PARIS - Les Pays-Bas et l'Angleterre apparaissent en pointe dans la lutte contre l'homophobie dans le soccer, au regard des actions menées dans ces pays et présentées mardi en marge d'une étude réalisée par le Paris Foot Gay (PFG).

"Vingt-trois joueurs ont ainsi été sanctionnés pour homophobie en un an" en Angleterre, depuis la mise en place d'un programme dédié en février 2012, a indiqué Louise Englefield, directrice de l'association Pride Sports, qui travaille "en étroite collaboration" avec la Fédération anglaise (FA) sur ce dossier.

Chaque année, le mois de février est dédié à cette campagne. "Cette année, de grands clubs comme le Liverpool FC, West Ham ou encore Manchester City s'y sont joints", note-t-elle.

Concrètement, le travail de "Opening doors and joining in" (Ouvrons les portes et rejoignez-nous) porte sur six axes:

Education, avec un vaste programme de formation destiné à tous les acteurs du monde du football. Visibilité des actions des associations. Partenariat actif entre tous les acteurs. Promotion des clubs ayant une "bonne pratique". Aide aux victimes. Evaluation de l'efficacité de ces mesures.

On retrouve globalement le même type d'actions aux Pays-Bas, autre pays en pointe dans la lutte contre l'homophobie dans le soccer: dans ce sport, le coming out de joueurs professionnels en activité dans un grand championnat est inexistant.

"Le ministère des Sports a diligenté une enquête en 2008 dont les résultats, dévoilés en 2012, ont montré clairement qu'un joueur homosexuel n'était pas à l'aise dans ce milieu et que des questions entourant sa sécurité pouvaient se poser", a expliqué Fanny Marie Brisdet, avocate à La Haye et conseillère de la KNVB (fédération néerlandaise de football).

"On a eu une approche similaire à celle qui a permis d'éradiquer les chants antisémites des tribunes", explique-t-elle.

Là encore, la principale action concerne le domaine de la formation, avec des éléments sur l'homophobie dans le matériel fourni aux formateurs, qui doivent en outre "avoir accepté ces normes pour obtenir leur diplôme", souligne-t-elle. Ces mesures entreront pleinement en application pour la saison 2013-2014.

Task Force de la FIFA

Par ailleurs, la KNVB a été jusqu'à modifier ses statuts pour que l'homophobie devienne en soi une base juridique pour des sanctions.

Les associations se heurtent néanmoins encore à la loi du silence. "On ne parle pas de l'homosexualité dans le foot", souligne Mme Brisdet.

Le programme "Football pour tous" aux Pays-Bas comprend donc la mise en place au sein des clubs d'un référent, avec qui les joueurs concernés puissent dialoguer en cas de besoin.

La Fédération a également financé des spots télévisés avant et à la mi-temps des matches de qualification au Mondial-2014, "pour sensibiliser le public à l'homosexualité dans le soccer".

Mme Brisdet suggère aussi qu'à l'avenir "les sponsors soient plus présents" et qu'ils "aient des exigences contractuelles les enjoignant de respecter une certaine éthique".

Par rapport aux Pays-Bas et à l'Angleterre, le reste du monde du soccer semble un peu en retard dans la lutte contre l'homophobie, même si la FIFA a annoncé en mars la création d'une "Task Force contre le racisme et la discrimination", qui tiendra sa première réunion le 6 mai à Zürich.

En Allemagne également, la Fédération (DFB) semble prendre conscience du problème. Elle a réuni un groupe d'experts depuis novembre, qui rédiger une sorte de vademecum pour tous ses clubs, pro ou amateurs, masculins ou féminins, afin qu'ils soient capables d'accompagner au mieux le coming out d'un joueur.

En France, le Paris Foot Gay a publié mardi une enquête qui fait apparaître que le milieu du soccer professionnel est plus homophobe que la moyenne du monde sportif, en particulier dans les centres de formation.

Selon l'étude, 41% des joueurs de football professionnel et 50% des jeunes en centre de formation "ont déclaré des pensées hostiles envers les homosexuels", contre 8% chez les amateurs pratiquant différents sports.