Le 19 septembre dernier, lorsque la lutteuse Linda Morais a été sacrée championne du monde chez les moins de 59 kg, Martine Dugrenier a reçu un texto bien spécial.

Dugrenier n’était pas au Kazakhstan lorsque la Montréalaise d’adoption, qui a pour entraîneur principal l’Olympien David Zilberman, est montée sur la plus haute marche du podium. Cela n’a pas empêché la Lavalloise de suivre à distance comment se débrouillait sa protégée. « C’est David son coach officiel, mais nous sommes une équipe d’entraîneurs », précise-t-elle.

Quand l’enseignante en éducation physique au Collège Vanier a consulté son téléphone portable, une photo, vieille de 11 ans, est apparue.

Un cliché pris en 2008, alors que Dugrenier avait fait une tournée des clubs du pays, apportant avec elle son maillot olympique, de même que sa médaille d’or de championne du monde et sa ceinture. Linda Morais avait immortalisé ce moment, en prenant une photo avec Martine, mais aussi une autre où elle posait fièrement avec les accessoires de celle qui allait devenir son modèle.

Onze années plus tard, c’est au cou de Linda Morais qu’on a mis une médaille d’or et autour de sa taille qu’on a attaché une ceinture en cuir de championne du monde.

« C’est assez incroyable », fait remarquer Martine Dugrenier, dont la carrière d’athlète aura non seulement été ponctué de trois couronnes mondiales (2008, 2009, 2010), mais aussi de deux cinquièmes places aux Jeux olympiques (2008 et 2012) et d’une intronisation au Temple de la renommée de la United World Wrestling (2016).

« Le rêve de Linda a commencé à ce moment-là. C’est génial de pouvoir être encore présente dans son parcours. Les rôles sont maintenant inversés : je suis à ses côtés comme coach et spectatrice. »

« Il ne me manque que le maillot olympique », était la note qui accompagnait la photo envoyée par Linda Morais à Martine Dugrenier.

Sur la route de Tokyo

Linda Morais pourra se rapprocher de son rêve dès vendredi, alors qu’elle combattra aux Sélections canadiennes de lutte qui sont disputées à Niagara. Sa catégorie naturelle de poids (59 kg) n’étant pas une catégorie au programme olympique, c’est chez les moins de 57 kg qu’elle tentera de décrocher l’or, passage obligé pour faire ce pas de plus vers Tokyo.

Les lutteurs qui monteront sur la plus haute marche du podium ce week-end auront ensuite une autre étape à franchir avant d’avoir un billet d’avion à leur nom en direction du Japon. Ils devront qualifier le pays dans leur catégorie de poids aux Championnats panaméricains qui auront lieu à Ottawa, en mars 2020, ou encore dans un tournoi mondial de la dernière chance disputé en avril.

Tout peut encore arriver sur le tapis, mais Martine Dugrenier croit aux chances de Linda Morais d’être la candidate désignée. La tâche ne sera pas des plus facile puisque dans sa catégorie, on retrouve notamment la championne du monde des moins de 23 ans de 2018, l’Ontarienne Alexandria Town, et la médaillée de bronze du Championnat du monde des moins de 23 ans de 2019, la Prince-Édouardienne Hannah Taylor. Si elle résiste à ces adversaires, elle sera plus près de porter, elle aussi, un maillot olympique, et de pouvoir reproduire cette photo de 2008.

Au fait, qu’avait répondu Martine Dugrenier à ce texto envoyé par Linda Morais ? « Non, il ne te manque pas que le maillot olympique, mais aussi la médaille que moi, je n’ai jamais eue. »

Une médaille à Tokyo pour la native de Tecumseh, en Ontario ? « S’il y en a une qui est capable de le faire, c’est bien elle », croit Dugrenier.

Pas moins de 18 Québécois à Niagara

Les essais olympiques de lutte se dérouleront jusqu’à samedi à Niagara. Ce sont les athlètes des catégories en lutte gréco-romaine qui ont parti le bal jeudi. Vendredi, les premières rondes en lutte libre seront disputées dans toutes les catégories de poids olympique tandis que les finales sont prévues pour samedi.

Pas moins de 18 Québécois sont en action à Niagara. « C’est l’une des plus grosses équipes des derniers cycles olympiques, affirme Dugrenier. Ça démontre que le développement du sport est vraiment intéressant au Québec. »

Si certains d’entre eux sont des prétendants à un podium et même à la médaille d’or dont Linda Morais (-57 kg), Veronica Keefe (-68 kg) ou encore Vincent De Marinis (-65 kg) et Guseyn Ruslanzada (-74 kg), d’autres vivront une première expérience en vue du prochain cycle olympique. « C’est une très belle occasion pour eux et cela aidera encore plus à leur développement », conclut Martine Dugrenier.