On entend souvent dire que les points au classement accumulés en début de saison sont aussi importants, sinon plus importants que ceux accumulés dans le dernier droit de la campagne, question de demeurer au plus fort de la course pour une place en séries éliminatoires.

Oui, en octobre on est encore à des mois de mars et avril dans ce long marathon de 82 parties, mais les points au classement non gagnés en lever de rideau pourraient tout simplement venir hanter certaines formations du circuit Bettman le moment venu.

C’est peut-être le cas des Sénateurs d’Ottawa. La troupe ottavienne a laissé la victoire lui glisser entre les doigts jeudi dernier à domicile face aux Sharks de San Jose, par la marque de 2-1, et samedi après-midi face aux Rangers de New York par la marque de 3-2 après avoir eu une avance de 2-0 avec moins de six minutes à faire en troisième période.

Comme je l’ai mentionné lors de ma première chronique avant le début de la saison 2021-2022, cette saison se veut le « début d’un passage obligatoire » pour Ottawa, dans ce processus d’apprentissage de gestion de match, surtout lorsque le « jeu » devient de plus en plus un « enjeu ». Il faut apprendre à « fermer » les livres avec une avance en fin de rencontre.

Il faut aussi apprendre à gérer ses émotions et non se laisser gérer par celles-ci. Cet aspect aura d’ailleurs représenté le pire ennemi de la troupe de D.J. Smith dans cette défaite au goût très amer contre les Rangers. Espérons que ce lourd revers servira d’apprentissage autant pour les jeunes que les moins jeunes joueurs des Sénateurs.

Après le match, Nick Paul a quelque peu reconnu ses torts en avouant qu’il n’aurait probablement pas dû laisser tomber les gants face à Samuel Blais à mi-chemin au troisième tiers, car cela a eu pour effet de réveiller l’ours qui dort. Jusque-là, les Rangers de New York étaient pratiquement prêts à se laisser abattre avec leur retard de 0-2 au pointage, mais ce combat a semblé secouer la troupe de Gerard Gallant. Ce n’est probablement pas le combat qui a causé la défaite des Sens, mais ce n’était peut-être pas nécessaire.

Cela nous rappelle l’importance de ne pas tomber dans les différents pièges lors des moments critiques et de jouer chaque situation avec le plus grand des soucis du détail. Même si l’adversaire risque de modifier certaines choses dans son jeu, son approche ou son attitude, et même s’il commence à jouer avec l’énergie du désespoir, il faut demeurer concentré et simplifier le jeu au maximum.

Sans rien enlever à la force de caractère des Blueshirts et du mal aimé Chris Kreider (un but, une passe), il faut dire que les Sénateurs se sont laissés distraire par l’arbitrage – oui très douteux, mais quand même. En fin de match, les Sens se sont tout simplement sortis de leur plan de match, ont perdu leur concentration et se sont laissé transporter par leurs propres émotions au lieu de demeurer centrés sur le guide de hockey 101, dans l’art de protéger une avance et de fermer les livres. C’est dommage, car dans une réalité où chaque petit point au classement est d’une importance capitale, ça fait mal.

Dans un autre ordre d’idées, Tim Stützle a écopé d’une pénalité mineure pour avoir joué la comédie sur la pénalité de Jacob Trouba, qui lui a fait sauter les patins en fin de troisième période. J’ai l’impression que les officiels ont voulu passer un message au jeune attaquant des Sénateurs, qui à sa première saison l’an dernier avait développé cette vilaine tendance et habitude d’exagérer un peu dans le feu de l’action, question d’influencer la décision des hommes zébrés.

Est-ce que cela est correct? La réponse est non, mais au moins le message a été envoyé par la confrérie des officiels. Comme quoi le jeune joyau des Sénateurs est un des nombreux joueurs sur le radar de la LNH.

Sénateurs : Du positif malgré tout!

Par contre, dans cette jungle où la présence de résultats fait foi de tout, un fait demeure : dans sa quête d’identité et surtout dans le contexte actuel où la formation de D.J. Smith doit se limiter à jouer du hockey de nécessité en raison de certaines blessures, il faut reconnaitre qu’il y a quand même du positif à tirer de la dernière semaine.

Dans la colonne des bonnes actions, les Sénateurs démontrent actuellement des signes de progression dans la colonne des buts alloués, et ce, malgré un très court échantillonnage. Cela est attribuable au fait que les Sens font preuve d’une plus grande rigueur, d’un plus grand engagement collectif et d’un plus grand respect du système de jeu sur le 200 pieds de la surface glacée.

Un joueur qui retient l’attention actuellement en ce début de saison est le jeune vétéran Thomas Chabot, qui malgré une maigre de production offensive (un point en cinq matchs) démontre plusieurs signes encourageants de confiance et de maturité dans la qualité de son jeu en rapport avec les minutes de qualité et les responsabilités qui lui sont confiées.

On le sait tous, l’arrière de 24 ans possède de grands atouts offensifs, mais on dirait qu’il reconnaît de mieux en mieux les moments opportuns pour s’aventurer en attaque sans toutefois en abuser. Il joue avec beaucoup d’autorité et d’assurance face aux meilleurs éléments adverses.

Moins à risque dans son propre territoire et dans ses prises de décisions avec la rondelle, plus efficace dans son positionnement défensif et dans la couverture de l’adversaire, Chabot impressionne. Sans oublier qu’il joue à merveille le rôle de « grand frère » avec son nouveau partenaire Artem Zub.

Le Beauceron démontre des signes évidents d’un joueur qui veut devenir un défenseur complet dans le but d’occuper la chaise d’un général de la brigade défensive et d’être parmi les meilleurs du circuit.

Rappelons-nous que le principal concerné est toujours sous la loupe d’équipe Canada pour les Jeux olympiques de février prochain.

Peu importe ce qui arrivera à ce chapitre, Chabot semble avoir accepté d’avoir peut-être moins de points sur le plan individuel au profit d’un leadership tant nécessaire chez les Sénateurs, dans le but d’en faire une formation de premier plan de la LNH.

Tout cela est à son grand mérite! J’ai vraiment l’impression qu’il est en train de joindre la cour des grands, et qu’il s’est donné comme mission d’avoir un véritable effet d’entrainement sur les plus jeunes pour les années futures.