COLLABORATION SPÉCIALE

 

La patience de tous a été récompensée mardi matin.

 

On a pu échanger avec le propriétaire du CF Montréal pour la première fois en trois ans et rencontrer le successeur de Kevin Gilmore qu’on attendait depuis près de cinq mois. Tout ça dans un Centre Nutrilait on l’on n’avait pas mis les pieds depuis l’hiver 2020.

 

Les angles d’analyse sont innombrables, mais le constat de base est simple. Gabriel Gervais a été très solide dans sa première allocution présidentielle. Joey Saputo a frappé un coup de circuit en nommant une étoile de son passé avec un profil idéal pour mener le club vers un futur meilleur.

 

Trois pour un

 

À son arrivée, Kevin Gilmore incarnait le savoir business nécessaire pour gérer les opérations quotidiennes d’une organisation sportive. Nick De Santis a longtemps représenté la passion pour le sport qui doit animer un dirigeant. Richard Legendre, quant à lui, assurait le contact avec le public en communiquant bien et en souriant plus que la plupart de ses collègues réunis.

 

Avec sa carrière de joueur professionnel, vingt ans d’expérience dans le Montréal Inc. et les qualités de communicateur qu’il a démontré mardi, Gervais possède des atouts dans chacun de ces domaines.

 

Ça ne garantit pas le succès, mais c’est un excellent point de départ.

 

Limites financières

 

Joey Saputo ne s’en est pas caché, les limites financières auront un impact sur l’approche que le club adoptera pour atteindre ses objectifs.

 

Je ne vois pas ce réalisme économique comme un problème en soit. Si le club n’est pas prêt à allonger les mêmes sommes que le Toronto FC ou Atlanta United, il faut simplement comprendre et assumer que l’entreprise devra être plus créative et innovatrice.

 

En ce sens, j’ai trouvé Gabriel Gervais brillant de dévoiler publiquement qu’il avait exigé du conseil d’administration le droit de faire des erreurs. En d’autres mots, le droit d’essayer des choses et apprendre en cours de route.

 

Le passage d’Hugues Léger comme VP Marketing (2014-17) est un bon exemple des hauts et bas qui accompagneront la prise d’initiative. Au mois d’août 2015, Léger lançait un Hymne à l’Impact chanté par Radio Radio. Un projet qui n’a jamais connecté avec les supporters.

 

En revanche, au mois d’octobre, le Groupe 1642 répondait à son appel pour des rituels phares au Stade Saputo en installant dans sa tribune une cloche de 1600 livres achetée au Michigan. Sept ans plus tard, l’étoile du Nord est probablement le symbole le plus fort des matchs à domicile.

 

Comme disent les anglais; you win some, you lose some.

 

Historiquement, le club a entretenu une culture où éviter les erreurs était une priorité, tant sur le terrain que dans les bureaux. L’initiative et la créativité en ont pris pour leur rhume.

 

Souhaitons que Gervais et l’équipe qu’il assemblera dans les bureaux aient la liberté et le temps de travailler.

 

Retrouver sa pertinence

 

Sous la gouverne de son nouveau président, le CF Montréal souhaite retrouver la pertinence qu’il a déjà eu dans le marché.

 

J’aurais cru qu’être à 90 minutes de la Coupe du Monde des clubs, gagner un premier match de séries MLS ou affronter Toronto dans une des finales de conférence les plus épiques de l’histoire de la MLS auraient représenté le summum de la pertinence. À tous ces événements de 2015-16, on peut ajouter le passage d’un certain Didier Drogba.

 

Pour Joey Saputo ce sont plutôt les saisons 2012 à 2014 qui sont les années référence où le club était le plus visible et pertinent dans la Métropole.

 

Personnellement, c’est l’énoncé de la conférence de presse qui m’a le plus surpris. Que s’est-il passé en 2014 pour en faire un point de bascule? Est-ce un constat d’entreprise ou personnel?

 

En revisitant un peu l’histoire, on se rend compte que l’année 2014 a été jalonnée de transitions marquantes pour Saputo, son club et la MLS.

 

D’abord, la filiale italienne du club s’effritait. Marco Di Vaio, Matteo Ferrari, Alessandro Nesta, Andrea Pisanu et Daniele Paponi étaient tous partis. En avril, on annonçait une expansion révolutionnaire en MLS avec l’arrivée d’Atlanta et son stade de 1,6 milliards$. À l’été, des mauvais résultats ont poussé Saputo à démettre de ses fonctions son acolyte de toujours, Nick De Santis et l’Impact a terminé la saison au dernier rang de l’Est. Finalement, en octobre, Saputo s’est lancé dans une nouvelle aventure d’affaires en achetant le club italien Bologna FC.

 

L’année 2014 marque-t-elle le déclin de la pertinence du club dans la Métropole ou plutôt un point de fracture dans la relation du propriétaire avec sa propre organisation? Était-ce la fin de l’Impact de Montréal tel qu’il l’avait conçu, voulu et aimé?

 

Je pose la question puisque je ne m’explique toujours pas ce que les saisons 2012 à 2014 avaient de si spéciales pour qu’on les mette ainsi sur un piédestal.

 

Peu importe la réponse, le constat de Joey Saputo et son nouveau président est lucide. L’indifférence est à combattre et cette conférence de presse aura été un bon pas vers une plus grande pertinence dans le marché.

 

Gervais, le chef d'orchestre aux valeurs du CFM