Chacun valise de métal à la main, ils font une entrée plutôt incognito dans les studios de RDS malgré leur réputation internationale. À 19 ans et 22 ans respectivement, ils ne sont pas encore les visages les plus connus du monde du sport, mais quand Mikaël Kingsbury et Olivier Rochon sortent leur globe de cristal de leur mallette, les yeux des témoins brillent autant que leurs trophées.

Kingsbury - le nouveau roi des bosses - et Rochon - le nouveau monarque des sauts - sont devenus le premier duo québécois depuis Jean-Luc Brassard et Nicolas Fontaine en 1997 à rafler le globe de cristal de leur discipline la même année.

Habillés en civil et en raison de leur physique peu imposant, Kingsbury (cinq pieds neuf pouces) et Rochon (cinq pieds cinq pouces) n'ont pas la même flamboyance que lorsqu'ils portent leurs bottes et leurs skis à leurs pieds. Couronnés champions eu Europe depuis moins d'une semaine, ils ne perçoivent pas une multitude de changements dans leur quotidien.

«Je ne suis pas certain que ça changera de quoi dans notre vie. Mais pour moi, c'est comme une médaille olympique. Selon plusieurs, c'est aussi important puisque ça récompense la saison entière et non une course», a commenté Kingsbury.

«Pour moi, c'est un grand accomplissement puisque je reviens de ma suspension. C'est mon premier globe donc il me reste deux choses à gagner : les Championnats du monde et les Jeux olympiques», a confié Rochon.

Ce dernier avait écopé d'une suspension d'un an en raison de ses écarts de conduite et il est le premier à admettre qu'il n'aurait pas réussi son exploit sans cette sanction drastique.

«J'aurais peut-être continué un peu dans la même voie et j'aurais eu besoin de plus de temps pour me replacer. Ce n'était pas le meilleur scénario, mais ça fait du bien et ça permet de remettre les choses en place pour revenir en force», a-t-il admis.

Loin d'être les favoris au lancement de la saison, Kingsbury et Rochon ont étonné par leur constance et ils sont parvenus à gérer quelques éléments plus exigeants.

«En gagnant plusieurs Coupes du monde consécutives ou en grimpant sur le podium, une pression de continuer dans la même voie s'installe», a pointé Kingsbury au sujet de l'élément le plus difficile de la saison.

«Un peu comme Mikaël, le plus difficile c'était au milieu de la saison quand tu portes encore le maillot jaune de meneur et que tu commences à sentir la pression en voyant que le globe est à ta portée. Il faut vivre avec le stress et garder la même énergie sans trop t'exciter», a ajouté Rochon.

Chose certaine, les deux skieurs québécois ont bousculé la hiérarchie de leur discipline respective.

«Je ne pense pas que les gens s'attendaient à ce résultat de ma part dès maintenant. Je n'ai pas trop parlé aux autres skieurs, mais je pense que j'ai gagné mon respect sur la piste», a exprimé Kingsbury qui s'attend à d'excellents duels l'an prochain avec Alexandre Bilodeau qui sera de retour d'une année partiellement sabbatique.

«La plupart des gens ont été surpris surtout avec mon année de suspension. En plus, je ne me suis pas entraîné pendant ce temps. J'étais seulement entraîneur de ski de bosses au Massif», a raconté Rochon.

Du boulot à accomplir en vue des Jeux olympiques

En raison de leur impressionnante éclosion, ils deviennent automatiquement des espoirs de médailles de premier plan pour les Jeux olympiques de Sotchi en 2014. Les deux athlètes sont toutefois conscients des aspects qu'ils doivent améliorer pour répéter les exploits des Brassard, Bilodeau, Fontaine et Philippe Laroche sur les pistes olympiques.

«Avant tout, je devrai apprendre un nouveau saut parce que mon saut est un peu moins difficile quand j'atteins la super finale. On ne peut pas répéter les mêmes sauts dans une compétition et ce sera mon gros défi cet été», a indiqué Rochon, originaire de Gatineau.

«Je ferai beaucoup d'entraînement physique en gymnase pour développer ma force. Je dois aussi travailler plusieurs points de ma technique pour améliorer ma touche dans la neige sans oublier la rapidité», a noté l'athlète de Ste-Agathe-des-Monts.

Même s'ils se retrouvent souvent à des milliers de kilomètres de la maison, Rochon et Kingsbury gardent une place de choix dans leur vie pour leurs ami(e)s qui sont fiers de leur réussite.

«Mes amis trouvent ça cool. Quand je reviens à la maison, ils viennent tout de suite me voir. C'est important de garder un bon équilibre entre le ski et les amis», a précisé Kingsbury qui a notamment visité les Etats-Unis, la France, la Suède, le Japon et la Chine au cours des derniers mois.

«Ils me suivent sur Facebook, Twitter et ils regardent parfois des compétitions diffusées sur Internet. Ma grand-mère m'écrit aussi souvent des courriels. Pendant les compétitions, on sait qu'ils pensent à nous et ça fait du bien mentalement», a remercié Rochon qui a fait des arrêts récents en Norvège, en Russie, au Bélarus et en Autriche.

Leurs ami(e)s et les membres de leur famille pourront profiter des prochaines semaines en leur compagnie sans oublier de contempler leurs trophées. Notons que Kingsbury a aussi reçu le globe de cristal de toutes les disciplines confondues en ski acrobatique.

«Ils sont vraiment beaux, j'ai hâte de l'installer dans ma maison», s'est réjoui Rochon avec un grand sourire.

«La première chose que j'ai faite en revenant a été de les placer en haut de mon foyer. Je les imaginais là depuis que je suis très jeune. C'était vraiment cool!», a conclu Kingsbury aussi heureux que Rochon qui a déjà été son adversaire en bosses.