LONDRES (AFP) - Une série de mesures extrêmement drastiques, alliant les outils juridiques et techniques, a permis de faire diminuer la violence dans les stades britanniques de soccer, en baisse significative depuis trois ans.

Phénomène banalisé dès le début des années 1980, la violence des supporteurs anglais est devenue une inquiétude majeure après le drame du Heysel le 29 mai 1985: lors de la finale de la C1 entre la Juventus Turin et Liverpool, 39 personnes étaient mortes après une charge des Anglais sur les Italiens.

Le gouvernement a commencé à édicter ses premières lois répressives. Dès 1985, la consommation d'alcool est prohibée dans les stades. En 1986, le "Public Disorder Act" instaure les interdictions de stade pour les hooligans reconnus. Une nouvelle loi en 1989 met en place l'interdiction de déplacements à l'étranger.

Le "Football Offences Act" de 1991 introduit trois nouveaux délits: lancer un objet sur la pelouse, entonner des chants raciaux ou indécents, pénétrer sur le terrain. En 1999, une autre loi enjoint les hooligans de remettre leurs passeports et de pointer à dates fixes dans des commissariats.

Modernisation des stades

Mais les incidents de Charleroi lors l'Euro-2000 en Belgique obligent le législateur britannique à aller plus loin. Le "Football Disorder Act" de 2000 rend passible d'une peine pouvant aller jusqu'à 10 ans de prison les actions violentes.

Une interdiction de terrain peut désormais être ordonnée si la police a des "motifs raisonnables" de l'invoquer. Jusqu'à cinq jours avant un match, les suspects peuvent se voir confisquer leur passeport. L'interdiction d'utiliser les transports publics les jours de match est aussi prévue.

Enfin, en 2005, l'Angleterre adopte une politique dite de "tolérance zéro", impliquant que même les auteurs de délits mineurs (briser des fenêtres, portes, sièges, adopter un comportement menaçant) fasse l'objet d'une interdiction de déplacement à l'étranger.

Mais la lutte contre le hooliganisme n'est pas seulement inscrite dans les textes. Très tôt, le gouvernement s'est efforcé de travailler à l'infiltration des bandes organisées de hooligans, ou encore a veillé à favoriser la modernisation des stades.

Surveillance vidéo

Les clubs ont dépensé beaucoup d'argent en ce sens. En 1991, le rapport du juge Taylor a appelé à la suppression des tribunes debout et des grillages. Après la tragédie d'Hillsborough en 1989 - 96 morts dans une bousculade lors de la demi-finale de Coupe d'Angleterre entre Liverpool et Nottingham Forest - la sécurité était devenue une priorité.

La présence policière dans les stades même a été réduite au fil des ans, la sécurité étant assuré par des stewards. La hausse des prix des places a aussi contribué à rendre l'environnement plus sain. Un autre élément clé a tenu au recours à la surveillance vidéo, dissuasive et permettant de retrouver les auteurs de délits.

Cet outil n'est cependant pas la panacée ultime. Début novembre, lors de la même journée de Championnat, l'attaquant d'Arsenal, Robin van Persie, et le milieu de Fulham, Claus Jensen, ont été touchés par des pièces de monnaie. Mais les images n'ont pas suffi à retrouver les coupables.

Tout cet arsenal a contribué à la réduction des actes de violence. Le mois dernier, la police a annoncé avoir procédé à 3.462 arrestations pour des faits de violence liés au football durant la saison 2005-2006, un chiffre en baisse (-7%) pour la troisième année consécutive.