Montréal – Le Canada est sans conteste la nation la plus talentueuse au monde en ski acrobatique en bosses et les membres de l’équipe masculine, tous des Québécois cette année, tiennent à conserver cette réputation dès samedi, à Ruka, en Finlande, étape initiale de la Coupe du monde.

Sur la ligne de départ de ce nouveau cycle olympique, il y a Mikaël Kingsbury dont le palmarès s’est agrandi en 2013-2014 : l’argent olympique, les grand et petit globes de cristal, de même qu’une 21e victoire en Coupe du monde, ce qui a fait de lui le bosseur canadien ayant décroché le plus de médailles d’or sur le circuit. Philippe Marquis, Marc-Antoine Gagnon, Pierre-Olivier Gagné, Simon Pouliot-Cavanagh, Simon Lemieux et Kerrian Chunlaud seront également de la partie.

Amorcer un nouveau cycle olympique, c’est un peu repartir à zéro pour le roi des bosses. « Tu prends un nouveau papier et tu réécris tes nouveaux objectifs », a-t-il expliqué.

Champion du monde en simple, Kingsbury tentera de conserver son titre aux Mondiaux de Kreischberg (Autriche), qui auront lieu en janvier. Un couronnement en duels est également dans la mire de celui qui avait fini deuxième derrière son compatriote Alexandre Bilodeau en 2013.

Le skieur de Deux-Montagnes envisagera cependant les courses les unes après les autres dans le but de peaufiner tous les détails et poursuivre sa domination jusqu’aux Jeux de Pyeongchang, en 2018. « Pour les quatre prochaines années, je vais y aller une course à la fois. Je veux me donner la chance de gagner chaque fois que je monte sur mes skis. »

« C’est plus facile se rendre au sommet que d’y rester. Il faut tout le temps prendre des bouchées doubles, car ceux qui sont derrière toi te poussent. Il faut regarder devant. Jamais derrière », a poursuivi le grand favori.

Mikaël Kingsbury n’a laissé passer aucun détail dans son entraînement présaison. « J’ai travaillé très fort sur ma ligne de ski, la position de mes bras, les atterrissages de mes sauts. Je suis aussi beaucoup plus rapide cette année. »

Malgré l’absence de son ancien coéquipier et grand adversaire Alexandre Bilodeau, maintenant à la retraite, sa motivation n’a pas faibli. « Nous nous poussions l’un l’autre, mais je ne me levais pas le matin en me disant qu’il fallait que je batte Alexandre. Je pensais à ma performance d’abord. Je me concentrais sur ma descente et si j’étais à mon meilleur, je savais que j’avais de bonnes chances. »

L’arrivée de Chunlaud, le retour de vétérans

Médaillé en Coupes Nor-Am la saison dernière, Kerrian Chunlaud est le petit nouveau au sein de l’équipe nationale.

Bien qu’il ait pris part, l’hiver dernier, aux Coupes du monde de Calgary et Val Saint-Côme, le bosseur de Sainte-Foy sera un régulier du circuit cette année. « J’entre maintenant dans la grande ligue. C’est vraiment intimidant, mais c’est aussi un accomplissement. »

Pour sa première saison, l’athlète de 21 ans, qui se démarque surtout par sa technique, veut prendre l’expérience. « Je vais commencer par m’adapter au circuit de la Coupe du monde, mais j’aimerais participer à quelques finales. »

Neuvième aux Jeux olympiques de Sotchi, Philippe Marquis ne sait s’il se rendra jusqu’aux des Jeux de 2018. Pour l’instant, c’est une année à la fois. « Je veux faire le bilan après chaque saison pour entre autres mesurer ma motivation et ma santé », a expliqué celui qui est membre de l’équipe nationale depuis sept ans. « Présentement, je peux dire que je suis 100% motivé, mais on en reparlera au mois d’avril. »

Le bosseur de Québec a pour objectif cette saison de terminer dans le top-5 au classement général de la Coupe du monde, lui qui a fini huitième l’année dernière. Pour continuer de rivaliser avec les meilleurs de son sport, il a fignolé ses sauts. « J’ai aussi ajouté plus de difficultés, mais peut-être que je ne les intégrerai pas en compétition cette année. Je vais voir comment ça se déroule. »

Du côté de Simon Pouliot-Cavanagh, c’est clair. Celui qui avait raté de peu sa qualification pour Sotchi mettra tout en œuvre pour faire partie de l’équipe olympique à Pyeongchang. « Je savais que ça allait être difficile et qu’il fallait que je travaille fort. Je veux vivre les Jeux une fois dans ma vie. »

Pour sa cinquième saison en Coupe du monde, l’athlète de Québec veut améliorer sa constance. Il présentera aussi de nouveaux sauts. « Je les maîtrise depuis quelques années, mais j’attendais qu’ils soient à point et que je sois pleinement à l’aise pour les présenter en compétition. Je me sens maintenant prêt. »

Comme une équipe de hockey

Tous deux âgés de 25 ans, Pierre-Olivier Gagné et Philippe Marquis, qui sont nés à 4 jours d’intervalle, sont les doyens de l’équipe masculine.
« Nous formons une jeune équipe et nos liens sont serrés, a affirmé Kingsbury. Nous avons tous grandi en ski ensemble et avons été inspirés par les performances du Canada à Vancouver avec Alexandre et Jennifer Heil et avant ça, celles de Jean-Luc Brassard. »

« Nous sommes chanceux d’être tous les gars ensemble. Nous sommes tous très proches et nous nous connaissons comme des frères, a-t-il ajouté. Nous sommes comme une équipe de hockey. Nous voulons tous le bien de chacun. »

L’entraide est très présente dans l’équipe. « S’il y en a un qui fait bien quelque chose, il va expliquer la façon dont il le fait aux autres. S’il y a quelque chose sur la piste en compétition ou une difficulté, nous allons nous avertir. »

« Je veux que tous mes coéquipiers performent bien, mais je veux quand même faire un peu mieux qu’eux! » a-t-il conclu en riant.