ajoutez à cela le fait qu’il a été blanchi lors des neuf derniers matchs de la saison et qu’il n’a marqué que 11 buts et récolté 26 points en 75 rencontres et vous avez les explications qui justifient son retrait de la formation.

Débarqué à Ottawa avec le mandat difficile – voire impossible – de remplacer et de faire oublier Jason Spezza, Chiasson a bien entrepris la saison avec trois buts et six points à ses 10 premiers matchs. Ses performances ont ensuite périclité et il a perdu sa place au sein des premiers trios pour se retrouver au sein des troisième et quatrième. Il sera toutefois écarté de la formation pour la première fois de l’année alors que ses sept absences sont attribuables à des blessures.