Peu importe ce qu'on en dit ou ce qu'on en pense, il est évident que le Canadien et Carey Price ont grandement intérêt à ce que les choses se replacent le plus rapidement possible, pour le bien-être des deux clans.

Sans s’aventurer dans les discussions entourant le contrat de Price, et les termes de celui-ci, et sans parler des très bonnes performances de Jake Allen depuis son arrivée à Montréal, il faut avouer que le rendement de Price inquiète.

Le vétéran gardien de but, et de son propre aveu même, a tendance à trop penser (« overthink ») par les temps qui courent, et ça parait. Dans son espace de 25 centimètres, tout semble se passer trop vite et Price semble dépasser par les événements.

On sait que les gardiens sont des « bibittes particulières » et que l’aspect mental est la clé de leur succès. Pour que Price redevienne le gardien qu’il est capable d’être, il devra faire le vide et rapidement retrouver ses repères. Le processus devra comprendre une remise en question et un regard critique sur soi-même.

Price fait définitivement partie du problème, mais il fait aussi partie de la solution. Habité par une attitude questionnable dernièrement et un détournement de l’esprit sur la carte du mental – dans les moments critiques où il n’a pas le droit à l’erreur, il flanche – le gardien de 33 ans traverse une période sombre de sa carrière.

Il vit présentement avec une chaleur de très haute intensité sur ses épaules et à la moindre petite erreur – il faut dire que les erreurs sont souvent couteuses – il se retrouve sous la loupe de plusieurs observateurs dans l’analyse de ses qualités techniques et psychologiques.

Pour s’en sortir, Price devra s’associer aux différentes difficultés du moment et faire face à d’adversité. Il a certainement le talent pour rebondir, mais le processus devra se passer entre les deux oreilles.

Introverti de nature, le principal concerné devra se concentrer sur ce qu’il peut contrôler et y aller un arrêt à la fois. Demeurer dans le moment présent, en évitant de se projeter trop loin dans sa tête, fera certainement partie de la solution.

Entretemps, dans un circuit où l’obligation de résultat représente un aspect non négociable, particulièrement avec les attentes organisationnelles du Canadien cette saison, Dominique Ducharme n’aura d’autre choix que d’y aller avec le gardien qui lui donne la meilleure chance de l’emporter. Les sentiments devront être laissés de côté dans le processus décisionnel... ce qui n’est pas toujours évident, surtout pour un nouvel entraîneur.

Claude JulienClaude Julien : Quand il faut trouver un coupable!

Une semaine jour pour jour après le congédiement de Claude Julien, la poussière retombe tranquillement. Julien aura fort possiblement été remercié pour les mêmes raisons pour lesquelles il a été embauché.

En relève de Michel Therrien, Julien a été embauché à l’époque pour établir une structure et mettre en place un cadre de référence rigoureux, avec peu de flexibilité et/ou peu de marge de manœuvre.

Cette fois-ci, Julien aura été l’agneau sacrifié, à tort ou à raison. Chose certaine, les attentes organisationnelles de la présente saison étant extrêmement élevées et avec une saison écourtée, la patience n’était pas de mise. Marc Bergevin craignait de voir certains scénarios du passé se reproduire.

Le départ de l’instructeur de 60 ans aura été motivé par un grand désir de changer la vocalise et d’amener une nouvelle voix. Or, il est fort probable que Bergevin voyait aussi de moins en moins de « buy in » de l’intérieur, ce qui démontrait de plus en plus des signes d’une formation confuse dans le feu de l’action.

Malgré ses compétences et sa vaste expérience, Julien n’arrivait plus à faire passer son message. Le comportement des joueurs sur la surface glacée lors des deux défaites face aux Sénateurs d’Ottawa indiquait qu’il y avait de moins en moins d’acheteurs des consignes.

Même si cela était à prévoir, en raison de l’absence de résultats positifs au cours des dernières semaines dans un calendrier aussi condensé, et que cela fait partie des risques du métier, il n’est jamais facile de procéder à un congédiement.

Est-ce que ce départ représentera le chant du cygne pour Julien? Le temps nous le dira, mais chose certaine la nouvelle génération des athlètes d’aujourd’hui aime qu’on leur laisse place à la créativité et à la prise de risques, ce qui est peut-être plus difficile à accepter pour les entraîneurs de longue date.

Comme le veut la tradition, l’embauche de Ducharme devrait nous permettre de voir certains changements immédiats. Que ce soit un échec-avant plus agressif sur le porteur du disque ou un plus grand respect des consignes, des choses devront changer.

Ducharme voudra certainement laisser eu peu plus d’espace à la créativité pour certains joueurs qui possèdent un haut niveau d’habiletés offensives, afin de gagner leur respect. À ses premiers pas comme entraîneur-chef dans la LNH, l’instructeur de 47 ans apprendra rapidement ce qui fonctionne bien et moins bien avec ses joueurs et devra s’ajuster en conséquence.

Nous ne pouvons que lui souhaiter le meilleur des succès dans un marché où les attentes n’auront jamais été aussi élevées.

Drake BathersonSénateurs : Drake Batherson carbure à la confiance!

Du côté des Sénateurs d’Ottawa, il est intéressant de noter cette belle séquence (5-3-0) des huit dernières sorties, particulièrement après un mois de janvier très difficile (1-7-1).

Or, ce qui est encore plus intéressant et qui n’a pas toujours été respecté en début de saison, c’est le fait que D.J. Smith a laissé pratiquement toute la place aux jeunes lors des derniers matchs. Il leur a donné toutes les minutes de qualité possible afin de leur inspirer confiance. Avec ce processus d’apprentissage vient une grande période d’essais-erreurs, qui nécessite beaucoup de patience et de tolérance.

Parmi les jeunes qui retiennent l’attention, outre Tim Stützle qui est égal à lui-même, il faut mentionner le nom de Drake Batherson. Au cours des dernières parties, le jeune homme de 22 ans fait de plus en plus tourner des têtes autant par sa contribution offensive que par la qualité de son jeu défensif.

En 23 matchs cette saison, l’ancien des Screaming Eagles du Cap-Breton et de l’Armada de Blainville-Boisbriand compte 15 points. Batherson est vraiment en feu dernièrement, alors qu’il a fait bouger les cordages à chacun de ses cinq derniers matchs, tout en totalisant huit points (cinq buts et trois passes).

Il démontre de plus en plus les signes d’un jeune joueur en confiance qui a enfin trouvé à vitesse grand V le rythme de la LNH.

Sans connaître la réponse exacte, il est à se demander si le passage dans la Ligue américaine et la patience des décideurs chez les Sénateurs d’Ottawa, pendant que plusieurs réclamaient sa présence avec le grand club l’an passé, n’auront pas été des éléments salutaires pour le cheminement et la progression pour cet ancien de la LHJMQ.

Utilisé dans des conditions à succès, avec des éléments offensifs sur son trio et beaucoup de minutes en avantage numérique, Batherson impressionne, tant par la vitesse de ses pieds que de ses mains que de sa prise décisionnelle. Tout porte à croire qu’il fera partie du noyau de cette franchise pour les prochaines saisons, lui qui a été un choix de 4e ronde, 121e au total lors de la séance de sélection de 2017.