MONTRÉAL - Dimanche soir, les Celtics et les Timberwolves ont fait suinter le bois franc temporaire sur la glace du Centre Bell devant plus de 20 000 partisans endiablés (20 152 pour être précis).

La NBA a déployé ses plus belles couleurs devant les partisans comblés par le spectacle et tout le fignolage autour du sport a séduit une foule conquise d’avance.

Pour son troisième périple dans la ville du hockey, la NBA a délaissé les Raptors afin d’élargir son opération séduction, même si l’initiative de l’équipe établie à Toronto est de devenir « l’équipe du Canada ».

D’un océan à l’autre, comme dirait l’autre.

On ne sait pas si un jour les fervents de Montréal oseront s’amouracher d’une formation torontoise, mais on ne peut pas nier que l’enthousiasme envers la NBA était palpable dimanche soir. Même sans sentiment d’appartenance, la foule montréalaise sait recevoir. Chaleureuse, elle s’est donnée corps et âme au petit jeu du basketball américain.

Mascottes et meneuses de claque en prime.

Qui sait, l’optimisme des irréductibles du ballon rond sera peut-être même l’amorce d’un renouveau dans le panorama sportif québécois.

La nouvelle vague canadienne

En 2013, Steve Nash n’est plus un loup solitaire dans la NBA à titre de représentant de la feuille d’érable.

Dans son sillage, plusieurs jeunes ont jeté leur dévolu sur le basketball et la nouvelle génération de joueurs professionnels canadiens commence à s’infiltrer dans la ligue. Encore au compte-goutte, même si le phénomène est de moins en moins marginal.

Anthony Bennett, des Cavaliers de Cleveland, est devenu le premier Canadien de l’histoire à être sélectionné au tout premier rang du repêchage amateur de la NBA. Homme de choix des Cavs l’an dernier, Bennett amorcera sa carrière à titre de recrue avec des attentes particulièrement élevées en raison de son rang au repêchage.

Kelly Olynyk et Kevin LoveUn peu plus dans l’ombre, le géant de Kamloops, Kelly Olynyk (à gauche sur la photo), fera aussi ses débuts dans la NBA. Il était d’ailleurs au Centre Bell, dimanche, au cœur de l’alignement des Celtics du jeune entraîneur Brad Stevens. Nerveux par moment, le jeune centre canadien a offert un beau spectacle à la foule du Centre Bell.

Acquis lors d’une transaction le jour du repêchage par les Celtics, Olynyk impressionne jusqu’ici lors des activités de l’équipe et il ne serait pas surprenant de voir le jeune homme se tailler une place de choix rapidement dans la rotation d’une équipe en pleine transition depuis les départs de Kevin Garnett, Paul Pierce et de l’entraîneur de longue date Doc Rivers.

Son entraîneur, la recrue Brad Stevens, ne lésine pas sur les éloges envers son jeune joueur qu’il qualifie de mature pour son âge. Une éponge prête à recevoir toute l’information du monde, même si parfois le rythme l’étourdit quelque peu.

En plus de Bennett et d’Olynyk, la jeune sensation Andrew Wiggins portera l’uniforme des Jayhawks de l’Université du Kansas dans la NCAA et à moins d’une catastrophe notoire, il sera parmi les premiers sélectionnés lors du prochain repêchage de la NBA.

Cette infusion de jeune talent permettra même au Canada de rêver à une participation aux Jeux olympiques. L'an 2016 est un brin prémédité, mais l’objectif 2020 est de plus en plus réaliste pour la relance du programme masculin qui stagne depuis plus d’une décennie déjà.

Exclue des Jeux depuis 2000, l’équipe nationale canadienne ne compte qu’une seule médaille olympique dans son histoire, celle d’argent en 1936. En fait, le Canada n’a pris part qu’à deux olympiades depuis 1988, ne faisant jamais mieux qu’une sixième place lors du tournoi.

Avec l’intérêt croissant envers les Raptors, l’élargissement du bassin de partisans sur tout le territoire canadien et l’infusion d’une relève qui a grandi en appréciant le sport, il n’est pas impossible d’espérer voir un jour une équipe de la NBA à Montréal.

Bien que le projet ne soit pas complètement impossible, il ne faudrait pas non plus retenir son souffle en attendant l’installation d’un bois franc permanent au Centre Bell.

Disons que l’idée est embryonnaire, au mieux.

Une proximité aux bras longs

Bien que Montréal ouvre volontier ses portes à la NBA pour la troisième fois, il ne s’agit pas ici d’une relation exclusive entre la métropole et l’association américaine.

Kevin Love et Gerald WallaceDavid Stern a propulsé la NBA aux quatre coins du globe au cours de son régime d’une trentaine d’années. C’est l’héritage qu’il laissera d’ailleurs à Adam Silver cet hiver après sa retraite, et il serait surprenant de voir le nouveau commissaire se limiter à une expansion canadienne.

Avec des assises en Chine et en Europe, la NBA est de plus en plus un sport (et une marque de commerce) global et les visites à Montréal ne sont que les fragments d’une mosaïque de plus en plus riche.

Les résultats au guichet ne passeront pas inaperçus, bien entendu, mais les succès montréalais sont et seront ponctuels jusqu’à preuve du contraire.

Par contre, le marché montréalais n’est pas discrédité pour autant, en grande partie grâce à son impeccable feuille de route.

Tout porte à croire que les visites à Montréal ne sont pas terminées, après trois séjours fructueux en quatre ans. Toronto sera aussi l’hôte du Match des étoiles en 2016 et le Canada n’est plus qu’un simple voisin au nord de la frontière.

Il y a une inclusion réelle d’amorcée.

La frontière est de plus en plus réduite et autant Montréal que les destinations européennes pourraient être sollicités d’avantage au cours des prochaines années.

La ligue est en pleine croissance et, sans parler d’une saturation au niveau du marché américain, l’état de l’économie mondiale suggère plutôt des expansions à l’international. Si tel est le cas, Montréal ne sera jamais bien loin de la mire, particulièrement en raison des succès éprouvés du Canadien et des formations ayant évolué à Montréal par le passé.

Ceci étant, bien sûr, un avenir hypothétique. Plus théorique que concret.

Sauf que les joueurs s’y plaisent visiblement à Montréal. L’ambiance, détendue au possible, transpirait le plaisir et la bonhomie. Ce ne sera pas la première fois que Montréal, petite Europe de l’Amérique, séduit ses visiteurs.

Bref, une belle soirée

Un sentiment qui fait l’unanimité, c’est bien celui de la satisfaction au lendemain de la visite du cirque de la NBA dans la métropole.

Les partisans, les joueurs et les organisations impliqués s’entendent pour dire qu’il y a là une histoire de séduction qui mériterait plus qu’une rencontre d’un soir. Du flirt sans attente en 2010, la relation entre la NBA et Montréal est devenue une belle complicité croissante en 2013.

Les premières étreintes, timidement satisfaisantes, pavent la voie vers une suite des choses particulièrement excitante.

C’est encore tôt pour se prononcer, mais on peut se mouiller sans trop de risque en affirmant que la NBA sera de retour tôt ou tard à Montréal – et nous y serons de nouveau avec l’envie de retrouver une amante qui n’était qu’à quelques jets de pierre de nous.

Une distance qui ne cessera de diminuer au fil des ans.