Le tableau final est maintenant posé. Il est assez bizarre. Mais possède un style, une élégance certaine. Un petit coup d’oeil avant d’aller dans le dur des huitièmes de finale.

La première moitié est assez bien ordonnée. Un premier bloc uniquement sud-américain (matches de samedi), avec Brésil - Chili et Colombie - Uruguay. C’est compact. Et nous garantit un quart de finale totalement sud-américain et l’un des quatre en demi-finale. Le deuxième bloc est une affaire euroafricaine, avec France - Nigéria et Allemagne - Algérie (matches de lundi). Avec, tout de même, une perspective assez forte d’un quart France - Allemagne et d’une demie Brésil… N’allons pas trop vite!

La deuxième moitié… c’est un peu plus le bordel. Et c’est en regardant son premier bloc que l’on prend tout le bizarre de ce Mondial entre les deux yeux. Pays-Bas - Mexique, d’accord. Costa Rica - Grèce… Costa Rica - Grèce??? On répète. Costa Rica - Grèce… Costa Rica - Grèce… Costa Rica - Grèce… Faudra s’y faire d’ici dimanche. Dans toutes les Coupes du monde, il y a toujours une «ouverture», un bloc dans lequel un favori n’apparaît pas et qui peut laisser la porte ouverte jusqu’en demi-finale au plus filou du lot. La France en a profité en 82 (avec un système différent, mais avec le même résultat), la Suède en 94, la Turquie en 2002, l’Uruguay en 2010. Donc un bloc Europe - Concacaf.

Le dernier bloc (matches de mardi) est à peine plus hétérogène: Argentine - Suisse et Belgique - États-Unis. Europe, Amérique du Sud, Concacaf. Finalement, seule Argentine - Suisse sort des sentiers battus, les autres huitièmes étant des déclinaisons géographiques (Amérique du Sud - Amérique du Sud deux fois; Europe - Afrique deux fois; Europe - Concacaf 3 fois). C’est ce dernier qui doit être considéré comme l’un des éléments intéressants de ce Mondial: la très bonne tenue des sélections de la Concacaf, un temps menacée de devenir la petite dernière des Confédérations (on ne parle pas de l’Océanie, surtout depuis le départ de l’Australie), mais qui parvient à tenir son bout, essentiellement lors de Coupes du monde non européennes (bons résultats en 2002 et 2010). Maitenant, pour ces huitièmes…

Brésil - Chili

Clairement favori, le Brésil a «l’obligation» de montrer plus qu’au premier tour. Il est attendu par ses millions de partisans et n’a pas complètement emballé les esprits lors du premier tour. D’accord, il y a Neymar… Mais Neymar ne peut pas tout faire tout seul, et plus les choses vont avancer et se compliquer moins il sera capable de tout faire tout seul. Oscar a été excellent lors du match d’ouverture, moins en vue depuis. Hulk et Fred ont disparu de la circulation. Paulinho est moins décisif et pourrait remplacé par Fernandinho.

Le Chili aime jouer, veut jouer et prend souvent des risques. Avec beaucoup de pertes de balle dans leurs transitions offensives, les Chiliens ouvrent trop facilement la porte à une attaque rapide de l’adversaire. Il y a énormément de qualité au milieu (Vidal, Valdivia, Aranguiz) et le Chili peut vite amener des situations dangereuses sur la défense brésilienne où David Luiz demeure une faiblesse possible. Une victoire du Brésil, peut-être assez serrée (2-1) est tout de même le plus plausible.

Colombie - Uruguay

Comment l’Uruguay aura encaissé la suspension de Suarez? Certaines équipes explosent face à ce genre de situation (Argentine 94 après l’expulsion de Maradona). D’autres développent une mentalité de siège et se lancent dans un «nous contre tous les autres» capables de les porter encore plus loin… C’est tout de même difficile à envisager, vu le manque de qualité offensive de l’Uruguay sans son buteur vedette. Cavani et Forlan sont excellents, mais n’ont pas la même percussion que Suarez.

L’autre question est de savoir comment la Colombie saura gérer cette situation. Elle a présenté l’un des meilleurs collectifs de cette Coupe du monde et devrait dominer l’essentiel de la partie. Elle a pu reposer quelques titulaires lors du troisième match de groupe et semble avoir une excellente assise défensive (Yepes) et une capacité à repartir vite à l’attaque qui devraient lui permettre de l’emporter (Colombie 2-0).

Pays-Bas - Mexique

Les Pays-Bas pourraient revenir à leur défense à trois des deux premiers matches avec le retour de Martins Hindi. Ils ont cependant semblé plus à l’aise avec une défense à quatre face au Chili. C’est un match fait pour deux équipes qui aiment développer sur les côtés (Blind et Janmaat aux Pays-Bas, Aguilar et Layun au Mexique) et qui chercheront sur les ailes le déséquilibre ou la possibilité d’une longue ouverture. Les Pays-Bas semblent posséder un avantage assez net devant, avec Robben et Van Persie (de retour de suspension), mais n’ont pas vraiment encore affronté une défense aussi bien organisée (Brésil - Mexique).

Le Mexique risque d’être pris entre son besoin d’aller vers l’avant et la nécessité de garder un système défensif serré. Il est fort probable que les deux latéraux montent moins souvent, couper les espaces de Van Persie - Robben étant une priorité.

Ce qui limitera ses options offensives. Au bout du compte, ce qui aurait pu être un duel de latéraux peut parfaitement se transférer dans l’axe (le duel Guardado + Herrera contre De Jong + Wijnaldum ou De Guzman sera sans doute déterminant).
Le potentiel offensif des Pays-Bas semble cependant être capable de faire la différence, dans un match sans doute beaucoup moins ouvert que prévu (Pays-Bas 1-0, ou 2-0, voire 2-1 si le match devient fou).

Cota Rica - Grèce

Et on répète ensemble: COSTARICAGRECECOSTARICAGRECECOSTARICAGRECE…!!! Ahhhhh… Costa Rica - Grèce. Enfin un grand moment de football dans une Coupe du Monde tellement dépourvue de belles actions offensives. Celui-ci semble nous en promettre et il faut s’attendre à une avalanche de bu…. oh, peut-être pas…

Le Costa Rica est l’énorme surprise du premier tour, extrêmement bien organisé et vraiment bien bâti physiquement pour répondre à n’importe quel adversaire. Il a montré sur trois matches énormes qu’il pouvait s’adapter et utiliser ses qualités (contre, balles arrêtées) pour maîtriser des adversaires à première vue plus puissants. Il n’a pas rencontré la Grèce. Et ça va lui faire mal.

La Grèce possède cette incroyable capacité à jouer sur son niveau, à ramener le match à son niveau. Qu’elle joue le Japon, le Brésil, l’Allemagne ou le Liechtenstein, ça restera pareil. C’est le cafard de la Coupe du Monde, et il ne s’agit pas d’une méchanceté: des 32 équipes présentes, une seule est capable de résister à une catastrophe thermonucléaire, de sortir de l’abri et de reprendre son match, pareil.

La Grèce est un adversaire pas mal plus redoutable pour le Costa Rica. Elle ne va pas sortir, ne pas s’avancer, elle ne cherchera pas à faire le jeu. Par contre, elle ira chercher toutes les ouvertures que les «Ticos» lui laisseront. Avec un bagage d’expérience en plus, elle est clairement capable d’aller chercher un résultat historique (Grèce 1-0).