Dans moins d’un mois, pour une deuxième saison consécutive, les Sénateurs d’Ottawa plieront bagage et seront écartés des séries éliminatoires.

Cela survient sans grande surprise, alors que la situation avait été anticipée par plusieurs en lever de rideau. Dans un contexte de reconstruction clairement établi il y a plus d’un an, la saison des Sénateurs aura tout de même été animée par plusieurs décisions et comportements à l’extérieur de la surface glacée, qui auront nourri l’actualité d’une organisation qui semble toujours être à la recherche de son souffle.

Une dure réalité qui de plus en plus réduira à son strict minimum les différentes marges de manœuvre des prochaines décisions qui seront posées de l’interne, question de rétablir les ponts avec le marché actuel, là où le lien de confiance n’a jamais été aussi fragilisé.

Des décisions qui devront à la base rassurer les plus fidèles partisans quant au sérieux de la démarche. Il faudra rapidement identifier ceux qui auront la responsabilité de répondre aux différentes exigences, question d’offrir un produit des plus compétitifs sur le moyen et le long terme.

Des actions qui inévitablement commanderont de fournir des indicateurs positifs sur la suite des choses, et tout cela devra débuter avec l’embauche d’un nouveau personnel hockey répondant aux exigences de la LNH d’aujourd’hui.

Un processus appelé à clairement définir les bases des orientations futures et identifier le profil recherché, et ce, bien avant de spéculer sur les noms potentiels du successeur de Guy Boucher.

Un travail qui nécessitera beaucoup de rigueur et de détachement dans ce mécanisme d’embauche, question de se libérer du regard des autres, surtout du jugement de certaines personnes d’influence.

Selon la teneur des propos du directeur général, Pierre Dorion, les critères d’embauche du nouvel entraîneur –  qui lorsque dévoilés par le DG avaient représenté pour certains des reproches directs envers Boucher – devront respecter certains des éléments suivants :

• Un homme de hockey qui devra avoir la capacité d’écouter ses joueurs, ainsi que son personnel d’entraîneur (bonne oreille);
• Un communicateur qui sera en mesure de clarifier à chacun la façon dont il voit les choses et clairement établir ses attentes;
• Un enseignant qui sera centré sur le développement et qui sera en mesure de faire grandir chacun des joueurs sur le plan individuel et collectif.

Dans ce milieu tissé serré, une question demeure entière : quelles seront les conditions financières et la liberté à la disposition du directeur général des Sénateurs dans l’embauche du prochain entraîneur?

Sans pour autant penser que cela représente un gage de succès, cela pourrait, avec raison, éliminer certains hommes de hockey chevronnés, surtout dans un contexte de phase de reconstruction.

Dans cet avis de recherche, les orientations pointeront-elles en direction d’un entraîneur de vécu au niveau de la LNH ou un instructeur de la nouvelle génération qui est actuellement en train de faire ses classes dans une ligue professionnelle mineure, dans le circuit universitaire américain ou dans un rôle d’adjoint au sein de la LNH?

À la recherche du type Bruce Cassidy

Il n’y a aucun doute que les Sénateurs doivent être à la recherche d’un homme de hockey aux multiples qualités comme Bruce Cassidy chez les Bruins de Boston. Il représente le type de profil idéal.

Un entraîneur rigoureux, demandant, à l’écoute de son noyau de vétérans, qui est aussi en mesure d’insérer de jeunes espoirs au sein de l’alignement comme en témoigne la forte présence des jeunes à Boston (David Pastrnak, Charlie McAvoy, Brandon Carlo, Jake DeBrusk, Danton Heinen, etc.).

Cassidy est capable de comprendre la mentalité de ces jeunes milléniaux, eux qui sont de plus en plus préoccupés par la volonté de devancer les échéanciers dans le hockey d’aujourd’hui.

Bénéficiant d’une deuxième opportunité à diriger dans le meilleur circuit de hockey au monde, après un court passage chez les Capitals de Washington au début des années 2000, Cassidy n’a pas volé sa place.

Après huit saisons dans les rangs mineurs avec la formation des Bruins de Providence à titre d’adjoint et d’entraîneur-chef, disons que l’entraîneur-chef de 53 ans dirige actuellement de main de maître la destinée des Bruins, et ce, depuis trois ans.

Un homme de hockey qui a su adhérer aux nouvelles orientations organisationnelles dans cette cure de rajeunissement des dernières années. Il s’agissait d’un virage nécessaire en raison de l’élément vitesse, des habiletés et de la relance de l’attaque, entre autres, dans la « game » d’aujourd’hui.

Pour Dorion, sans être bousculé dans le temps, plusieurs noms seront avancés sur la place publique au cours des prochaines semaines/mois dans le paysage des Sénateurs.

Des noms comme Troy Mann (Senators de Belleville), Benoit Groulx (Crunch de Syracuse), Sheldon Keefe (Marlies de Toronto), Dominique Ducharme (Canadiens de Montréal) et plusieurs autres entraîneurs dotés d’une belle expérience au sein de la LNH qui ne demanderont pas mieux que d’avoir cette opportunité de diriger à nouveau, dont Marc Crawford, qui agit actuellement sur une base intérimaire.

Or, j’ai l’impression qu’on va devoir attendre un bon moment avant de voir Dorion procéder à l’annonce de son choix final sur le candidat qui aura le difficile mandat de s’occuper du futur des Sénateurs.

Véhiculer le bon message

À la recherche d’indicateurs positifs, et afin de retrouver la confiance du milieu à Ottawa, certaines actions devront être posées dans les prochains mois. Des prises de position dans le renouvellement d’ententes contractuelles devront aussi être faites, tant chez certains jeunes que moins jeunes.

Jean-Gabriel Pageau sera joueur autonome sans compensation à la fin de la saison 2019-2020. Selon moi, il serait insensé de le laisser débuter la prochaine saison sur sa dernière année contractuelle.

Reconnu comme un leader qui sait prêcher par l’exemple, et doté d’une capacité d’influence positive envers ses propres coéquipiers, le joueur de centre gatinois représente un exemple de geste concret que pourrait poser la direction des Sénateurs.

Dans un autre contexte, il en va de même pour le statut de Colin White, un attaquant potentiel dans le top-6, qui sera joueur autonome avec restriction à la fin de la présente saison, et pour le jeune défenseur de premier niveau, Thomas Chabot, qui sera aussi joueur autonome sans restriction à la fin de la saison 2020.

Question de vouloir lancer le bon message, c’est-à-dire le désir de redresser la situation pour les années futures, le fait de renouveler certaines de ces ententes sur le long terme représenterait fort possiblement un peu de positivisme dans ce marché qui a grandement besoin d’amour en ce moment.

Et cela pourrait aussi dissiper certains doutes sur le grand désir d’aller voir ailleurs.