Peu importe ses agissements des derniers jours et peu importe son rendement décevant depuis le début de la saison, le départ de Michael Cammalleri se veut une reconnaissance que plusieurs d'entre vous espériez de la part de la direction du Canadien.

Cette équipe, globalement, compte trop de petits joueurs, des petits joueurs aux qualités semblables et il fallait, petit à petit, commencer à corriger le tir, pas seulement pour cette saison mais aussi pour l'avenir à moyen terme. C'est bien beau les petits coupés deux portes, il faut aussi compter sur un VUS pour se sortir des tempêtes!

René Bourque fait plus de 6 pieds, plus de 200 livres et a compté plusieurs de ses buts en allant s'amuser dans la circulation lourde. Il devrait combler rapidement une lacune criante dans la formation montréalaise. Un sauveur? Non, évidemment. Un marqueur capable d'intimider, comme le fait si bien Milan Lucic? Non. Mais son acquisition se veut un pas dans une direction devenue essentielle depuis le printemps dernier.

Après le lock-out de 2004-2005 et dans la foulée de toutes les belles promesses de renouveau de la part de la Ligue nationale, les plus petits joueurs talentueux ont enfin eu voie au chapitre dans le circuit. Marquée de façon brillante par Daniel Brière et Martin St-Louis, cette nouvelle ère a ouvert la porte à des athlètes qui n'auraient pu espérer connaître autant de succès dans la LNH. Comme Michael Cammalleri.

Mais en remportant la coupe Stanley et en dominant outrageusement à mi-chemin de cette saison 2011-2012, les Bruins de Boston ont établi un standard que les autres formations du circuit ne peuvent plus renier. À un rendement exceptionnel autant en défense qu'en attaque, les Bruins ajoutent une dimension physique à leur style de jeu qui place l'adversaire en mode veille de façon continuelle. Ils ont aussi leur petit joueur, mais c'est l'un des plus salauds du circuit! À mon avis, c'est la meilleure équipe de la Ligue, mais c'est aussi la plus punie! C'est tout dire.

On peut aimer ou non la tendance actuelle dans la LNH, mais chose certaine, c'est la tendance que souhaite Gary Bettman. La preuve a été clairement établie en juin dernier. Les équipes qui ont pris la direction inverse doivent maintenant se raviser et le Canadien fait partie de ce groupe. La signature d'Erik Cole était un pas dans cette direction l'été dernier. Les événements de jeudi soir vont aussi dans ce sens.

Et la suite?

Cela dit, la transaction Cammalleri-Bourque est-elle le prélude à une série de mouvements qui viendront modifier davantage le portrait de l'équipe? Cela semble incontournable. D'autant plus qu'au classement, le Canadien vient de reculer davantage après la défaite à Boston et que la perspective d'une participation aux séries devient pratiquement utopique.

Après tout, les Islanders ne sont qu'à trois points et ont deux matchs en mains. Et les formations qui ne devaient pas, en principe, être devant le Tricolore à la mi-saison, comme Ottawa, Toronto et autres, ne donnent aucun signe de ralentissement. Et je ne parle même pas des blessures qui n'en finissent plus d'affliger une partie du noyau de l'équipe.

Je sais que Pierre Gauthier affirme ne pas vouloir baisser les bras (nous dirions la même chose que lui si nous étions à sa place), mais il faut savoir aussi être objectif et réaliste et préparer dès maintenant les différentes étapes de redressement. Autrement dit, il faut réparer et monnayer à la fois.

Avec l'appât que représentait Michael Cammalleri, le Canadien a pu mettre la main sur un joueur établi dans la LNH. La prochaine étape pourrait s'avérer l'obtention d'un choix de repêchage ou un jeune espoir en retour d'un vétéran dont une équipe encore en lice pourrait avoir besoin. Cette dernière tendance se verra surtout après la pause du match des étoiles et à l'approche de la date limite des transactions.

On peut encore rêver ou espérer un miracle et rien n'est impossible dans le monde du sport de nos jours. Mais il faut aussi savoir regarder les choses avec humilité et discernement.