Trois gardiens, trois histoires
Hockey mercredi, 3 nov. 2010. 09:33 jeudi, 12 déc. 2024. 07:30
Les histoires sur les gardiens de but ne manquent pas durant cette première portion de saison dans la Ligue nationale. Je vous en suggère trois, toutes très différentes l'une de l'autre. Celles de Carey Price, de Tim Thomas, des Bruins, et d'Antti Niemi, des Sharks.
Price d'abord. Voilà un gardien à qui le public du Québec a tourné le dos durant tout l'été. On n'avait pas la moindre confiance en lui. On n'en avait que pour Jaroslav Halak dont le départ avait semé énormément de mécontentement. On savait ce que Halak était en mesure d'apporter à l'équipe, mais on était incapable d'en dire autant de Price.
On a passé le camp d'entraînement à s'inquiéter au sujet de Price. On doutait qu'il soit à la hauteur en se voyant confier la défense du filet en permanence. Si on se retrouvait avec le Price de l'an dernier, les carottes allaient vite être cuites. Par contre, s'il se montrait digne de la confiance de ses patrons en devenant le sauveur attendu, le Canadien allait connaître une très bonne saison.
On l'a observé durant les matchs préparatoires. Ce n'était rien de très convaincant. On avait beau l'écouter quand il exigeait qu'on lui accorde du temps, on n'arrivait pas à le prendre au sérieux.
La saison s'est amorcée dans la crainte, mais la confiance de Price est graduellement revenue, comme il l'avait prédit. Plus le temps a passé et plus il a fait reculer les sceptiques. Les chants de Carey, Carey, Carey ont commencé à résonner dans le Centre Bell, un signe qu'on tournait enfin la page sur ses erreurs de jeunesse.
Mardi, à Columbus, on a eu la confirmation qu'il avait vraiment changé pour le mieux. Dans le passé, on digérait mal sa nonchalance autour de son filet. Il tombait sur les nerfs de tout le monde et il agaçait sans doute ses coéquipiers quand il baissait la tête après un recul d'un but ou deux. Comme si le match était déjà perdu.
En première période, les Blue Jackets ont marqué deux buts; ils auraient pu en obtenir au moins deux autres. C'est à partir de ce moment qu'on a fait connaissance avec le Carey Price nouveau. Il a réussi toutes sortes de prouesses pendant que ses défenseurs lui faisaient faux bond en deuxième période. Grâce à lui, loin de s'écrouler, le Canadien pu jouir d'un certain espoir au dernier vingt.
Price s'est amendé. Il est plus fort mentalement, plus solide devant sa cage. Il connaîtra des soirées difficiles, comme cela arrive à tous les gardiens, mais on sent qu'il offrira aussi les meilleures performances de sa jeune carrière. Ce qui devrait lui permettre de respirer plus librement pendant que Halak se fait aimer par un public différent.
La plus belle histoire
Tim Thomas, maintenant. Il s'agit de la plus belle histoire du premier mois de la saison. Il se pourrait fort bien qu'elle soit encore la meilleure à la toute fin de l'année.
À son arrivée au camp, Thomas laissait planer les mêmes inquiétudes que Price. Il semblait même destiné à moisir sur le banc des Bruins de Boston jusqu'à l'expiration d'un lourd contrat obtenu il y a un peu plus d'un an. Une entente de quatre ans d'une valeur de 20 millions $.
Cette organisation, qui n'a jamais rémunéré Raymond Bourque à sa juste valeur, s'était montrée étrangement généreuse avec un gardien dans la mi-trentaine qui avait roulé sa bosse dans toutes les ligues, notamment en Finlande et en Suède.
Faut dire qu'il venait de connaître une saison phénoménale qui lui avait valu le trophée Vézina, une participation au match des étoiles et une sélection dans l'équipe américaine en vue des Olympiques de Vancouver.
Malheureusement pour lui, il est tombé en pleine face dès la première année de ce contrat, l'an dernier. Une saison au cours de laquelle il a perdu plus de matchs qu'il en a gagnés. Il a dû céder son statut de numéro un à Tuukka Rask, dorénavant considéré comme l'homme de confiance de l'équipe.
Avec encore trois saisons et 14 millions $ à écouler à son contrat, les Bruins l'auraient laissé partir pour une bouchée de pain au cours de l'été si une équipe en avait voulu. Dans les circonstances, les Bruins donnaient l'impression d'avoir négocié le plus mauvais contrat de leur histoire.
Thomas n'a pas protesté quand Claude Julien lui a préféré Rask l'an dernier. Il a serré les dents et mangé son pain noir. Au cours de l'été, il s'est mis sérieusement à l'entraînement. Il s'est soumis à des séances de yoga et il a perdu du poids.
