Des solutions, ça presse
Jeux Sotchi 2014 dimanche, 16 févr. 2014. 17:10 dimanche, 15 déc. 2024. 04:52À la suite de cette très difficile victoire du Canada contre la Finlande, il serait normal d'afficher certaines inquiétudes. Que la formation supposément la plus puissante du monde soit dans l'obligation de disputer une période de surtemps pour vaincre un pays que personne n'attend sur le podium, ça laisse beaucoup de gens perplexes. Il y a peut-être de quoi être nerveux. Mais inquiets, peut-être pas encore.
Depuis quelques jours, on découvre le hockey olympique où le jeu prudent, hermétique dans certains cas, est de mise. C'est un tournoi court au cours duquel chaque défaite a un impact majeur. Au départ, les grandes puissances font face à des équipes de moindre calibre dont l'objectif principal est de leur fermer la porte. Leurs chances de victoire étant limitées, elles veulent éviter de se faire humilier.
Les difficultés du Canada ne sont pas un cas unique. La Suède, prétendante à la médaille d'or, a gagné 1-0 contre la Suisse. La Russie a triomphé de la Slovaquie 1-0, en fusillade s'il vous plaît.
S'il existe une inquiétude, elle vient peut-être du fait que l'attaque anémique de l'équipe canadienne ne s'est pas encore mesurée à des pays nettement mieux nantis que la Finlande en défense. Si on marque peu de buts en ce moment, imaginez ce que ce sera contre Henrik Lundqvist (Suède), Semyon Varlamov (Russie) et Jonathan Quick (États-Unis). Tuukka Rask, qui a été exceptionnel en repoussant 25 des 27 tirs du Canada, a tenu les siens à bout de bras jusqu'à la prolongation sans jouir de l'appui défensif dont profiteront ses collègues de la Suède, de la Russie et des États-Unis.
Jusqu'ici, six buts du Canada sont venus des défenseurs. C'est un but de plus que tous les attaquants réunis, même s'ils comptent parmi eux le meilleur joueur au monde. Le défi majeur du personnel d'entraîneurs au cours des deux prochains jours sera de trouver une façon de faire produire cette attaque qu'on disait sans faiblesse.
Dans le match précédent, Martin St-Louis s'est assez bien tiré d'affaire en évoluant avec Sidney Crosby. Il n'a pas marqué, donc il a été facile d'écarter un joueur qui s'est amené en renfort à la dernière minute. P.K. Subban, lui, a été correct contre l'Autriche, pour employer une expression de l'entraîneur. Il a été relégué à un rôle de spectateur, lui aussi.
C'est correct. Quand une équipe gagne, il n'y a rien à redire. Néanmoins, si une formation n'a pas de place dans ses rangs pour le champion marqueur en titre de la ligue, le joueur qui a obtenu le plus de points depuis les Jeux de Vancouver, et si elle peut se priver de celui qui détient le trophée Norris, elle est bien mieux de gagner l'or parce que la critique va lui tomber dessus comme une avalanche de briques.
Face à la Finlande, Subban et St-Louis ont été remplacés par Patrick Sharp et Dan Hamhuis. On n'y a pas vu une once de différence. Est-ce que la vitesse des deux joueurs retranchés aurait pu faire une différence? On ne le saura jamais, mais j'imagine que Babcock et ses aides ont remarqué, malgré leur bon vouloir, que ces deux décisions n'ont nullement amélioré leur équipe. Donc, en principe, le problème n'était pas là.
Pour l'instant, il faut faire confiance au jugement et aux connaissances d'un groupe d'entraîneurs qui compte plus de 2 200 matchs d'expérience. On dit avec raison qu'on a réuni la crème des joueurs de la Ligue nationale. Ces athlètes doués sont également dirigés par celui qui est considéré par plusieurs comme le meilleur coach du circuit. Alors, il faut que tout ce talent supérieur se traduise par une domination qui se fait attendre. Quand l'ensemble de la planète croit que tu es le meilleur, tu n'as pas le choix d'être le meilleur.
Le Canada doit dicter le tempo de chacun de ses matchs. Les joueurs finlandais étaient rapides et fort habiles dans le jeu de transition. Dans ce match, ils ont surtout excellé dans l'art de compliquer la vie de l'adversaire, l'obligeant souvent à dépêcher ses gestes afin d'obtenir un bon tir sur Rask. Le spectacle n'a pas été excitant, loin de là. Il n'y avait pas beaucoup d'espace sur la patinoire. Comme l'a fait remarquer Crosby après la rencontre, on a tout intérêt à être patient quand l'équipe adverse se comporte de cette façon.
Crosby est toujours en quête d'un premier but, ce qui incite Babcock à tenter encore des expériences dans le but de lui trouver deux compagnons de jeu permanents. Plusieurs joueurs ont patiné aux côtés de Crosby sans grand résultat. On n'aurait jamais cru que le Canada chercherait encore des solutions après trois matchs. Pas moins de 11 des 14 attaquants sont toujours à la recherche d'un premier but. Si on ne trouve pas des solutions à très court terme, on risque de se retrouver dans une situation plutôt embarrassante.
Doughty vs Subban
Le simple fait que Subban ait été choisi pour participer aux Jeux olympiques lui vaudra peut-être une considération additionnelle dans sa négociation de contrat avec le Canadien.
Par contre, comme il n'appartient pas au groupe des sept meilleurs défenseurs de la ligue, est-ce que cela sera de nature à fournir quelques arguments à Geoff Molson et Marc Bergevin? On dit que Subban espère faire sauter la banque et qu'il pourrait viser une somme dans les huit, neuf et même 10 millions de dollars. Or, Drew Doughty, un défenseur d'une classe à part qui a jusqu'ici marqué quatre buts en trois matchs, touchera un salaire très légèrement supérieur à sept millions $ au cours des trois prochaines années. Doughty est actuellement un défenseur plus expérimenté et plus complet que celui du Canadien.
Cela devrait alimenter quelques intéressantes discussions concernant le contrat de Subban ce printemps.
Condoléances
La tenue de l'équipe du Canada occupait une place très lointaine dans les pensées de Michel Therrien cet après-midi. Parents, amis et admirateurs se sont regroupés autour de lui dans un salon funéraire de la rue Sherbrooke à l'occasion d'une cérémonie en hommage à sa mère décédée cette semaine. La pause olympique des Jeux de Sotchi lui rappellera à jamais un très mauvais souvenir.
À Michel Therrien et aux membres de sa famille, j'offre mes plus sincères condoléances.