MONTRÉAL - Peut-être qu'il aura lui aussi droit, un jour, à un retour triomphal au bercail comme Patrice Bernier. Mais pour l'instant, Fabrice Lassonde tient à faire sa place en Europe, comme l'a fait Bernier, nouvellement embauché par l'Impact de Montréal.

Lassonde, un défenseur québécois de 22 ans qui s'est développé dans les rangs des Cosmos de Granby et des Lakers du Lac St-Louis, est revenu cette semaine d'Allemagne, où il a effectué un essai infructueux avec un club de quatrième division.

Celui qui s'est entraîné pratiquement tout l'été avec l'Impact repartira toutefois dans ce pays le 5 janvier, en vue d'essais avec deux autres clubs de quatrième division.

L'essai que Lassonde a obtenu en décembre s'est bien passé, mais il n'y a pas brillé non plus, faute d'entraînement. Ce n'est que partie remise, à ses yeux.

« En fait, je suis allé chez mon agent, Andreas Kirsch, à la mi-novembre, sans avoir d'offre concrète », a expliqué à La Presse Canadienne l'ancien joueur de l'équipe canadienne U-18 et U-20.

« Comme je ne m'étais entraîné avec personne depuis la fin septembre, je me suis joins à une équipe de cinquième division (le SVN Zweibrücken) pour reprendre la forme un peu.

« J'ai ensuite eu un essai de deux jours avec le Fortuna Köln. Ça s'est relativement bien passé, même si je n'en suis pas ressorti super confiant, a reconnu le défenseur latéral droit. Ce n'est pas évident pour un joueur qui évolue à ma position de montrer ce qu'il peut faire en seulement quatre entraînements. Ils m'ont finalement fait une offre... qui montrait qu'il n'y avait pas vraiment d'intérêt de leur part. »

Lassonde reprendra le taureau par les cornes en janvier. S'il ne se déniche pas un poste en quatrième division avant la date limite du 31 janvier, il se joindra au SVN Zweibrücken.

« Si je vais là, c'est pour finir la saison et après, essayer de trouver quelque chose en quatrième division, a-t-il souligné. C'est la dernière option, mais c'est quand même un club qui semble très bien, et qui veut monter en quatrième division. »

Selon Lassonde, il ne surestime pas son potentiel en visant la quatrième division. Au contraire, puisqu'il est venu près d'évoluer en deuxième division en 2010-11. Membre pendant deux saisons de l'équipe-réserve du FC Ingolstadt 04, il était sur le point l'automne dernier d'accéder à l'équipe première du club, qui venait d'être promue en deuxième division. Une blessure au mollet est toutefois venue tout gâcher.

« L'entraîneur avait l'intention de me faire jouer et je me suis blessé juste avant le premier match. Ça m'a pris un mois avant de revenir. Je suis retourné avec l'équipe réserve pour reprendre la forme et à Noël, il y a eu un changement d'entraîneur. Je ne faisais plus partie de ses plans », a-t-il expliqué.

Pour Lassonde, qui fait partie des joueurs susceptibles d'être rappelés par l'équipe canadienne olympique en début d'année 2012, il n'est pas question de se tourner vers un scénario plus réaliste comme la NASL. Comme l'a fait Alex Surprenant, par exemple, un joueur auquel son style s'apparente.

« Quand tu restes en Europe, il y a plus d'options qui s'ouvrent à toi au fil des années », a-t-il souligné.

Un flirt avec l'Impact

Reste que Lassonde aurait bien aimé, cet été, signer un contrat de la NASL avec l'Impact. Invité par l'entraîneur Marc Dos Santos à effectuer un essai avec le onze montréalais pendant la dernière semaine de juin, il a continué de s'entraîner avec le club jusqu'à la fin de la campagne.

« J'ai d'abord senti qu'il y avait un intérêt de la part de Marc, et de Nick (De Santis, le directeur sportif) aussi, à m'embaucher pour la saison, a relaté Lassonde. Je suis ensuite allé faire un essai avec le Toronto FC et quand je suis revenu, Marc était parti et c'était Nick l'entraîneur. Soudainement, on dirait que l'intérêt n'était plus là. »

Après la démission de Dos Santos, annoncée le 28 juin, De Santis a avant tout cherché à sauver les meubles en se concentrant sur l'embauche de vétérans aguerris. Il ne restait donc plus de place dans sa formation, ni d'argent à consacrer, à l'embauche d'une recrue comme Lassonde.

De Santis a toutefois continué, de semaine en semaine, à inviter Lassonde à s'entraîner. En se disant qu'on ne sait jamais, s'il devait y avoir des blessures au poste de latéral droit... Le jeune défenseur a apprécié le geste, sauf qu'il aurait aimé en savoir plus.

« J'ai souvent cherché à savoir ce que pensait Nick, mais il ne m'a jamais dit oui ni non, il m'a juste dit 'viens t'entraîner, on regarde ça'. Jamais il n'a pas été correct avec moi, mais en même temps je n'ai pas compris la décision de ne pas m'offrir de contrat », a indiqué Lassonde, qui reconnaît qu'il est déçu de cette relative froideur, d'autant plus qu'il affirme qu'il n'aurait pas été très exigeant sur le plan financier.

Lassonde est le premier à se réjouir de la récente embauche de Bernier, mais il trouve dommage que la direction de l'Impact ne semble pas entretenir des liens plus chaleureux avec les meilleurs espoirs québécois.

« Ce n'est pas parce que tu es Québécois qu'il faut qu'ils te donnent un contrat, a reconnu Lassonde. Mais il faudrait quand même accorder un petit peu plus d'importance aux joueurs d'ici.

« Quand je vais en Allemagne, si un Allemand est aussi bon que moi, c'est sûr que le joueur local va avoir le contrat et pas moi, l'étranger. On dirait qu'ici, c'est l'inverse, a noté Lassonde. Il faudrait qu'il y ait un petit peu plus de poids dans la balance pour les Québécois. »