Le Canada gagne l'or en équipe
Chang 6e après le programme court

Une 9e place pour Patrick Chan

Sous l'air connu de l'«Hallelujah» de Jeff Buckley, on peut entendre les lames des patins de Patrick Chan tracer des lignes parfaites sur la glace.

Le triple champion du monde prendra sa retraite après les Jeux olympiques de Pyeongchang. Et si son retour à la compétition ne s'est pas tout à fait passé comme prévu, le Torontois âgé de 27 ans sera toujours reconnu pour la puissance unique de son coup de patin.

«C'est comme lorsque vous regardez dans un ruisseau, que l'eau est claire et que vous apercevez une truite mouchetée, elle est là puis d'un coup, elle est partie. Pouf! Et bien ça, c'est Patrick, a imagé Kurt Browning. Il est avec vous sur la glace, il est là, puis d'un coup il est à l'autre bout et vous vous demandez comment il a fait.»

«Il génère de la puissance à chaque coup de patin... il a une manière différente de pousser avec ses lames.»

Chan a dominé son sport pendant trois saisons. Il brillait à tous les niveaux et son coup de patin était tellement supérieur à celui de ses rivaux qu'il pouvait facilement l'emporter même s'il chutait lors d'un saut.

«Il est très puissant, il a une musculature très dense», a noté Browning.

Quatre fois champion du monde, Browning a souvent patiné aux côtés de Chan. Maintenant âgé de 51 ans, il se souvient d'une de leur performance en particulier. Lors de cette chorégraphie, ils devaient se croiser et se taper la main en passant près de la bande à l'extrémité de la patinoire, puis à nouveau un peu plus près du centre.

«Il est rendu là et moi je ne suis qu'à mi-chemin! Je lui disais d'arrêter de me faire mal paraître», a dit Browning en éclatant de rire.

La force de Chan est particulièrement visible dans les séquences de pas - un élément requis quand un patineur traverse la patinoire dans le sens de la longueur en effectuant une série de virages complexes. Les juges recherchent des changements de direction précis, une énergie élevée et une habileté à cacher le degré de difficulté.

«Vous devez le voir en personne, a insisté le danseur sur glace Scott Moir. À la télé, vous ne pouvez pas sentir le coup de vent quand il passe devant vous. Il va tellement vite et demeure en plein contrôle. Nous sommes chanceux de l'avoir eu et il y aura une nouvelle génération de patineurs qui auront le même talent parce qu'ils auront regardé Patrick Chan pendant toute leur vie.»

Quand Chan a ajouté un saut à quadruple rotation à son répertoire après les Jeux olympiques de Vancouver, il a été presque imbattable pendant trois saisons.

Il a toutefois dû se contenter de l'argent aux Jeux de Sotchi et il a ensuite pris une pause d'un an. Quand il a effectué un retour à la compétition, il a retrouvé un sport complètement différent, maintenant axé sur les sauts à quadruple rotation.

La sensation américaine Nathan Chen a réussi cinq sauts à quadruple rotation lors de son programme libre à ses championnats nationaux. Chan en a effectué deux aux Championnats canadiens et la qualité de son patinage ne fait plus la différence en 2018.

Chan pourrait ajouter un quadruple Salchow à ses deux quadruples boucles piquées lors de son programme libre à Pyeongchang. Il soutient toutefois avoir fait la paix avec l'évolution de son sport et il souhaite simplement avoir du plaisir sur la glace.

«Je sais que si je patine à la hauteur de mes capacités, comme je le fais à l'entraînement, en affichant la confiance que j'ai en moi, j'aurai une belle expérience sur la patinoire et le désir de passer à travers le long programme libre», a dit Chan.

Détenteur de 10 titres canadiens, Chan a été exclu du podium aux Internationaux Patinage Canada en octobre pour une première fois en huit ans. Il a ensuite quitté son entraîneuse Marina Zoueva, qui enseigne à Canton, dans le Michigan, pour poursuivre sa préparation

à Vancouver. Chan a justifié sa décision en parlant de son style de vie, de son bonheur personnel.

Ses entraînements sont maintenant supervisés par Ravi Walia, qui entraîne aussi la Canadienne Kaetlyn Osmond et Oleg Epstein.

Walia a d'abord changé l'ordre des sauts dans le programme libre de Chan pour maximiser son potentiel de points. Sinon, son rôle est surtout d'appuyer Chan dans sa préparation mentale.

«Je m'assure qu'il est dans un bon état d'esprit, a raconté Walia, qui est installé à Edmonton. Il est très critique avec lui-même et analyse durement ses performances. Je dois donc m'assurer qu'il est confiant, ce qui est très important pour lui. Il doit se faire confiance.»

Chen, le Japonais Shoma Uno et l'Espagnol Javier Fernandez seront les favoris à Pyeongchang. Chan, qui a terminé en cinquième place lors des derniers Championnats du monde, croit qu'une bonne performance pourrait lui permettre de monter sur le podium.

«Je crois pouvoir me faufiler, a-t-il dit. J'ai un mince espoir dans ma tête qui me rappelle que vous ne savez jamais ce qui peut se produire. Tout ce que je peux faire, c'est offrir le meilleur de moi-même et rester sur mes pieds.»

«À chaque Jeux olympiques, il y a toujours une surprise sur le podium. J'espère causer cette surprise.»