À son arrivée au camp, il était bon deuxième. Le poste appartenait à Rask. Le gardien finlandais l'a-t-il perdu? Thomas le lui a-t-il ravi? Misez sur la seconde option.
D'accord, Rask a perdu les deux seuls matchs qu'il a disputés jusqu'ici, mais Thomas a gagné tous les siens. Fiche de 6-0, moyenne défensive de 0.50 (la seule inférieure à un but par match dans toute la ligue) et extraordinaire pourcentage d'efficacité de .984 (le seul en haut de 9.60).
Thomas est passé d'un statut de joueur fini à celui du gardien par excellence du circuit. Il ne les gagnera pas toutes, mais il serait très étonnant qu'il s'écroule à nouveau. La grosse erreur contractuelle des Bruins pourrait finalement s'avérer tout un investissement.
Pendant ce temps, Niemi...
Enfin Antti Niemi. De l'étonnante remontée de Thomas, on passe maintenant à la chute la plus prononcée, celle du héros de la conquête de la coupe Stanley par les Blackhawks de Chicago, le printemps dernier.
On connaît son histoire. Après avoir volé le poste à Cristobal Huet, il a mené son équipe à un premier championnat en 49 ans. Son contrat étant terminé, il s'attendait donc à pouvoir monnayer son exploit. Coincés dans leur masse salariale, les Hawks n'ont pu lui offrir plus de deux millions $. Un arbitre lui a accordé 2,7 millions $, mais c'était trop d'argent pour Chicago qui a choisi de le larguer.
Non seulement Niemi a-t-il dû se contenter à San Jose du même salaire que les Hawks lui avaient offert, mais il a dû attendre très tard durant l'été pour se trouver un job. Méchante gifle à son amour propre.
Il n'est jamais facile pour un athlète de quitter une organisation championne. Comme si cela n'était pas suffisant, Niemi est passé d'une formation qui ne pouvait plus le payer à une organisation qui était d'abord à la recherche d'un gardien pour compléter son duo de grosses jambières.
On ignore si toute cette situation l'a déstabilisé, mais Niemi n'est plus l'ombre du gardien qu'il a été l'an dernier. Après quatre départs, il présente un dossier de 1-3. Sa moyenne de 4.49 et son pourcentage d'efficacité de .854 constituent les deux plus mauvaises statistiques de toute la ligue.
Toute une dégringolade. S'il avait fallu qu'on vive cela à Montréal, ce serait déjà l'enfer en novembre.
Price d'abord. Voilà un gardien à qui le public du Québec a tourné le dos durant tout l'été. On n'avait pas la moindre confiance en lui. On n'en avait que pour Jaroslav Halak dont le départ avait semé énormément de mécontentement. On savait ce que Halak était en mesure d'apporter à l'équipe, mais on était incapable d'en dire autant de Price.
On a passé le camp d'entraînement à s'inquiéter au sujet de Price. On doutait qu'il soit à la hauteur en se voyant confier la défense du filet en permanence. Si on se retrouvait avec le Price de l'an dernier, les carottes allaient vite être cuites. Par contre, s'il se montrait digne de la confiance de ses patrons en devenant le sauveur attendu, le Canadien allait connaître une très bonne saison.
On l'a observé durant les matchs préparatoires. Ce n'était rien de très convaincant. On avait beau l'écouter quand il exigeait qu'on lui accorde du temps, on n'arrivait pas à le prendre au sérieux.
La saison s'est amorcée dans la crainte, mais la confiance de Price est graduellement revenue, comme il l'avait prédit. Plus le temps a passé et plus il a fait reculer les sceptiques. Les chants de Carey, Carey, Carey ont commencé à résonner dans le Centre Bell, un signe qu'on tournait enfin la page sur ses erreurs de jeunesse.
Mardi, à Columbus, on a eu la confirmation qu'il avait vraiment changé pour le mieux. Dans le passé, on digérait mal sa nonchalance autour de son filet. Il tombait sur les nerfs de tout le monde et il agaçait sans doute ses coéquipiers quand il baissait la tête après un recul d'un but ou deux. Comme si le match était déjà perdu.
En première période, les Blue Jackets ont marqué deux buts; ils auraient pu en obtenir au moins deux autres. C'est à partir de ce moment qu'on a fait connaissance avec le Carey Price nouveau. Il a réussi toutes sortes de prouesses pendant que ses défenseurs lui faisaient faux bond en deuxième période. Grâce à lui, loin de s'écrouler, le Canadien pu jouir d'un certain espoir au dernier vingt.
