Comme un match préparatoire en octobre
Hockey jeudi, 13 févr. 2014. 16:28 mercredi, 11 déc. 2024. 22:50
Oublions que ça se passe à Sotchi. Fermons les yeux et imaginons que nous sommes en début d'octobre, en plein camp d'entraînement de la Ligue nationale. On s'offre trois séances d'entraînement et puis on passe rapidement aux matchs préparatoires. Comme on vient de le faire en Russie.
C'est l'impression que la victoire de 3-1 du Canada contre la Norvège nous a laissée. Durant le premier engagement, les joueurs ont cafouillé nerveusement comme s'il n'avaient pas touché à leurs patins depuis un bon moment. Dès la période suivante, quelques-uns ont joué comme s'ils craignaient de perdre leur poste. L'implication a été supérieure. L'effort a été plus évident.
Que le Canada puisse sortir gagnant de ce match, ça personne n'en a jamais douté. Quant à la manière, on pourrait aussi mettre cela sur compte d'un manque de cohésion, d'une chimie qui n'est pas encore à point et, peut-être aussi, sur une qualité d'opposition qu'on n'avait pas prévue.
Le chiffre des tirs au but a favorisé largement le Canada, ce qui n'est guère étonnant compte tenu de la solidité des défenseurs canadiens qui ne laissent pas l'opposition s'attarder trop longtemps dans l'entourage de Carey Price. Pour le reste, les Norvégiens ont démontré que leur programme fait des progrès. Ils sont rapides, agressifs et on sent qu'ils ont le goût de se battre, même quand la cause s'annonce perdante. On ne les a jamais sentis intimidés face à une machine qui, en temps normal, les écraserait assez facilement.
Les gradins étaient remplis. La réputation du Canada y était sans doute pour quelque chose. J'imagine que les amateurs, qui n'avaient aucun intérêt précis dans le résultat de ce match, sont sortis de là en n'étant pas tellement impressionnés par la qualité du spectacle.
Ce fut une partie acceptable pour le Canada, rien de plus. Ça ressemblait à un match préparatoire entre les Penguins de Pittsburgh et les Panthers de la Floride. Sidney Crosby n'a eu aucun impact sur le résultat, mais il n'était pas obligé de faire une différence. Quand son équipe jouera pour monter sur le podium, on ne doute pas qu'il jouera pleinement son rôle.
Les joueurs de la formation canadienne n'ont jamais douté qu'ils sortiraient gagnants de ce match. Cela explique sans doute pourquoi on n'a pas ressenti le moindre sentiment d'urgence de leur part. Ils ont fait tout juste ce qu'il fallait pour commencer la compétition sur une bonne note. Pourtant, avant le match, ils avaient dit vouloir jouer le pied au plancher, même contre un adversaire peu redoutable, afin de ne pas contracter de mauvaises habitudes. Ce n'est sûrement pas ce qu'ils ont fait. Ils auraient tout avantage à en mettre un peu plus contre l'Autriche demain, ne serait-ce que pour rassurer ceux qui n'ont pas totalement aimé ce qu'ils ont vu.
St-Louis a beaucoup joué
L'entraîneur Mike Babcock s'est permis de tenter des expériences. Il a parfois jonglé avec ses trios. Martin St-Louis a joué beaucoup plus souvent qu'on l'avait prévu. Il a même été utilisé au sein de chacun des quatre trios. Et il a bien fait, ce qui donne au personnel d'entraîneurs une indication qu'il est aussi à l'aise sur une patinoire européenne qu'à la maison. Il a probablement consolidé sa place dans la formation pour le reste du tournoi.
Autre détail intéressant, on a constaté que sur une patinoire plus vaste, les défenseurs auront le loisir de seconder l'attaque chaque fois que la situation s'y prêtera. Deux des trois buts du Canada ont été marqués par des défenseurs (Weber et Doughty) et l'un des arrières les plus impliqués, Alex Pietrangelo, n'aurait pas complété d'aussi belles percées si on lui avait recommandé de se limiter à l'aspect défensif de son jeu.
Demain, P.K. Subban vivra sa première expérience olympique. Qu'il puisse s'impliquer de cette façon en territoire offensif constitue pour lui une excellente nouvelle. Il devra toutefois bien jauger ses sorties et ses émotions. En se comportant à la façon d'un Pietrangelo, par exemple, il pourrait se faire remarquer pour les bonnes raisons. Chose certaine, il n'aura pas deux occasions de faire une première bonne impression. Contre l'Autriche, il obtiendra ou perdra son laissez-passer pour le reste de la compétition.
Puissance au centre
Le Canada est servi par un quatuor de joueurs de centre comme il y en a peu dans le tournoi olympique. On en a constaté les effets lors des remises en jeu, un aspect sur lequel ils ont servi une belle leçon à la Norvège.
On a aussi compris pourquoi, au moment de former l'équipe, Patrice Bergeron est un choix quasi automatique. Brillant dans toutes les facette du jeu, il a été l'attaquant par excellence du Canada.
Le Canada avait battu la Norvège 8-0 aux Jeux de Vancouver. Ils ont maintenant déclassé les Norvégiens 40 à 4 lors des quatre dernières compétitions olympiques. Malheureusement, la domination n'a pas été aussi évidente cette fois.
Est-ce inquiétant? Pas du tout. C'est plutôt fidèle à ce qui se passe habituellement quand les joueurs canadiens commettent l'erreur de se croire supérieurs.