Je n'aurais jamais pensé que la Ligue nationale irait jusqu'à annuler sa saison. J'ai passé 17 ans dans cette ligue, dont 14 comme entraîneur, et je n'aurais jamais cru qu'on atteindrait ce point de non retour. J'adore le hockey et c'est une passion pour moi. Je suis heureux de ne pas à vivre tout cela de l'intérieur d'une équipe.

La Ligue nationale a été toujours été dans l'obligation de rivaliser avec les autres circuits de sports majeurs en Amérique, ce qui voulait dire que les artisans se devaient toujours entretenir des liens étroits avec les médias entre autres. Aujourd'hui, tout cela est balayé du revers de la main et ça risque de prendre des années au hockey pour se remettre de ce tremblement de terre. Au baseball par exemple, il a fallu des années pour se remettre de la grève de 1994. Ça risque d'être la même chose sinon pire pour le hockey, qui n'a pas de contrat de télévision en poche.

La LNH a été perturbée deux fois par un lock-out au cours de la dernière décennie, ce qui est énorme lorsque l'on sait que ce sport dépend de la fidélité de ses amateurs. Quand les activités reprendront, le travail de relation publique se devra d'être efficace pour espérer retrouver la confiance des amateurs de hockey.

Je serais surpris que le conflit dure deux saisons, quoique je ne croyais pas que ce lock-out entraînerait l'annulation de la saison actuelle, alors je ne sais plus trop où l'on s'en va. Chose certaine, c'est un jour très triste pour la LNH. J'ai une pensée particulière pour les gens qui gagnent leur vie grâce à l'industrie du hockey. Ce ne sont pas que les joueurs qui vont y perdre au change.

Des joueurs ont été bien informés des véritables tenants et aboutissants des négociations mais je ne crois pas cependant que tous les joueurs l'étaient. Les représentants d'équipes savaient vraiment ce qui se passait. Les autres, ceux en Europe particulièrement, avaient accès à un site internet dédié aux discussions. Dans le cas de ces derniers, je ne suis pas convaincu qu'ils savaient tous ce qui pouvait se passer.

Il ne faut pas minimiser non plus les répercussions de cette annulation. Il y a des équipes qui pourraient ne pas revenir une fois le conflit solutionné. D'autre part, environ 60% des joueurs sont sans contrat, ce qui veut dire qu'il y aura éventuellement bien des joueurs qui se chercheront du boulot. Les joueurs de troisième ou quatrième trios pourraient être remplacés par des bons joueurs de
Ligue américaine. En bout de ligne, des joueurs auront perdu une année de contrat en plus de perdre leur place dans la LNH.

Les joueurs sont sans contredit les grands perdants dans ce conflit. Ils ne croyaient sûrement pas le sérieux des propriétaires, qui avaient abdiqué rapidement il y a dix ans. Depuis le début, les propriétaires n'ont pas changé leur fusil d'épaule et ils ont toujours réclamé un plafond salarial, qui sera éventuellement en vigueur selon moi.

S'il est vrai que bien des amateurs canadiens seront au rendez-vous lors de la reprise des activités, je suis loin d'être convaincu que ce sera le cas pour les commanditaires. Dans certaines villes américaines, où le hockey n'était déjà pas très populaire, les dommages provoqués par ce conflit pourraient entraîner la disparition de certaines équipes. Par exemple en Floride, où il a fallu des années pour créer un intérêt réel pour le hockey, la LNH aurait pu augmenter sa popularité à la suite de conquête de la coupe Stanley par le Lightning de Tampa Bay. Malheureusement, tout sera à refaire maintenant.


*propos recueillis par RDS.ca