MONTRÉAL – À moins d’une surprise, la formation canadienne de hockey ne s’imposera pas aux Jeux olympiques de Pékin grâce à son attaque. Le rendement défensif s'annonce déterminant afin de ravir une médaille et trois Québécois ont été sélectionnés sur la brigade défensive. 

Bien sûr, les yeux seront tournés vers Owen Power, le fascinant premier choix du repêchage de 2021. L’imposant espoir des Sabres de Buffalo pourra tout de même se fier sur l’expérience de ses partenaires dont Jason Demers, Mark Barberio et Maxim Noreau. 

À l’entraînement à Davos, en Suisse, Demers a avoué qu’il a été hypnotisé pendant quelques instants par Power. 

« Je me suis retrouvé à le regarder patiner. Il appartient vraiment à l’élite. C’est un bon jeune et il est si talentueux ; il me rappelle beaucoup (Victor) Hedman en le voyant être capable de bouger aussi bien avec une telle charpente. Il a une belle attitude également. Je suis convaincu qu’il pourrait déjà jouer dans la LNH et aider les Sabres à gagner plus de matchs. Ce sera excitant de voir ce qu’il pourra accomplir dans un contexte olympique », a raconté Demers qui pourrait parfois jouer à sa droite. 

« J’espère que je pourrai lui partager un peu de mon expérience et que ça lui sera utile. En même temps, c’est sûr que je vais apprendre quelques trucs de lui parce qu’il est très talentueux », a ajouté Demers qui a affiché son sourire troué en entendant la première question en français. 

Quant à Barberio, il a eu le privilège d’être coéquipier avec Hedman, chez le Lightning, et Cale Makar, avec l’Avalanche. 

« Je suis vraiment impressionné, il a déjà un gabarit de la LNH et il est si efficace dans son patinage. Je ne veux pas lui imposer une pression inutile, ce serait injuste de le comparer à Cale ou Victor, mais il aura une carrière fabuleuse et je sais que les partisans seront très excités de le regarder », a indiqué Barberio dont l’accent français fait désormais résonner une touche européenne venant de son séjour à Lausanne. 

Le potentiel de Power, et de ses partenaires de la ligne bleue, sera tout de même mis à rude épreuve face aux puissances européennes.

« Aujourd’hui, on sait que ça prend les cinq joueurs sur la glace pour se défendre et tous nos attaquants sont responsables défensivement. Je suis d’accord que nos défenseurs auront un gros boulot à accomplir. Mais c’est normal, dans n’importe quel tournoi, il faut bien jouer défensivement. C’est encore ainsi qu’on gagne », a répondu Barberio. 

Le portrait offensif, disons modeste, du Canada a incité les experts à attribuer un rare rôle de négligés aux représentants canadiens derrière les athlètes du Comité olympique russe, la Finlande et la Suède. 

« Pour vrai, j’aime ça et j’espère que tous les joueurs l’abordent ainsi. Les joueurs de la LNH ne peuvent pas être présents, donc c’est une belle occasion pour nous de démontrer comment on peut jouer. On mise sur beaucoup d’expérience et mérite l’or est notre but depuis notre première réunion », a réagi Demers. 

Plusieurs points en commun entre Demers et Barberio

Barberio et Demers sont des défenseurs montréalais. Ils ont chacun joué une portion de leur parcours junior avec les Wildcats de Moncton. Ils ont dû trouver un emploi à l’extérieur de la LNH récemment et ils sont passés par le Ak-Bars de Kazan avant d’être retenus pour cette aventure olympique. 

La différence, c’est que Demers s’attend à y jouer un rôle de pilier. 

« C’est important à mes yeux, je voudrais être en mesure de pouvoir plusieurs minutes, aider où je peux et être un meneur », a admis celui qui a disputé 699 parties dans le circuit Bettman. 

Sélectionné pour la coupe Channel One et la coupe Spengler, Demers n’a pas tardé à attirer l’attention de la KHL. Il se retrouve désormais à vivre cette expérience inoubliable, de quoi faire oublier les mois d’attente à espérer un contrat de la LNH. 

De son côté, Barberio s’en attendait un peu moins. 

« Je ressens beaucoup de fierté, c’est une occasion que je ne pensais jamais obtenir dans ma vie. Je pense à ma famille qui est au Canada en ce moment. Ils sont fiers et je veux les représenter du mieux que je peux », a commenté le gaucher. 

Une version plus mature de Josh Ho-Sang grâce aux Leafs

L’attaquant Josh Ho-Sang était le troisième joueur qui participait à la visioconférence. Cet ancien de choix de première ronde (28e au total en 2014) est persuadé d’avoir relancé sa carrière grâce à l’organisation des Maple Leafs de Toronto et le directeur général Kyle Dubas qui l’a rapatrié en Amérique du Nord en le faisant jouer avec les Marlies, dans la Ligue américaine. 

Ho-Sang était auparavant reconnu comme un jeune immature autant sur la patinoire que dans son attitude. 

« Je continue d’essayer de grandir comme joueur et comme personne. Ce n’est pas toujours facile, mais quand tu es choisi pour un tel événement, ça te démontre que tu es sur la bonne voie », a déclaré Ho-Sang avec humilité. 

« Tout le personnel des Marlies a été incroyable. Je pense à tout le temps qu’ils ont passé avec moi pour faire du vidéo, les entraîneurs ne se tannaient pas de m’aider alors que je voulais changer des choses dans mon jeu. Le dialogue à Toronto m’a vraiment aidé, je me sentais écouté et je voyais que mon opinion importait ce qui me motivait. Je voulais bien faire pour mes coéquipiers et mes entraîneurs. Je n’étais pas « une pièce de viande » comme d’autres joueurs dans certaines organisations », a poursuivi Ho-Sang. 

Le talentueux droitier dit avoir compris à mieux gérer ses décisions sur la patinoire. Il a comparé le tout aux équipes de football qui doivent parfois dégager le ballon pour ne pas se placer dans une mauvaise situation.