Il est certain que cette équipe canadienne a pris un plaisir un peu pervers à nous surprendre.

On attendait quelque chose de bien à la Coupe du monde 2011 : ce fut une catastrophe, aucune victoire et une élimination sans gloire au premier tour. On ne l’attendait pas vraiment aux Jeux de 2012, et la voilà qui nous sort un lapin du chapeau, allant chercher un bronze après une demi-finale épique et crève-coeur face aux Américaines et un « match de barricades » face à la France pour aller chercher la troisième place.

Et nos attentes étaient montées pour le Mondial 2015, à la maison. L’expérience fut intéressante, pas décevante, mais laissant un goût d’inachevé en quart contre l’Angleterre.

Qu’attendions-nous de 2016? Difficile de formuler une réponse. Avec l’Allemagne et l’Australie dans le groupe, le plateau était assez relevé. La présence du Zimbabwe modifiant un peu la somme dans la mesure où les Canadiennes étaient largement favorites et capables d’aller chercher trois points et une bonne différence de buts susceptible d’au moins l’emmener parmi les meilleures troisièmes et une place en quarts.

L’Australie, succès déterminant

Le bilan de ce premier tour est, évidemment, largement positif. Premières avec trois victoires, un succès historique sur l’Allemagne (le premier de son histoire) et des prestations solides - à défaut d’être brillantes - voilà une feuille de route que l’on n’attendait pas.

Au moment du bilan final, il ne faudra surtout pas minimiser la victoire initiale sur les Australiennes. Elle a donné le ton et conforté le Canada dans son système de jeu. Capable de subir, de subir beaucoup, capable de se regrouper, de ne pas douter (rapidement réduit à dix au premier match, mené très tôt dans le troisième) et de trouver les solutions pour rebondir et surprendre.

Cela s’est vu dans la réaction après le but allemand. Aucune réelle panique, aucun signe que le collectif va partir en pièces. Non, un regroupement sérieux et surtout totalement appliqué à la récupération du ballon et le déclenchement de transitions rapides vers Rose, Tancredi ou Bélanger.

Formidable réussite offensive

La réussite de Tancredi (2 buts) est un autre point positif. Elle confirme son rôle essentiel dans l’équipe - sans doute pas titulaire à chaque fois, mais vraiment capable d’aller chercher quelque chose, n’importe quoi, d’une action. Ses deux buts, une frappe arrachée en bout de course et une belle attaque de la tête, confirment qu’elle demeure une quantité importante au moment ou l’on pouvait s’interroger sur sa pertinence dans la sélection.

Avec Beckie et Sinclair laissées sur le banc (5 buts à elles deux), la performance de Tancredi hausse le rendement des Canadiennes à sept buts sur sept pour les trois joueuses d’attaque alignées lors des deux premiers matches. Plutôt confortant pour une équipe dont la production offensive est souvent limitée - et surtout limitée à la seule Sinclair.

Avec un milieu extrêmement combatif (de mieux en mieux dans la récupération), une défense qui se tient bien (le retour de Buchanan sera apprécié, mais Quinn a été une option de remplacement très efficace), le Canada devrait être efficace face à la France. Certainement pas favori, et certainement amené à subir le jeu. Ce n’est pas inédit - de plus en plus d’équipes ont appris à jouer contre des adversaires de possession. Il va falloir que tout se mette en place : la solidité défensive, l’extrême combativité dans la récupération, l’absolue efficacité devant. Rien de moins pour espérer aller chercher une nouvelle médaille.