Petit à petit, on se rapproche de l’objectif ultime. Après avoir été freinés l’an dernier en demi-finale de l’Est, nous voilà aujourd’hui en finale de notre Association après avoir vaincu un redoutable rival, et pas n’importe lequel.

Non seulement les Red Bulls de New York ont-ils terminé le calendrier régulier premiers dans l’Est, ils étaient de plus les favoris des pronostics pour soulever la coupe MLS. Or, nous les avons toutefois privés de cette opportunité cette saison en nous imposant 2-1 dimanche sur leur propre terrain, ce que nous n’avions jamais réussi depuis notre entrée dans la MLS.

Bref, on peut être fier de nous.

Tout a commencé à Montréal, à l’occasion du match aller de cette série. Trois jours à peine après avoir remporté notre match de barrage sur le terrain du D.C. United, nous nous frottions à des Red Bulls qui avaient pour principal objectif de jouer le plus vite possible pour nous fatiguer et ainsi nous forcer à commettre des erreurs qui ne surviennent que lorsqu’on joue plusieurs matchs dans une courte période de temps.

Notre volonté a toutefois eu le dessus sur notre fatigue. En parvenant dans ces circonstances à élever notre jeu d’un autre cran et à poursuivre sur notre lancée amorcée à Washington, nous avons démontré l’étendue de notre force mentale et de notre caractère.

C’est donc dans cet état d’esprit que nous nous sommes présentés dans l’enceinte des Red Bulls. Gonflés à bloc, confiants, organisés, structurés...

Ajoutez à cela un gardien de but en pleine forme, une défense prête à tout pour bloquer l’adversaire, un milieu de terrain qui neutralise les milieux adverses, et finalement, une attaque efficace. De l’exécution et de l’efficacité, c’est ce dont tu as besoin en séries éliminatoires avant de semer le danger en temps opportun.

Le sauveur et la providence

Avant même de penser à marquer, il fallait bien sûr ne pas encaisser le premier but. Si nous avons échappé à ce scénario, on le doit comme vous le savez sans doute à notre gardien Evan Bush, qui a stoppé le toujours dangereux Sacha Kljestan sur penalty à la 21e minute de jeu.

Ce fut le moment déterminant de cette rencontre, le fait saillant, le moment clé, le point tournant... Je manque de superlatifs pour souligner l’importance de cet arrêt de mon coéquipier. Alors que la rencontre était encore relativement jeune, les Red Bulls jouaient très direct et poussaient pour aller chercher ce but qui nous aurait placés sous une pression énorme. Un but de Kljestan aurait alors créé l’égalité 1-1 au total des buts, et il ne faut pas se le cacher, les fantômes du passé au Red Bull Arena auraient pu venir nous hanter.

Comme on le dit en anglais, Bush a été clutch. Après Matteo Mancosu dans les derniers matchs, c’était maintenant au tour de Bush de s’imposer. Pour réaliser un arrêt du genre sur penalty dans un moment aussi critique, il faut être porté par une confiance très élevée.

On croyait déjà en nos chances d’accrocher un résultat favorable à notre cause avant cet arrêt, mais ce jeu d’une importance capitale s’est révélé en plus un élément motivateur et stimulateur. Il nous a permis d’y croire encore plus.

Si bien que, comme lors du match aller, nous sommes parvenus à ouvrir le score vers la 60e minute de jeu, alors que la fatigue commence à être un facteur et que le jeu s’ouvre peu à peu. Après Mancosu à la 61e minute une semaine plus tôt au Stade Saputo, Ignacio Piatti a une fois de plus été l’homme providentiel à la 51e minute en enfonçant le premier de ses deux buts de la rencontre.

Bush nous a donc sauvés avant que Nacho ne nous délivre et débloque le match avec un drible et toute la touche magique qui le caractérise.

Un autre chapitre

Nous voilà donc sur le point d’écrire un autre chapitre de l’histoire qui nous lie au Toronto FC. Je l’ai souvent écrit dans cette tribune, mais la rivalité qui nous unit ne fait que s’intensifier année après année. Chaque fois que nos routes se croisent, surtout en fin de saison, les matchs gagnent en importance.

En 2012 d’abord, alors qu’ils étaient déjà écartés du portrait des séries, les Torontois étaient déterminés à nous priver de précieux points pour notre course aux éliminatoires. Puis, en 2013, lors du tout dernier match de la campagne, leur victoire de 1-0 a remis notre sort entre les mains du Fire de Chicago.

En demi-finale du Championnat canadien de 2013, nous leurs avons également joué un vilain tour en s’imposant 6-0 à la maison après avoir subi un revers de 2-0 lors du match aller, ce qui nous a permis de poursuivre notre route.

Ensuite, en 2014, alors qu’ils avaient besoin de deux victoires à leurs deux derniers matchs de la saison pour accéder à la ronde éliminatoire, nous avons arraché un nul de 1-1 qui leur a enlevé tout espoir.

Et finalement, l’an dernier, nous avons écourté la première présence en séries de leur histoire en nous imposant 3-0 dès le premier tour alors que nous disputions quant à nous le premier match éliminatoire de notre histoire à domicile.

Inutile de dire que le prochain duel sera d’une tout autre intensité puisque nous en serons tous les deux notre première présence en finale de l’Est.

Tous au Stade!

C’est donc un rendez-vous dans près de deux semaines, le 22 novembre prochain, au Stade olympique pour le match aller de cet affrontement historique. Deux semaines pour se procurer un billet. Deux semaines pour supporter son équipe, sa ville. Deux semaines pour remplir le Stade!

Quand il est plein, le Stade est vibrant. Nous en avons eu la preuve en 2015 lors de notre parcours jusqu’en finale de la Ligue des champions de la CONCACAF. Un 12e joueur, ça joue un rôle déterminant dans un match comme celui-ci.

On avance, mais il y a des gens derrière nous qui nous poussent. On a besoin de vous. C’est déjà un moment historique pour nous d’avoir atteint ce point, mais on veut continuer. On n’a pas fini.

*Propos recueillis par Mikaël Filion