L'effondrement du Canadien contre les Islanders de New York, jeudi, se voulait au fond un reflet assez réaliste de la saison 2002-2003. L'effort n'a été visible que pendant une partie du match, l'indiscipline s'est manifestée à des moments inopportuns, le jeu de puissance a de nouveau été inerte, le gardien a été laissé à lui-même contre l'ennemi et le résultat final est donc allé dans le sens que vous connaissez. Peu importe les infimes probabilités, on peut dire que le Canadien se retrouve donc exclu des séries, pour une 4e fois en 5 ans!

Avant de regarder vers l'avenirž la plupart des amateurs se posent une question bien légitime: qu'est-ce qui a bien pu fonctionner l'an dernier et qui a fait défaut cette saison? Avec Koivu en santé, avec l'ajout de certains vétérans, avec le détenteur des trophées Vézina et Hart devant le filet, n'était-il pas raisonnable d'espérer au moins aussi bien que la saison dernière?

Question légitime, d'accord, mais réponse pas nécessairement aussi facile à trouver qu'on ne le croit. La direction a d'abord cru bien comprendre le message des joueurs en congédiant Michel Therrien à la mi-janvier: cela n'a strictement rien donné! Elle a sévi contre Czerkaswki qui s'est avéré, finalement, un cas désespéré. Elle a pris un "virage jeunesse" tardif et modeste qui ne fut pas suffisant dans le dernier droit. Elle a tenté sans succès de maintenir à flot le moral et la motivation des troupes en refusant de blâmer publiquement les joueurs. Tout cela a été vain.

Alors, quoi?

Alors, se pourrait-il qu'une majorité de joueurs du Canadien, à la lumière des succès du printemps dernier, aient cru dur comme fer qu'ils appartenaient à une bien meilleure équipe qu'elle ne l'était en réalité? Se pourrait-il qu'on en soit venu à se croire si talentueux que l'effort collectif et l'intensité n'étaient plus requis pendant tout un match? Comment expliquer autrement cette incapacité chronique à venir de l'arrière ou à protéger une avance?

Le manque sérieux d'unité entre les joueurs, sur la patinoire, a fait du Canadien une équipe qui n'a pas su se défendre et ce, à plus d'un point de vue. Tenez, au rythme actuel, le Tricolore va terminer le calendrier avec au moins 25 buts alloués de plus que l'an dernier. Ce n'est quand même pas rien! En infériorité numérique, notamment, la dégringolade donne le vertige: du 5e rang dans la LNH au...27e!

Par ailleurs, à part le courageux Stéphane Quintal, qui s'est défait les jointures en livrant quelques combats épiques et Gordie Dwyer, qui a protégé ses nouveaux coéquipiers sans hésitation depuis son arrivée à Montréal, on a rarement vu le moindre désir de "survie" sur la patinoire. Il n'est pas question ici que de bagarres ou de coups d'épaule, mais simplement d'intensité, de concentration, de respect du système imposé par l'entraîneur, de respect d'un coéquipier en difficultés, etc.

Combien de fois avons-nous été en mesure de dire que, lors d'un tel ou tel match, le Canadien venait de vendre chèrement sa peau ou qu'il venait de faire royalement suer l'adversaire? Et que dire de ces ruades vers les gardiens qui sont toujours restées impunies, au point où Théodore a senti le besoin de se faire justice lui-même, jeudi?

Le succès au hockey, plus que pour bien d'autres sports d'équipe, vient largement de l'unité entre les joueurs sur la surface de jeu. C'est pourquoi des équipes en apparence moyenne ont connu de beaux succès en séries éliminatoires au fil des ans. Or, cette unité se manifeste d'abord par la défense de son territoire, de la rondelle, de son gardien, de son coéquipier, du plan stratégique établi par l'entraîneur, etc.

Avant même de se pencher sur le talent réel du Canadien, il faudra donc se pencher sur cet aspect de la saison qui s'achève. Pourquoi diable y a-t-il eu si peu d'unité, de fierté à défendre la cause de l'équipe?

Chaque joueur possède en lui une partie de la réponse...