COLLABORATION SPÉCIALE

Lorsqu’on me demande si Tim Stützle est victime de la guigne de la 2^e année, j’aurais tendance à vous dire oui et non. Or, du haut de la galerie de presse, je remarque assez facilement que depuis le début de la présente saison, le jeune joyau des Sénateurs ne répond pas aux attentes.

Malgré qu’il en soit seulement à sa deuxième saison dans la cour des grands, Stützle est trop souvent invisible. Adulé et sollicité de toutes parts en raison de son talent hors du commun, et du grand désir de l’organisation à devancer les échéanciers, il reste que le jeune homme de 19 ans a du pain sur la planche.

Ce n’est pas pour rien qu’on dit qu’il faut apprendre à marcher avant d’apprendre à courir – patiner dans le cas présent – et c’est surtout vrai dans le meilleur circuit de hockey au monde. Or, cela ne change rien au fait d’apprendre à faire les choses correctement dans l’action, question de respecter le processus de développement et de cheminement de l’athlète sur le moyen et le long terme.

Les attentes sont élevées en raison de son rang de sélection (choix de 1^re ronde - 3^e au total lors de la séance de sélection de 2020). Le jeune surdoué d’origine allemande profite toujours, à l’heure actuelle, d’un allier de premier plan à ses côtés, soit l’entraîneur-chef D.J. Smith, qui démontre de grands signes de patience envers son ailier gauche. Pour combien de temps encore? Là est la question.

Si le talent ouvre les portes au succès, l’engagement, la persévérance et la résilience peuvent conduire directement à la destination convoitée. Le fait de passer de beau joueur à bon joueur, et éventuellement à joueur d’exception, ne se fait pas en un claquement de doigts. Il y a plusieurs étapes à franchir dans ce milieu des plus compétitifs où il pullule de joueurs surdoués de plus en plus audacieux, aux habilités offensives au-dessus de la moyenne.

Évoluant sur un top-6 pour la forte majorité du temps, et bénéficiant de temps de glace de qualité sur la première vague en avantage numérique depuis le début de la présente saison, tôt au tard la reddition de comptes devra faire partie du processus. C’est du donnant-donnant, en tout cas ça doit l’être, question d’être juste envers tout le monde.

Le Tim Stützle d’aujourd’hui, même s’il a brisé la glace samedi soir dernier en inscrivant son premier but de la saison, démontre les signes d’un athlète qui semble brûler la chandelle par les deux bouts, autant dans son jeu avec la rondelle que sans la rondelle, en plus de démontrer un engagement sélectif à certaines occasions.

De longues présences, frustration face à l’adversité et un manque de contrôle de ses propres émotions sont tous des éléments qui démontrent que le jeune joue avec beaucoup de pression et de nervosité.

Sans dénaturer le profil de joueur à caractère offensif qu’il représente, apprendre à faire les choses correctement dans le collectif, des deux côtés de la rondelle, devra faire partie de ses objectifs dans sa quête de devenir éventuellement un joueur d’élite de la Ligue nationale.

Un partage des responsabilités devra également être assumé par D.J. Smith dans l’épanouissement de son jeune protégé pour les années futures. Il devra lui apprendre à faire les choses de la bonne façon et le rendre de plus en plus imputable autant de ses bons coups que des moins bons.

Oui, Smith devra être en partie responsable, mais au finale, Stützle devra s’associer aux difficultés du moment, afin de s’épanouir pleinement. Il devra fort possiblement procéder à quelques ajustements face à la pression dans les moments plus difficiles et changer un peu son approche de la game.

Comme un bon joueur de poker, le principal concerné devra apprendre à gérer et maitriser son langage du corps dans certains moments de frustration. On pense notamment à la semaine dernière lorsqu’il a brisé son bâton à son retour au banc, alors que ce n’était pas nécessairement le moment le plus propice pour le faire, à la vue de tous, Il ne veut pas devenir une distraction pour son équipe, mais plutôt une solution. En espérant qu’une fois ne devienne pas coutume pour le jeune attaquant!

Leadership : Apprendre un peu, pas mal, sur le tas !

Le groupe de leaders à Ottawa, qui a été clairement identifié au cours des dernières semaines aura très peu bénéficié de cadre de référence lors des dernières saisons. Disons que les moments de réjouissance ont été très rares dans la capitale nationale, après plusieurs saisons sans capitaine officiellement identifié par l’organisation.

Sans manquer de respect envers certains joueurs du passé, que ce soit Jean-Gabriel Pageau, Mark Borowiecki, ou même Erik Gudbransson ou Ron Hainsey, un fait demeure : à ses expériences du passé à des niveaux inférieurs et sa fibre familiale, disons que le jeune Brady Tkachuk a un cadre de référence très mince depuis son arrivée à Ottawa.

Si Daniel Alfredsson a réussi durant ses bonnes années à bien assumer ce rôle, sans rien vouloir lui enlever, disons que celui-ci bénéficiait d’un environnement des plus propices à ses côtés avec la présence de Wade Redden et Chris Phillips, entre autres.

Un contraste bien différent pour Tkachuk, aujourd’hui, alors qu’on semble se retrouver davantage à l’université du leadership, où tout le monde est en apprentissage.  

Il s’agit là de responsabilités accrues pour le jeune de 22 ans. Il devra prêcher par l’exemple et demeurer soi-même. Ce sera l’essence même du résultat positif dans cet effet d’entrainement sur les autres membres de l’organisation. Après tout, il ne faut pas que l’exercice passe par le personnel d’entraineurs, qui depuis quelques saisons joue ce rôle de leader d’une certaine façon. Le temps est venu de changer cette coutume !

Un apprentissage à la dure, mais un apprentissage hyper valorisant s’il est fait de la bonne façon, dans un environnement où l’esprit de famille doit être mise en avant-plan au quotidien.

Il s’agira certainement d’un défi de taille, mais pas insurmontable en raison de la qualité de Tkachuk et des individus ciblés dans ce nouveau rôle dans la relance de cette franchise pour les années futures.