OTTAWA – Il y a de ces traditions qui sont sculptées dans la pierre, des principes immuables que rien ne peut ébranler. Un match de hockey entre le Canada et les États-Unis appartient à cette catégorie.

Ça a beau n’être qu’un match préparatoire en prévision d’un tournoi dont la légitimité est souvent remise en question, la série aller-retour que se livreront les deux rivaux au cours de la fin de semaine n’est pas prise à la légère dans le camp canadien.

Jonathan Toews, qui a asséné quelques coups de glaive mémorables au cœur des Américains depuis le début de sa carrière internationale, s’attend à ce que la rivalité entre les deux voisins soit aussi forte que jamais vendredi à Columbus.

« Les deux équipes voudront gagner un certain avantage avant d’amorcer le tournoi, a prédit Toews quelques minutes avant que l’équipe canadienne ne quitte Ottawa, où elle a passé les trois premiers jours de son camp d’entraînement, pour s’envoler en territoire ennemi. On veut commencer à jeter les bases de l’équipe qu’on veut devenir et commencer à progresser vers le niveau qu’on veut atteindre et c’est une bonne façon de le faire. Mais avant tout, on ne peut jamais prendre un de ces matchs à la légère parce que peu importe la compétition dans laquelle on se retrouve, il y a toujours cette volonté de battre cette équipe. On ne veut jamais perdre contre les États-Unis et c’est de même de l’autre bord. »

Le grand soir pour Carey Price

Une semaine avant le début de la Coupe du monde, la formation dirigée par Mike Babcock disputera le premier de trois matchs hors-concours en Ohio avant d’accueillir ses rivaux le lendemain dans la capitale canadienne. 

« Il y a aussi cet élément psychologique, ajoute Toews. Les Américains et les Russes, on dirait que ça fait longtemps que ce sont les deux équipes qu’on veut le plus battre. Ça va être un bon début pour se préparer pour la pression qu’on va avoir à Toronto. »

« Ça sera probablement assez agité pour un premier match, prévoit Joe Thornton. Les deux équipes ont de grandes attentes en vue de ce tournoi et je crois que ce match préparatoire recèlera une grande importance pour tout le monde. »

« Je m’attends à la même chose que d’habitude contre eux. On sait qu’ils ont raté leur coup aux Olympiques et aujourd’hui ils reviennent pour se venger, ajoute le défenseur Alex Pietrangelo. Ces deux matchs serviront à mettre la table pour le tournoi. On voudra voir où on se situe par rapport à la compétition et ce sera la même chose de leur côté. Ça sera un match aussi compétitif que dans n’importe quel autre contexte. »

Depuis lundi, Babcock ne néglige aucun détail pour tenter d’enfoncer les nuances de son système dans les oreilles de ses ouailles dans l’espoir qu’il soit assimilé lorsque sera le temps de passer aux choses sérieuses, le 17 septembre contre la République tchèque. Puisqu’il n’a toujours pas une idée précise de ce qu’il a sous la main, l’entraîneur d’expérience admet qu’il ne s’attardera pas, pour le moment, à ériger un plan de match en fonction des prochains adversaires.

« Pour le moment, je ne pense qu’à nos joueurs et à la nécessité de forger notre programme. Je vais demander à mes joueurs de ne pas s’en faire avec les erreurs qu’ils pourraient commettre – on s’y penchera après le match – et de jouer avec du chien. Je ne veux pas qu’ils réfléchissent sur la glace, je veux qu’ils jouent, mais pour en arriver là, il faut bien connaître la structure et répéter ce qui la définit, encore et encore. En attendant, je veux qu’ils fassent parler vos habiletés. »

Toews, pour sa part, affirme qu’il est curieux de voir ce que les États-Unis ont dans le ventre.

« Le but premier est toujours de jouer dans la tête de l’adversaire, de faire en sorte qu’ils se soucient des problèmes qu’on peut poser.  On veut la rondelle sur notre palette pendant toute la soirée. En même temps, ça sera l’occasion d’apprendre à les connaître, d’identifier leurs forces et d’avoir un bon aperçu de ce qu’ils pourront offrir une fois que le tournoi sera en branle. »

Pour Ryan Getzlaf, les statistiques qui seront affichées au tableau indicateur ne voudront rien dire avant que les deux équipes se retrouvent le 20 septembre lors du tournoi à la ronde.

« À ce stade de la compétition, les victoires et les défaites n’ont pas d’importance. Les prochains matchs serviront principalement à retrouver nos sensations et à apprendre le système, qui est encore inconnu pour quelques gars. On est tous habitué à jouer un rôle légèrement différent avec nos propres clubs, alors il est surtout important de trouver nos repères. Mais évidemment, c’est toujours plaisant de gagner. »

Trois joueurs seront laissés de côté dans le cadre de ce premier test pour Équipe Canada. Mike Babcock n’a pas voulu les identifier, affirmant qu’il planifiait faire connaître sa décision aux réservistes en soirée avant de la dévoiler au grand jour vendredi matin.

Il est déjà acquis que Carey Price disputera la partie dans son intégralité. Il s’agira pour le gardien du Canadien d’un premier match compétitif depuis le 25 novembre dernier. Il sera secondé par Braden Holtby ou Corey Crawford, qui se partageront le filet le lendemain.

En défense, selon les combinaisons observées à l’entraînement, le poste de septième défenseur devrait revenir à Jay Bouwmeester. Pietrangelo et Brent Burns, deux droitiers, devraient former la troisième paire d’arrières. En attaque, le poste de 13e attaquant se joue présentement entre Corey Perry et Matt Duchene.

Babcock a toutefois déjà répété à maintes reprises que rien n’était coulé dans le béton et que bien des données pouvaient changer d’ici le début de la compétition.

« Pour le moment, les gars sont tannés de pratiquer et je suis tanné de diriger des pratiques. On veut jouer, on veut avoir une idée d’où on en est. Il n’y a pas de meilleure opportunité qu’un match contre les États-Unis pour le savoir. »