PRETORIA - Le champion paralympique sud-africain Oscar Pistorius a péniblement raconté mardi les instants qui ont précédé le meurtre de sa petite amie, affirmant ne pas avoir tiré sans sommation mais après avoir hurlé de terreur à l'adresse du cambrioleur qu'il croyait avoir pénétré chez lui.

S'exprimant au ralenti, la voix entrecoupée de longs silences mais toujours guidé par les questions de son avocat le fixant d'un oeil sévère, Pistorius a affirmé qu'il avait « crié et hurlé au cambrioleur pour qu'il sorte de (sa) maison .

Auparavant, Oscar Pistorius s'était endormi « fatigué » après avoir téléphoné à un cousin et regardé des photos sur internet avec Reeva Steenkamp, sans projet particulier pour fêter la Saint-Valentin du lendemain, un jeudi où il avait rendez-vous chez le dentiste le matin.

Il s'est soudain réveillé, gêné par « la chaleur extrême » dans sa chambre, se levant pour aller sur le balcon chercher deux ventilateurs en marche, puis couvrir d'un jean qui traînait par terre la lumière bleue émise par la diode de la chaîne hi-fi.

« À ce moment-là, j'ai entendu la fenêtre de la salle de bains s'ouvrir », a-t-il raconté.

« Je crois que c'est à ce moment-là que tout a changé », a-t-il ajouté, relancé par son avocat, visiblement tendu et cherchant tantôt à lui ménager des pauses, tantôt à combler les blancs.

« Ça m'a d'abord glacé », a-t-il poursuivi. « Il n'y a pas de porte entre ma salle de bains et ma chambre [...] juste un couloir. La première chose à laquelle j'ai pensé a été que j'avais besoin de m'armer et de protéger Reeva. »

Après s'être emparé de son arme sous le lit, Pistorius affirme s'être déplacé « pour (se) placer entre la personne qui avait pénétré dans (sa) maison et Reeva » qu'il croyait au lit.

« J'ai ralenti car j'avais peur que cette personne, à ce moment-là, puisse déjà être dans ce couloir, donc j'ai ralenti, et j'ai tendu mon arme devant moi. Juste au moment où j'ai quitté mon lit, j'ai chuchoté à Reeva de sortir (du lit) et d'appeler la police », a-t-il ajouté.

« Comme j'entrais dans le couloir menant à la salle de bain, c'est à ce moment que j'ai été gagné par la terreur et j'ai commencé à crier et à hurler au cambrioleur pour qu'il sorte de ma maison. J'ai crié à Reeva de se coucher par terre, pour qu'elle appelle la police et pour que la personne s'en aille », a-t-il dit.

« J'ai marché le long du couloir, conscient que ces ou cette personne pourrait surgir sur moi à tout moment, je n'avais pas mes jambes (ses prothèses, NDLR), j'ai cessé de crier car j'avais peur que, si je criais, la personne sache exactement où je me trouvais », a-t-il dit.

Le claquement de la porte des toilettes se refermant l'a alors convaincu qu'il y avait « quelqu'un dans les toilettes », a-t-il dit, avant que son avocat n'interrompe la déposition pour la pause déjeuner.

À son retour, Pistorius s'est ensuite mis à parler des coups de feu.

« Avant de m'en rendre compte, j'avais tiré quatre coups de feu. »

De retour dans la chambre et ne trouvant pas sa compagne dans le lit, il a ensuite appelé à l'aide, puis défoncé la porte des toilettes avec une batte de cricket.

« Je me suis penché sur elle, et... », la suite de la phrase de Pistorius est étouffée dans ses sanglots. « Elle ne respirait plus », a-t-il articulé, avant de s'effrondrer hoquetant et pleurant de façon bruyante.

La juge a suspendu puis renvoyé l'audience à mercredi.