KRASNAÏA POLIANA, Russie - Daria Gaïazova a un message pour les amateurs de sports qui s'estiment maintenant assez connaisseurs en fartage pour exiger le congédiement des techniciens de l'équipe canadienne de ski de fond: trouvez-vous d'autres têtes de turc.

Selon la Québécoise de 30 ans, les techniciens norvégiens risquent d'ailleurs d'être congédiés bien avant ceux du Canada, à la lumière des résultats obtenus aux JO de Sotchi.

«Petter Northug n'a pas encore de médaille à ces Jeux et pourtant il est en très bonne forme. Il a lui aussi eu des problèmes de skis, a souligné Gaïazoa en faisant allusion à celui qui est un des fondeurs de référence à l'heure actuelle à l'échelle mondiale. Je suis contente de ne pas être dans l'équipe norvégienne parce que le ski de fond est le sport no 1 en Norvège. Eux, ils vont vraiment avoir de gros problèmes!»

Marit Bjoergen et Ingvild Flugstad Oestberg Heureusement pour l'égo norvégien, Ingvild Flugstad et Marit Bjoergen ont remporté le sprint par équipes féminin en 16 minutes et 4,05 secondes, jeudi. Les Finlandaises ont raflé l'argent après avoir fini à 9,09 secondes des Norvégiennes. Les Suédoises ont suivi en troisième place, à 19,77.

Selon Gaïazova, ceux qui critiquent les farteurs canadiens formulent leur opinion à partir de renseignements incomplets.

«C'est facile de pointer quelqu'un du doigt. Mais quand tu regardes ça à la télé, tu ne sais pas vraiment ce qui se passe, tu ne vois pas la neige, sa texture, a-t-elle lancé, une colère contenue dans la voix. Le problème n'est pas nos farteurs. Ils travaillent jour et nuit.

«Ils y mettent toute leur énergie, toute leur passion. Ils sont aussi déçus que nous quand ça ne fonctionne pas.»

«Des mauvais skis, ça arrive. Comme ça arrive aussi d'avoir de bons skis, a ajouté Gaïazova. Et aujourd'hui, j'avais de super bons skis, du moins à mes deuxième et troisième tours. J'ai toujours rattrapé des skieuses dans les descentes. C'est juste que j'ai fait l'erreur de pas choisir la bonne paire au premier tour.»

La journée de jeudi de Gaïazova illustre d'ailleurs très bien à quel point le travail des fondeurs et de leurs farteurs repose sur des fondations... mouvantes. En compagnie de Perianne Jones, celle qui s'entraîne dans la région de Québec a été éliminée dès le stade des demi-finales, se contentant de la cinquième place dans sa vague, à 25,68 secondes des Norvégiennes.

«Les trois derniers jours, on a eu droit à toutes les sortes de conditions météo. On ne pouvait donc pas tester les skis d'avance, on a seulement pu le faire ce matin», a indiqué Gaïazova, en rappelant que le Centre de ski de fond et de biathlon Laura, situé en montagne, a été la proie du brouillard lundi, à la pluie mardi... puis à la neige dans la nuit de mardi à mercredi.

«Même ce matin, ça changeait à toutes les 15 minutes. Le soleil réchauffait la neige, qui se transformait beaucoup et vite. Les farteurs devaient tester et retester à tout bout de champ. Et moi, mes skis fonctionnaient bien au moment où ils ont fermé le parcours mais, 30 minutes plus tard, ils n'étaient plus efficaces. Il a fallu que je change de paire après le premier tour.

«J'ai essayé de deviner, mais je n'ai pas deviné la bonne chose, a ajouté Gaïazova. D'ailleurs, à peu près la moitié des équipes a choisi de commencer avec une sorte de skis, et l'autre moitié a choisi l'autre sorte.»

Les attentes étaient moins élevées au sprint par équipes féminin que du côté des hommes, mais Gaïazova et Jones ont quand même vécu la déception puisqu'elles visaient au minimum une place en finale. Gaïazova avait terminé au sixième rang lors du sprint par équipes style classique disputé aux championnats du monde en 2011.

«J'ai fait tout ce que je pouvais. J'ai vraiment tout donné», a dit Gaïazova, qui a été plus efficace que Jones.