Price s'est amendé. Il est plus fort mentalement, plus solide devant sa cage. Il connaîtra des soirées difficiles, comme cela arrive à tous les gardiens, mais on sent qu'il offrira aussi les meilleures performances de sa jeune carrière. Ce qui devrait lui permettre de respirer plus librement pendant que Halak se fait aimer par un public différent.
La plus belle histoire
Tim Thomas, maintenant. Il s'agit de la plus belle histoire du premier mois de la saison. Il se pourrait fort bien qu'elle soit encore la meilleure à la toute fin de l'année.
À son arrivée au camp, Thomas laissait planer les mêmes inquiétudes que Price. Il semblait même destiné à moisir sur le banc des Bruins de Boston jusqu'à l'expiration d'un lourd contrat obtenu il y a un peu plus d'un an. Une entente de quatre ans d'une valeur de 20 millions $.
Cette organisation, qui n'a jamais rémunéré Raymond Bourque à sa juste valeur, s'était montrée étrangement généreuse avec un gardien dans la mi-trentaine qui avait roulé sa bosse dans toutes les ligues, notamment en Finlande et en Suède.
Faut dire qu'il venait de connaître une saison phénoménale qui lui avait valu le trophée Vézina, une participation au match des étoiles et une sélection dans l'équipe américaine en vue des Olympiques de Vancouver.
Malheureusement pour lui, il est tombé en pleine face dès la première année de ce contrat, l'an dernier. Une saison au cours de laquelle il a perdu plus de matchs qu'il en a gagnés. Il a dû céder son statut de numéro un à Tuukka Rask, dorénavant considéré comme l'homme de confiance de l'équipe.
Avec encore trois saisons et 14 millions $ à écouler à son contrat, les Bruins l'auraient laissé partir pour une bouchée de pain au cours de l'été si une équipe en avait voulu. Dans les circonstances, les Bruins donnaient l'impression d'avoir négocié le plus mauvais contrat de leur histoire.
Thomas n'a pas protesté quand Claude Julien lui a préféré Rask l'an dernier. Il a serré les dents et mangé son pain noir. Au cours de l'été, il s'est mis sérieusement à l'entraînement. Il s'est soumis à des séances de yoga et il a perdu du poids.
À son arrivée au camp, il était bon deuxième. Le poste appartenait à Rask. Le gardien finlandais l'a-t-il perdu? Thomas le lui a-t-il ravi? Misez sur la seconde option.
D'accord, Rask a perdu les deux seuls matchs qu'il a disputés jusqu'ici, mais Thomas a gagné tous les siens. Fiche de 6-0, moyenne défensive de 0.50 (la seule inférieure à un but par match dans toute la ligue) et extraordinaire pourcentage d'efficacité de .984 (le seul en haut de 9.60).
Thomas est passé d'un statut de joueur fini à celui du gardien par excellence du circuit. Il ne les gagnera pas toutes, mais il serait très étonnant qu'il s'écroule à nouveau. La grosse erreur contractuelle des Bruins pourrait finalement s'avérer tout un investissement.
Pendant ce temps, Niemi...
Enfin Antti Niemi. De l'étonnante remontée de Thomas, on passe maintenant à la chute la plus prononcée, celle du héros de la conquête de la coupe Stanley par les Blackhawks de Chicago, le printemps dernier.
On connaît son histoire. Après avoir volé le poste à Cristobal Huet, il a mené son équipe à un premier championnat en 49 ans. Son contrat étant terminé, il s'attendait donc à pouvoir monnayer son exploit. Coincés dans leur masse salariale, les Hawks n'ont pu lui offrir plus de deux millions $. Un arbitre lui a accordé 2,7 millions $, mais c'était trop d'argent pour Chicago qui a choisi de le larguer.
Non seulement Niemi a-t-il dû se contenter à San Jose du même salaire que les Hawks lui avaient offert, mais il a dû attendre très tard durant l'été pour se trouver un job. Méchante gifle à son amour propre.
Il n'est jamais facile pour un athlète de quitter une organisation championne. Comme si cela n'était pas suffisant, Niemi est passé d'une formation qui ne pouvait plus le payer à une organisation qui était d'abord à la recherche d'un gardien pour compléter son duo de grosses jambières.
On ignore si toute cette situation l'a déstabilisé, mais Niemi n'est plus l'ombre du gardien qu'il a été l'an dernier. Après quatre départs, il présente un dossier de 1-3. Sa moyenne de 4.49 et son pourcentage d'efficacité de .854 constituent les deux plus mauvaises statistiques de toute la ligue.
Toute une dégringolade. S'il avait fallu qu'on vive cela à Montréal, ce serait déjà l'enfer en novembre.