Persévérer malgré le grand deuil de Mark Reeds
Sénateurs d'Ottawa mardi, 14 avr. 2015. 11:38 mardi, 14 avr. 2015. 13:44
OTTAWA - C’est avec le coeur gros que tous les membres de l’organisation des Sénateurs d’Ottawa ont poursuivi leur préparation en vue de l’affrontement face aux Canadiens de Montréal.
La tristesse se ressentait sur tous les visages mardi matin alors que le très apprécié entraîneur adjoint Mark Reeds a rendu l’âme ̶ à 55 ans ̶ à la suite d’une bataille contre le cancer. Bien sûr, même si la famille des Sénateurs savait déjà que le cancer avait pris le dessus sur cet homme de hockey fort respecté, sa mort n’est pas plus facile à accepter.
Preuve que la vie peut parfois être très cruelle, c’est nul autre que le directeur général Bryan Murray, qui est lui-même affecté par un cancer, qui a pris la parole au nom de l’organisation en s’assurant avant tout d’exprimer ses condoléances à la femme et aux deux enfants de Reeds qui oeuvrait comme adjoint depuis quatre saisons avec les Sens.
« C’est à propos de Mark aujourd’hui, mais c’est difficile. Il a reçu le diagnostic un peu avant moi et sa situation ne s’annonçait pas aussi virulente. Il était demeuré très positif quand il avait été informé de sa maladie et il se concentrait sur les solutions. On réalise à quel point chaque journée est précieuse », a témoigné Murray pratiquement droit comme un chêne en dépit de son contexte personnel très particulier.
« En théorie, ça devrait être une période de l’année excitante et j’imagine que ce sera le cas, mais aujourd’hui, c’est une journée triste pour nous. Mark était vraiment un bon jeune homme, il nous a quittés trop tôt », a-t-il ajouté.
En l’honneur de cet ancien joueur des Blues de St Louis et des Whalers de Hartford, l’organisation d’Ottawa s’est empressée de placer les drapeaux en berne devant le Centre Canadian Tire.
« Nous avons perdu un homme bon aujourd’hui. Il était un membre important de notre personnel d’entraîneurs. Nous vous demanderons de respecter, particulièrement nos plus jeunes joueurs, en cette période de deuil », a demandé le directeur général.
De son côté, le Tricolore n’a pas tardé à exprimer ses sympathies à ceux qui seront leurs rivaux sur la patinoire, et non à l’extérieur de celle-ci, dès mercredi à Montréal.
Certes, le sujet est délicat et il faut peser ses mots, mais le décès de Reeds pourrait représenter une source supplémentaire d’émotions pour galvaniser les représentants des Sens qui débarqueront dans l’exigeant environnement montréalais.
« Je ne sais pas encore comment nos joueurs vont gérer la situation, mais j’espère qu’ils surmonteront cet obstacle. À sa dernière visite avec les joueurs, Mark a pris le temps de leur parler. J’espère que cette situation pourra nous servir d’inspiration », a mentionné Murray avec tout le respect approprié.
Dans son rôle d’adjoint, Reeds se faisait un devoir de garder une proximité avec les joueurs et ceux-ci ne voudront pas rater l’occasion de démontrer à sa famille l’importance qu’il avait à leurs yeux.
« Il était venu voir l’équipe avec sa femme il y a environ 10 jours. Il avait pris de discuter pendant plusieurs minutes avec quelques joueurs même s’il était fatigué cette journée-là. On pouvait remarquer qu’il avait perdu passablement de poids. Il avait quand même eu une bonne interaction avec la plupart des joueurs », a raconté Murray à propos de la dernière visite de Reeds auprès de l’équipe.
« Mark était l’entraîneur discret, le timide du groupe. Il rencontrait souvent les joueurs pour des discussions seul à seul. Il se concentrait énormément sur les détails et il se préparait toujours bien. Il n’a jamais cherché à se retrouver sous les réflecteurs, il voulait juste aider l’entraîneur en chef. Il avait le respect de ses joueurs en raison de sa façon d’agir », a souligné Murray.
Dans ce sens, la motivation sera à son paroxysme pour les Sénateurs, mais les circonstances éprouvantes pourraient venir étouffer les ambitions des joueurs de Dave Cameron dans le premier match de la confrontation. Il faut spécifier que les Sénateurs constituent l’une des jeunes équipes de la LNH et ce n’est pas évident pour des hommes dans la vingtaine de perdre un proche souvent pour la première fois de leur vie.
Malgré une nouvelle aussi bouleversante, les joueurs des Sénateurs ont puisé dans leurs ressources pour s’entraîner avant de quitter vers la métropole québécoise et ce sont les vétérans du club qui ont rencontré les médias.
Un humour dont les joueurs raffolaient
Quand une nouvelle aussi troublante vient affecter un groupe, il est essentiel de se rappeler les bons moments vécus avec le disparu. En ce sens, ils ont été nombreux à souligner le merveilleux sens de l’humour de Reeds.
« Je le trouvais super drôle. C’était un gars avec lequel tu voulais souvent te retrouver. Je vais toujours me rappeler de lui », a noté Methot qui rigolait chaque fois que Reeds s’interposait dans un exercice pour alléger l’ambiance.
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« Il avait un très bon sens de l’humour. Il avait un don pour détendre l’atmosphère dans la chambre, c’était l’une de ses qualités. Dans les temps plus sombres, il calmait souvent les gars », a rappelé Erik Karlsson qui adore aussi blaguer avec ses pairs.
Il étalait aussi son répertoire humoristique avec les entraîneurs comme l’a raconté Cameron en se rappelant de précieux souvenirs.
« On riait souvent en analysant des vidéos. Parfois, il faisait venir un joueur et on le taquinait. Ça arrivait aussi qu’il tire sa chaise pour plaisanter. Ce n’était plus à propos du hockey, c’était la vie tout simplement », a évoqué Cameron avec humanité.
À travers les cancers de Reeds et Murray, les joueurs des Sénateurs ont puisé une grande motivation et ils ont également réalisé plusieurs choses importantes pour le reste de leur vie. Actuellement, l’une des leçons retenues demeure que les blessures du quotidien ne sont pas la « fin du monde ».
« C’est incroyable! On voit Bryan rentrer dans la chambre et il est toujours positif. Quand tu es blessé, ça te fait réaliser que c’est loin d’être dramatique. On est vraiment chanceux d’être en santé et de faire ce métier chaque jour », a conclu Methot, épaté par le combat mené par Reeds et la force qui anime encore son directeur général.