André Savard a enfin réglé un dossier qui aurait pu sérieusement commencer à peser lourd. L'échange d'Eric Weinrich aux Bruins de Boston (une destination surprise!) va permettre d'éteindre une source de distraction qui commençait probablement à irriter les principaux intéressés.

Cela dit, pouvons-nous penser que le Canadien a obtenu le maximum en faisant l'acquisition de Patrick Traverse en retour de Weinrich? Avant de répondre de façon convaincue, il est très important de rappeler que le vétéran défenseur sera joueur autonome sans restrictions à compter de l'été prochain. Il faut aussi rappeler qu'il a clairement laissé entendre qu'il allait attendre de recevoir toutes les offres pertinentes avant de faire un choix définitif sur sa future équipe.

Or, il est donc légitime de conclure que la "valeur marchande" de Weinrich était certainement inférieure à sa contribution réelle à la cause du Canadien. L'équipe intéressée par ses services ne sait pas, en effet, si elle pourra lui faire signer un contrat à long terme. On appelle cela, dans le jargon de la LNH, "louer" un joueur, en vue des séries.

L'arrivée de Traverse se veut donc un retour acceptable pour le Canadien. Pas plus tard que la semaine dernière, Jacques Martin nous disait qu'il manquait les services de ce joueur fiable. André Savard le connaît bien, pour l'avoir vu à l'œuvre avec les Sénateurs et il croit certainement que l'athlète natif de Montréal pourra se tailler un poste de choix au sein de son unité de défenseurs. Et puis, il n'a que 26 ans!

Une question maintenant: l'arrivée d'un défenseur laisse-t-elle planer une autre transaction impliquant un arrière du Canadien? Avec le retour en santé de Bouillon et la disponibilité de Descoteaux, il y a 9 défenseurs dans l'environnement immédiat de l'équipe. Il y en aura 10 quand Rivet sera apte à revenir au jeu dans trois semaines. Alors? Alors, il reste encore près de trois semaines avant la date limite des transactions. Tout est possible, mes amis!

Entre temps, souhaitons bonne chance à Weinrich, un athlète fier qui a tout donné pour la cause du Canadien. Pendant toute la durée de son séjour à Montréal, il a fort bien rempli un rôle de premier-plan qu'on croyait un peu trop gros pour lui lorsqu'il s'est amené de Chicago en compagnie de Jeff Hackett. Il a aussi affiché un comportement exemplaire, même au plus creux de la vague. On peut lui reprocher bien peu de choses, en bout de ligne…

Les complices de l'intimidation

La scène se passait lundi soir à Buffalo peu après 19:00, au tout début du match. Alexeï Yashin, comme il en est capable, s'amène avec fougue en territoire des Sabres en jonglant habilement avec la rondelle. Entouré de trois joueurs adverses, il contrôle la situation à merveille. Jusqu'à ce qu'il arrive devant le défenseur Jay McKee. Le jeune joueur des Sabres mit alors à exécution le plan de match "subtil" de l'entraîneur Lindy Ruff. Il lève les deux gants, le bout du bâton toujours bien en mains, et il frappe violemment le centre des Sénateurs à la tête.

L'impact fut si violent que Yashin en perdit son casque protecteur. Ébranlé, le joueur des Sénateurs mit un certain temps à se relever et cherchait du regard l'un des deux arbitres pour recevoir la confirmation qu'il y avait bel et bien pénalité. Vous devinez la suite, je pense…

Messieurs Devorski et Van Massenhoven ont gardé les bras sagement baissé et le jeu s'est poursuivi, comme s'il s'agissait d'un geste parfaitement normal et acceptable! Arriva alors ce qui devait arriver: quelques secondes plus tard, Colin Forbes s'est lancé sur McKee pour venger son coéquipier, les deux joueurs ont écopé d'une multitude de pénalités pendant que les durs à cuire Ray et Roy s'engageaient dans une violente bagarre.

A peine commencé, le match venait de connaître son dénouement! Les Sabres avaient choisi la seule arme à leur disposition pour vaincre la meilleure équipe de l'Association Est, soit l'intimidation et grâce à la complicité des officiels en présence, ils ont obtenu exactement ce qu'ils voulaient. M. Ruff devait se frotter les mains de satisfaction après la rencontre!

Malgré les promesses vigoureuses de Gary Bettman et de ses adjoints Colin Campbell et Andy Van Hellemond, malgré une batterie de statistiques lancée à gauche et à droite, malgré les correctifs que l'on dit apporter régulièrement, malgré l'utilisation d'ordinateurs portables pour ramener à l'ordre les arbitres quand ils sont sur la route, il semble que la LNH n'ait toujours pas réussi à faire appliquer les règles de base du sport du hockey. Et elle n'a toujours pas trouvé le moyen de protéger ses joueurs vedettes qui, pourtant, l'aident à vendre un sport en perte de vitesse dans quantité de marchés!

Les arbitres disent souvent, en guise d'excuse, qu'ils ne veulent pas influencer l'issue d'une rencontre importante par l'utilisation abusive de leur sifflet. Quelqu'un peut-il alors m'expliquer ce qu'ils font en fermant les yeux sur les infractions les plus criantes? La même chose, mais à l'envers, peut-être?