MONTRÉAL – On a tendance à croire que tout le crédit revient au gardien quand il effectue un arrêt crucial sur un pénalty, mais l’exemple du fait d’armes d’Evan Bush, lors du match retour contre les Red Bulls de New York, confirme qu’il s’agit d’un travail d’équipe.

L’action se déroule à la 21e minute, les Red Bulls croient bien être sur le point de s’emparer d’une précieuse avance de 1-0. alors que le redoutable Sacha Kjlestan se prépare à s’élancer pour le pénalty.

Tout juste avant le tir, le gérant de l’équipement Aldo Ricciuti file à toute vitesse vers Bush pour lui refiler une information venant du vétéran gardien substitut, Eric Kronberg.

La pression se ressent jusqu’à Montréal et... Kjlestan est frustré par une magnifique parade de Bush à sa droite.

Sans cette sublime intervention, l’Impact aurait pu échapper son élan et s’incliner en demi-finale de l’Association Est. Inspiré par la séquence, l’équipe a retrouvé son aplomb pour filer vers un triomphe de 2-1 (3-1 au cumulatif).

Trois jours plus tard, lors du retour à l’entraînement de l’Impact, le petit bijou de Bush faisait encore jaser pour des raisons valables.

« Plusieurs personnes ont travaillé derrière cet arrêt. Bush a fait son travail, Kronberg a contribué, il y a aussi surtout Youssef Dahha (l’entraîneur des gardiens) qui a aidé tout comme Massimo (Di Ioia) avec la préparation vidéo », a vanté l’entraîneur Mauro Biello. 

« Beaucoup de gens ont fait leur travail de mettre notre gardien dans les meilleures conditions pour faire cet arrêt. Bravo à mon staff et à un joueur comme Eric qui travaille très fort tous les jours. Il ne joue pas souvent, mais il est le dernier à partir. Il demeure devant le filet pour les tirs des gars après chaque entraînement », a poursuivi Biello en vantant l’importance de chaque individu.

Certes, Kronberg n’avait aucunement l’intention de minimiser l’exploit de Bush qui a été brillant dans son action. On pouvait tout de même sentir qu’il appréciait le fait d’avoir pu exercer une influence positive.

« C’est lui qui a fait cet arrêt fantastique qui nous a maintenus dans la partie. Je suis content de faire partie de ça et de pouvoir contribuer, mais c’était tout un arrêt de sa part », a réagi Kronberg, mercredi.

La procédure employée par l’Impact a peut-être été dévoilée, mais ça ne veut pas dire que les joueurs et les dirigeants étaient prêts à révéler l’indice observé chez Kjlestan.

« On va garder le secret. J’étais très excité, content pour Evan et l’équipe. Je trouve que cet arrêt a dynamisé le collectif et aidé le groupe à pousser vers l’avant », a soutenu Kronberg.

Très expressif, Dominic Oduro était fou de joie quand Bush s’est imposé. 

« J’ai fait une petite prière avant le tir, je me disais qu’on ne pouvait pas nous laisser tomber ainsi. Ça prouve que c’était notre moment pour briller. On a été très motivé par son arrêt, on a cru qu’on avait une chance de l’emporter », a exprimé Oduro. 

Tout comme dans le cadre de sa chronique sur le RDS.ca, le capitaine Patrice Bernier ne s’est pas gêné pour encenser Bush.

« C'était un arrêt fantastique de Bush »

« Il a connu une bonne saison, mais il monte en puissance au bon moment et c’est ce que tu souhaites. Il a réussi plusieurs gros arrêts avant les séries comme dans le duel de 2-2 contre Toronto. Au niveau de sa concentration, il est au sommet. Pour nous, devant lui, c’est un coussin de sécurité, on sait qu’il peut y arriver », a souligné Bernier.

Dès l’infraction provoquant le pénalty, les membres de l’Impact ont repensé au point tournant leur saison, l’arrêt déterminant de Bush contre Chris Wondolowski, des Earthquakes de San Jose, à la fin septembre.

Bush a été en mesure de reproduire un exploit similaire contre les Red Bulls. 

« Nacho a compté plus tard dans la partie, mais Bush a été l’homme du match. Il nous a motivés », a remercié Oduro.

On ne peut guère lui en vouloir, mais Kronberg a ensuite prêché pour sa paroisse. Il est convaincu que certains arrêts sont plus importants que des buts.

« Bien sûr, je dois penser ainsi, je suis un gardien. Je l’espère en tout cas. Il a fait d’autres beaux arrêts et on a besoin de ça présentement », a noté l’Américain de 33 ans qui a été surpris du résultat des élections dans son pays.

Bush corrige l'erreur de Cabrera!

Les efforts à investir pour se préparer en vue d’un pénalty sont plutôt spécifiques. En effet, comme Kronberg le précise, il serait bête - et contre-productif pour la confiance - de trop s’y entraîner.  

« Tu ne veux pas encaisser 48 buts sur 50 tirs. On pratique plus certaines choses en fonction de quelques joueurs », a-t-il admis.

Ce travail viendra éventuellement à propos des joueurs du Toronto FC. Mais, étant donné que le match aller sera uniquement présenté le 22 novembre (au Stade olympique), rien ne pressait à la suite de deux jours de repos.

« C’était un congé nécessaire, on avait besoin de se calmer un peu après cette belle victoire. On était excité et toute la ville l’était pour nous. Maintenant, on est de retour au travail. Le prochain match est loin alors il faut s’amuser un peu tout en commençant à se préparer », a proposé Oduro.

Notons que le milieu de terrain Hernan Bernardello ne s’est pas entraîné sur le terrain. Il avait aussi choisi cette option plus d'une fois avant la dernière partie. Quant à Laurent Ciman, Ambroise Oyongo et Johan Venegas, ils se retrouvent avec leur équipe nationale. 

Pas évident comme sacrifice 

En s’adressant au gardien réserviste de l’Impact, on avait un peu de compassion pour lui. Kronberg a obtenu un seul départ en MLS cette saison et il n'a passé que 128 minutes sur le terrain.

« C’est très difficile de remplir ce mandat, j’essaie de demeurer le plus impliqué que je peux. Je tente d’aider les jeunes et les autres gardiens. Je fais ce que je peux pour que l’équipe soit meilleure. Je veux être utile autant que je le peux même si ce n’est pas en jouant », a-t-il expliqué.

Au moins, il s’entend très bien avec Bush qui est son allié et son compétiteur.

« J’ai une fille de deux ans et demi et il en a une de trois ans, ce sont les meilleures amies. On se tient ensemble, c’est un bon gars sur le terrain et à l’extérieur. On est des amis et on a le même but. C’est important de garder une bonne relation et j’essaie de le pousser autant que je peux. C’est mon rôle actuellement », a-t-il décrit.

Les familles américaines de Bush et Kronberg se plaisent donc à Montréal.

« J’aime la ville, je suis proche de plusieurs joueurs. La ville est fantastique, elle a tellement de choses à offrir. La circulation est un peu difficile alors j’opte souvent pour le métro, mais c’est un bel endroit pour élever sa famille », a conclu l’athlète originaire de la Californie, un État qui a penché pour Hillary Clinton.