MONTRÉAL – Historiquement, la hiérarchie devant le filet du CF Montréal a toujours été relativement limpide au moment où le camp d’entraînement de l’équipe se met en branle au milieu de l’hiver.

Pendant cinq saisons, de 2015 à 2019, le poste de numéro un a été celui d’Evan Bush. Les deux campagnes suivantes se sont amorcées avec un visage différent, celui de Clément Diop, mais tout autant de clarté.

Cette année, les plans de l’organisation sont plus difficiles à décrypter. Quand Diop a quitté l’équipe après avoir demandé que son contrat soit résilié la saison dernière, James Pantemis s’est imposé comme son remplaçant logique. Lorsqu’il a contracté la COVID-19 ou qu’il a été convoqué en équipe nationale, Sebastian Breza a pris sa relève.

Le portrait s’est toutefois brouillé en fin de saison. Après un match-nul crève-cœur à Toronto à la fin octobre, Pantemis a définitivement perdu son filet au profit de Breza, qui a été titularisé dans les trois dernières parties de la saison et les deux dernières étapes menant à la conquête du Championnat canadien.

« Dans le temps, je crois que Seb était dans une bonne forme avec ce qu’il faisait en Championnat canadien. Il amenait une bonne confiance à l’équipe et le coach a voulu changer le momentum un peu. C’est sa décision. C’est sûr que ça a été dur à entendre, mais s’il a cru que c’était pour le bien de l’équipe, je dois respecter ça. »

Breza est de retour au CF Montréal cette saison. Le club de Serie A de Bologne, en Italie, a prolongé son prêt en MLS au début janvier, une opération qui a ravivé des interrogations légitimes quant à l’identité de l’homme qui gardera les buts de l’équipe de Wilfried Nancy lorsque celle-ci débutera son parcours en Ligue des champions de la CONCACAF le 15 février.

Sans oublier la présence du jeune Jonathan Sirois, 20 ans, qui a remporté le titre de gardien par excellence de la Première Ligue canadienne en 2021 après avoir été prêté au Valour FC de Winnipeg. Lui aussi se croit certainement en position de grappiller du temps de jeu avec la première équipe dans les prochains mois.

« Pour moi honnêtement, il n’y a rien qui change, affirme Pantemis. À chaque année, je rentre en présaison pour démontrer que je mérite de jouer, que je mérite d’être partant. Donc pour ce qui est de ma mentalité, tout est pareil pour moi. Je vais continuer à pousser, continuer à montrer aux entraîneurs qu’ils peuvent compter sur moi. »

S’il se dit déterminé à laisser derrière lui l’amertume que lui a procuré la fin de la dernière saison, le portier montréalais admet avoir classé ces souvenirs juste assez près pour garder en mémoire les sensations désagréables qu’il a ressenties. « Pas nécessairement un wake up call, dit-il, mais un petit feu qui est allumé en moi. »

« Ce n’est jamais facile d’apprendre que tu ne joueras pas la semaine prochaine et c’est quelque chose que je vais prendre comme motivation et qui va me pousser beaucoup cette année à montrer que je veux ma place, que je mérite ma place. »

Non à l’équipe nationale 

Pour maximiser ses chances de regagner le filet du CF Montréal, Pantemis a pris la décision de mettre en suspens ses aspirations avec l’équipe nationale canadienne. Lorsque Canada Soccer a dévoilé la liste des joueurs qui participeront aux trois prochains matchs de la phase finale de qualification en vue de la prochaine coupe du Monde, lundi, le nom de l’ancien académicien de l’Impact ne s’y trouvait pas.  

« J’ai été convoqué en décembre, a expliqué Pantemis. J’avais eu une discussion avec John [Herdman, le sélectionneur] et l’entraîneur des gardiens là-bas. On avait parlé de ma situation ici à Montréal. Ils voulaient voir un peu ce qui allait se passer. J’ai pris la décision de ne pas y aller, de me concentrer sur la présaison avec le club et ils étaient correct avec ma décision. À la fin de la journée, ils veulent que je joue ici. J’ai aussi parlé avec le staff à Montréal pour les informer de ma décision. Tout le monde est sur la même longueur d’ondes et maintenant ma concentration est avec le CF Montréal. »

Pantemis, 24 ans, avait été convoqué par le Canada pour les trois dernières fenêtres de compétitions internationales l’automne dernier.

« C’est toujours un honneur, surtout avec notre position dans le tournoi de qualification. On est à quelques matchs de se qualifier pour la coupe du Monde. C’est sûr que j’aurais voulu être là, mais ma décision a été prise en prenant compte de ma situation au club. Je ne voulais pas rater deux semaines de présaison et tous matchs amicaux. Je voulais faire mes preuves ici et montrer que je peux être le gardien prêt à commencer le 15 février. »