MONTRÉAL – La saison 2021 a été une longue traversée du désert pour Bjorn Johnsen, qui n’a jamais été en mesure de répondre aux attentes placées en lui dans l’uniforme du CF Montréal. « Probablement la pire année de ma carrière », propose sans se cacher le millionnaire mal-aimé.

Cette épreuve prend toutefois des airs de camp de vacances lorsqu’on la compare avec ce qu’il a vécu à sa sortie des terrains. Invisible depuis l’ouverture du camp d’entraînement, le grand attaquant a finalement donné signe de vie mercredi. Les explications qu’il a offertes pour justifier son absence donnent froid dans le dos.

Johnsen se remet d’une longue et dure bataille contre la COVID-19. Il dit avoir contracté le virus peu avant Noël à son domicile en Espagne. Une nièce et un neveu qu’il hébergeait l’ont ramené de l’école et l’ont transmis à toute la maisonnée. Son garçon de huit mois a dû se rendre trois fois à l’hôpital pour y recevoir des soins. Son père et ses deux frères, qui étaient partis des États-Unis pour les vacances des Fêtes, ont passé la majeure partie de leur séjour isolés au sous-sol.  

Pendant quatre jours, Johnsen, un athlète de pointe tout nouvellement entré dans la trentaine, a été cloué au lit, incapable de bouger.

« Au cinquième jour, j’ai essayé de marcher, mais j’avançais à peine. Il y a un escalier de 15 marches dans ma maison et je ne pouvais pas en monter plus de quatre ou cinq sans devoir m’appuyer sur la rampe. »

Double vacciné, Johnsen a subi une série d'examens avant de rentrer à Montréal et une autre après avoir été pris en charge par le personnel médical du club. Il estime qu’il était au tiers de ses capacités physiques lors de son retour au Québec au début du mois de janvier. « Je ne pouvais même pas lever un poids, je n’avais aucune énergie, aucune force physique. J’ai dû me rebâtir à partir de rien », raconte-t-il.

« Je pense que la plupart des gens prennent la vie pour acquis et ne prennent pas la COVID au sérieux. C’était mon cas et j’en ai payé le prix. »

Johnsen dit avoir reçu le feu vert pour recommencer à s’entraîner mardi. Il n’était pas sur la surface du Stade olympique avec ses coéquipiers mercredi et ignore à quel moment il pourra réintégrer le groupe. Il garde espoir d’être prêt pour jouer en Ligue des champions de la CONCACAF lorsque le CF Montréal amorcera son parcours au Mexique le 15 février.

« J’essaie simplement de redevenir la personne que j’étais. J’espère être de retour sur le terrain le plus vite possible. Je veux jouer en Ligue des champions. Il n’y a pas si longtemps, il y a 18 mois, j’ai gagné la Ligue des champions en Asie. Maintenant je veux gagner celle de la CONCACAF. C’est mon but, c’est pour ça que je suis ici. »

L’entraîneur-chef Wilfried Nancy n’a pas voulu se projeter si loin dans l’avenir, insistant sur le caractère imprévisible de ce qui retient présentement son attaquant.

 « Je vais lui donner le temps nécessaire pour revenir, a commenté l’entraîneur-chef Wilfried Nancy. Il est bien suivi, il commence à retrouver des bonnes sensations. On a hâte de le revoir sur le terrain parce qu’à la fin de la journée, c’est notre métier. Qu’il continue à travailler sur le côté pour qu’il puisse faire le métier qu’il aime. »

Un accident de parcours

On comprend que le soccer n’est pas au cœur des priorités de Johnsen. « C’est le dernier de mes soucis présentement, répond-il lors d’une première tentative de revenir sur ses insuccès de l’année dernière. Je suis juste content d’être encore sur cette Terre! J’essaie simplement de redevenir la personne que j’étais. »

Le sujet demeure quand même inévitable. Embauché à gros prix afin de renforcer le département offensif du CF Montréal il y a un an, le longiligne franc-tireur est complètement passé à côté de sa cible dans ses nouvelles couleurs. Il n’a marqué que deux buts, un doublé contre Miami en mai, et n’a même pas franchi le cap des 1000 minutes en MLS. Pour ajouter l’insulte à l’injure, il s’est contenté de miettes en championnat canadien. Il a raté un important penalty en demi-finale et n’a même pas été considéré pour le match décisif contre Toronto.

« L’année dernière a été dure pour moi, finit-il par avouer. Les attentes envers moi étaient élevées. Je ne regarde pas vraiment les nouvelles, je n’écoute pas ce qui se dit à l’extérieur, mais je sais que ça a fait jaser. Il y a peu à dire sinon que je n’ai pas eu une bonne année. J’ai espoir de pouvoir revenir avec un esprit de vengeance et montrer que je devrais jouer tous les matchs. C’est pour ça qu’on m’a amené ici et c’est ce que je veux, c’est mon objectif. »

Johnsen s’est posé des questions sur son avenir durant les quelques mois qu’a duré son entre-saison. Il n’était pas certain qu’il était toujours désiré à Montréal. Entre autres scénarios, il s’est imaginé être réclamé par l’équipe de Charlotte au repêchage d’expansion de la MLS. « Je suis originaire de la Caroline du Nord, alors je n’aurais pas dit non à ça », admet-il.

Pendant qu’il était alité, il a entendu les bons commentaires du directeur sportif Olivier Renard à son endroit. La confiance de son patron lui a fait chaud au cœur. Puis lorsqu’il s’est finalement pointé le bout du nez à Montréal, il a ressenti de la reconnaissance pour tous ceux qui l’aidaient à se remettre sur pieds. Il a finalement réalisé que cet environnement était peut-être le meilleur qui pouvait lui être offert pour un nouveau départ.

« Je suis motivé à l’idée de revenir et d’être un meilleur joueur, de montrer que l’année dernière n’était qu’un accident de parcours. L’année dernière, ce n’était pas moi et j’ai l’opportunité de le prouver. Je dois bien ça au club. J’espère pouvoir lui redonner ce qu’il m’a donné. »