Bon… Par où commencer? Ces huitièmes ont été franchement insoutenables. Sept des huit matchs ont été décidés au-delà de la 80e minute de jeu, seule la Colombie ayant su se mettre à l’abri avant le dernier quart d’heure (2-0 après 50 minutes). France et Pays-Bas (et avec une certaine… réussite dans ce dernier cas) ont pu forcer les choses en toute fin de rencontre. Allemagne, Argentine et Belgique ont dû aller en prolongations; Brésil et Costa Rica jusqu’aux tirs au but. Pas étonnant dans un Mondial où 36 des 56 matchs disputés ont été décidés sur un seul but ou ont finis par un nul. La moyenne de buts par match a forcément baissé à l’occasion de ce deuxième tour (en-dessous de 2,5 contre presque 3 lors du premier tour), mais l’intensité a furieusement augmenté…

Elle a sans doute atteint son paroxysme lors de la prolongation de Belgique/États-Unis. Exceptionnelle! Entre l’entrée en jeu percutante de Lukaku - un but et une passe décisive en un quart d’heure - et la réaction des Américains (but de Green, mais surtout trois occasions énormes, une combinaison de coup franc, suivi d’un décalage très mal joué par Bradley et un raté monumental de Wondolowski à bout portant), cette Coupe du monde est capable de nous garder allumés d’un bout à l’autre.

Ces huitièmes ont plutôt récompensé les équipes qui osaient, qui se sont montrées proactives ou qui ont su varier leurs options offensives. D’où leur capacité à aller chercher le résultat. Mais, franchement, on ne peut pas dire que le Chili, le Mexique, la Grèce (oui, la Gréce!), le Nigéria ou l’Algérie n’ont pas essayé… Ils ont même tous réussi à faire frissonner des adversaires théoriquement favoris (les huit vainqueurs de groupes du premier tour sont passés lors des huitièmes).

Arbitrage: mieux, mais pas parfait…

On peut, comme à chaque Coupe du monde, revenir un moment sur l’arbitrage. Il y a sans doute eu des moments un peu compliqués, et sur lesquels certaines sélections peuvent se considérer mal servies (Mexique, Algérie, Nigéria par exemple). C’est un peu - malheureusement - le reflet d’une Coupe du monde: elle n’est pas vraiment différente en ce sens d’un championnat national régulier! Prenez 64 matches de suite de n’importe quelle ligue professionnelle (et on peut même pousser ça à la Ligue des Champions), 64 de suite (ça correspond à 6 ou 7 journées d’un championnat à 18 ou 20 clubs), collés les uns sur les autres et l’on aura certainement le même pourcentage d’erreurs ou de décisions extrêmement discutables. Mais, d’une façon générale, le niveau a tout de même franchi un sérieux pallier cette année.

Et on a été un peu (vraiment!) surpris par les propos de Jürgen Klinsmann, questionnant la nomination de l’arbitre algérien Djamel Haimoudi avant Belgique - États-Unis. Pourquoi? C’est le genre de remarque tout aussi dommageable qu’une mauvaise décision. En outre, elle porte atteinte à l’intégrité d’une personne alors qu’elle n’a absolument rien fait de critiquable. Et il serait temps que la FIFA prenne sérieusement en main ce type de déclaration…

Encore les gardiens…

Confirmation, aussi, de l’excellente tenue générale des gardiens. Les valeurs sûres (Neuer, Courtois, Lloris, Benaglio, Enyeama, Howard) comme ceux sur qui l’ont avait quelques questions avant le tournoi (Julio Cesar, Ochoa, Karnezis, Ospina, Navas, Romero…). Le nombre d’arrêts - et d’arrêts décisifs - est en augmentation et la plupart ont su soit garder leur équipe dans le match malgré une domination adverse, soit faire le geste décisif en une ou deux occasions cruciales.

Pour exemple, on peut à juste titre saluer la performance exceptionnelle d’Howard lors du dernier match, mais il est tout aussi important de considérer deux arrêts majeurs de Courtois, l’un dans le temps réglementaire (à 0-0), l’autre en prolongation (à 2-1 Belgique) qui ont un impact direct sur le résultat final. De la même façon, deux petites erreurs (Enyeama sur une intervention où il n’est pas assez décisif, Ochoa sur une sortie qu’il décide finalement de ne pas faire) ont totalement fait basculer deux matches, alors que les deux gardiens ont autrement été exemplaires le reste du temps.

Ce qui amène une autre question : plus de buts, mais dans le même temps plus d’arrêts (donc plus d’occasions, et des occasions cadrées). Est-ce le niveau des défenses (ou des organisations défensives) qui est moins performant?

Colombie et Belgique, les plus impressionnants

Sur les sélections, on revient à peu près à ce que l’on a pu voir durant le premier tour. Plusieurs favoris sont passés d’assez juste : le Brésil a constamment été gêné par le pressing chilien, tout comme l’Allemagne par le pressing - contres de l’Algérie; les Pays-Bas ont été dominés par le Mexique (jusqu’au but, ensuite les Mexicains ont sans doute choisi trop vite de reculer, permettant aux Néerlandais de se réorganiser); la France a laissé beaucoup, beaucoup d’espaces au Nigéria; le Costa Rica a souffert au milieu face à la Grèce (surtout à 10) mais a su demeurer suffisamment compact pour limiter son désavantage.

Au bout du compte, la Colombie et la Belgique ont laissé les meilleures impressions: la Colombie par sa remarquable aisance à trouver les espaces, avec des joueurs n’hésitant pas à sortir complètement de leur position pour chercher un nouvel espace ou pour en créer en faveur d’un partenaire. Pour la Belgique c’est un changement radical par rapport au premier tour. Elle a retrouvé une variété offensive qui fait défaut à plusieurs quart-finalistes. En 120 minutes, elle a tout passé: dédoublements, débordements classiques, un-contre-un, attaques placées, à droite, à gauche, dans l’axe.

Et il aura fallu ce match quasi-parfait de Howard pour qu’il aille jusqu’en prolongation. Un indicateur qu’on ne voit pas sur les « stats »: en début de prolongation, ce sont les États-Unis - que l’on présente régulièrement comme extrêmement solides, avec une préparation et une condition physiques hors-pair - qui semblaient clairement les plus fatigués. Dans ce Mondial qui risque d’être de plus en plus taxant (Brésil et Colombie auront six jours de récupération entre le huitième et le quart; Argentine et Belgique seulement quatre… et une prolongation à digérer pour chacun), la condition physique va devenir un élément crucial.