COLLABORATION SPÉCIALE

Deux autres défaites, treize buts accordés et seulement cinq buts marqués, et une conférence de presse relativement peu rassurante de Carey Price, voilà un autre triste résumé de la fin de semaine des Canadiens de Montréal. Or, au-delà des statistiques, l’attitude des joueurs ou la « non-attitude » commence à inquiéter de plus en plus et à poser de sérieuses réflexions. Des gestes concrets s’imposent!

Avec des ententes contractuelles d’une durée de cinq ans chacun, le duo Jeff Gorton-Kent Hugues a maintenant les coudées franches et la marge de manœuvre nécessaire pour procéder à ce grand ménage qui ne sera pas nécessairement des plus faciles de l’intérieur en raison d’innombrables dossiers à adresser. L’exercice ne se fera certainement pas sans grincement de dents.

Ce défi qui attend la direction du CH exigera de la patience et un grand contrôle des émotions pour le bien organisationnel et non celui des individus, là où le business du sport doit prédominer et influencer les prochaines décisions. La raison doit avoir le dessus sur les émotions.

Il faut absolument bâtir une formation compétitive pour les années futures via le recrutement, le développement interne, et possiblement certaines transactions – question de greffer des éléments qui cadrent bien avec la culture organisationnelle dont voudra bien se doter les Canadiens. La vitesse du jeu et le niveau d’habiletés n’ont jamais été aussi élevés, donc Gorton et Hughes devront garder ça en tête dans le but de rehausser la qualité du sport-spectacle offert.

Mais la grande question dans ce jeu de mots sans fin de la dernière semaine, est-ce que le CH se positionne dans la catégorie « phase de reconstruction » ou « phase de rafistolage »? La réponse dictera certainement la suite des choses dans le redressement de cette franchise qui en a grandement besoin.

Samedi soir dernier, j’ai l’impression qu’on a vraiment atteint le fond du baril face aux Oilers d’Edmonton. Lorsque Zack Kassian est entré en collision avec Samuel Montembault et n’a reçu la visite d’aucun joueur du CH... cela en dit long, très long. Donc, il faut agir. Plus vite on le fera, mieux ce sera.

Marier l’eau et le feu ne sera pas nécessairement chose facile à faire, mais cela fait partie du mandat des nouveaux hommes de hockey. À suivre...

Josh NorrisRéalité différente à Ottawa

Contrairement à son homologue des Canadiens, le DG des Sénateurs d’Ottawa Pierre Dorion se trouve dans un marché nullement comparable à celui de Montréal. Dorion a été en mesure de travailler dans un contexte totalement différent en raison du mot d’ordre du propriétaire actuel, Eugene Melnyk, dont l’objectif était notamment de réduire la masse salariale à son plus strict minimum.

Donc, les atouts qu’ont représenté Mark Stone (Vegas), Erik Karlsson (San Jose), Jean-Gabriel Pageau (New York) ont grandement facilité le travail dans l’opération « reconstruction », avec l’acquisition de plusieurs choix aux repêchages, de bons jeunes espoirs ainsi qu’avec la réduction de la masse salariale, question de respecter le mot d’ordre du propriétaire.

Les retours de transactions ont permis à la formation ottavienne d’ajouter des joueurs aussi talentueux que Josh Norris, Tim Stutzle, Zack Ostapchuk, Erik Brannstrom (lentement, mais surement il démontre des signes encourageants), Lassi Thomson, Ridley Greig et plusieurs autres.

Tout cela, sans compter les sélections de Jake Sanderson (5e | 2020), Jacob-Bernard Docker (26e | 2018), Drake Batherson (121e | 2017), Alex Formenton (47e | 2017), Brady Tkachuk (4e | 2018) et Shane Pinto (32e | 2019).

Bref, la refonte complète d’A à Z a été faite avec la ferme intention de redonner les lettres de noblesse à cette franchise qui en a grandement besoin suite aux dernières années de misère dans la capitale nationale. Ottawa doit trouver un moyen de se faire respecter à nouveau dans le cercle de la LNH.

Donc, une réalité bien différente avec le marché montréalais et la gestion des actifs actuels potentiellement monnayables, qui sont liés contractuellement pour plusieurs saisons avec des salaires passablement élevés.

Certaines ententes contractuelles du Canadien (Price (2026), Brendan Gallagher (2027) et Jeff Petry (2025)) viennent limiter la flexibilité dont aurait grandement besoin le duo Gorton-Hughes, et cela sans considérer le statut du vétéran Shea Weber (2026) sur le plafond salarial.

Alors, encore une fois : quoi faire, rafistoler ou reconstruire chez le CH? Cela risque d’être un des plus grands défis des deux hommes de hockey dans ces moments de haute tension. Hughes et Gorton devront certainement afficher publiquement les orientations futures et le plan directionnel, afin de rassurer les partisans, tout en se gardant un certain droit de réserve sur les façons d’y parvenir.

En prenant soin de se libérer du regard des autres dans cet environnement où la pression risque d’être à couper au couteau, Gorton et Hugues, dans leur gestion quotidienne respective, et devront faire preuve d’un grand contrôle et de respecter la mission-vision-valeur de l’intérieur dans le but de relancer cette franchise pour les années futures.

Penser un seul instant que chaque problème aura sa solution dans les prochaines semaines, et mois, demeure illusoire, surtout dans ce milieu des plus compétitifs où chacun gère son propre agenda.

À la recherche de solutions à court, moyen et long terme, le nouveau management des Canadiens est très conscient que chacune de ses décisions risque de se retrouver sous le microscope de la forte majorité des observateurs de la scène et des médias. Et ces derniers n’hésiteront pas à questionner et critiquer faits et gestes s’il y a lieu.

D’une autre façon, les Canadiens ne sont peut-être pas si loin de retrouver un niveau de respectabilité et de regagner la confiance de ses plus fidèles partisans. Or, cette lecture et température de l’eau appartient maintenant au nouveau groupe de gestionnaires, qui doit identifier et cibler l’avenue à prendre pour les années futures.

Or, seules les prochaines actions pourront nous permettre de porter un verdict beaucoup plus juste et précis sur la suite des choses. Et n’oublions jamais que dans un marché comme Montréal, on ne pardonne pas facilement.

Advenant une reconstruction complète, ce qui est peu probable selon moi, il sera important d’identifier les vétérans qui ont le réel désir de faire partie de l’aventure dans un rôle de grand-frère versus ceux qui, de façon très légitime, auront tout simplement le goût d’aller voir ailleurs.

Elle est là, la vraie question, surtout en sachant que dans l’état actuel des choses, plusieurs joueurs s’informent de plus en plus sur la direction que pourrait prendre la haute direction des Canadiens au cours des prochaines semaines, alors que la date limite des transactions se pointe de plus en plus à l’horizon.

À suivre!