MONTRÉAL – Si Cameron Porter a vécu l’euphorie en marquant un but historique pour l’Impact de Montréal en Ligue des champions de la CONCACAF, sa force mentale a été mise à rude épreuve par les deux blessures qui l’ont empêché de jouer un match régulier depuis la fin mars 2015.

Celui qui avait survolté le Stade olympique avec un but libérateur s’était relevé d’une déchirure ligamentaire au genou gauche subie quelques semaines après son exploit.

Cette malchance survenue dès le deuxième match de la saison 2015 lui avait donc fait rater toute la suite de cette campagne remplie de rebondissements. Acharné comme il peut l’être sur le terrain, Porter s’est plongé dans sa remise en forme avec une grande conviction.

Mais, tout le travail accompli, pendant près d’un an, s’est envolé en fumée quand il s’est blessé peu de temps avant le début du calendrier 2016. Cette fois, c’est un problème aux muscles ischiojambiers qui est venu l’empêcher de renouer avec l’action.

Une fois de plus, l’Américain s’est retrouvé à l’écart du groupe et il a dû bucher pour recouvrer la santé. Après plus de deux mois et demi d’effort, Porter est enfin soulagé parce qu’il est parvenu à compléter un premier entraînement complet avec ses coéquipiers mercredi.

« C’est absolument merveilleux comme sensation! Ça ramène le sourire dans mon visage », a convenu Porter quelques minutes après cette séance qui n’avait rien de banal à ses yeux.

En effet, Porter l’admet d’emblée, il a éprouvé beaucoup plus de difficulté à composer mentalement avec sa plus récente blessure que sa précédente.

« C’était difficile, tu te rapproches de jouer des matchs et tu encaisses cette autre blessure… Je peux vous dire que ça m’a vraiment testé mentalement. Si je pensais que la blessure à mon genou avait été éprouvante, celle-ci l’a été davantage », a confié l’athlète originaire de l’Ohio.

La bonne nouvelle, c’est que Porter fêtera seulement son 23e anniversaire le 23 mai. Certains diront qu’il s’agira de son année chanceuse et il doit être le premier à le souhaiter.  

« Tout ce processus me fait réaliser à quel point le sport professionnel exige de la patience parfois. Ça me fait aussi sympathiser avec d’autres joueurs qui tombent au combat pour plusieurs semaines comme Donny (Toia) ou même des adversaires comme (Jozy) Altidore (du Toronto FC). Tu comprends toute la frustration qu’ils peuvent ressentir et à quel point ils souhaiteraient être sur le terrain », a évoqué l’attaquant très articulé.

Lors de sa première longue convalescence, Porter avait profité de ses temps libres pour améliorer ses connaissances très honnêtes du français. Cette fois, il a plutôt senti le besoin de s’évader dans le divertissement.

« Pour être franc, c’était plus difficile mentalement donc j’ai décidé de me divertir en lisant de la fiction. Je suis tombé dans une série (Chronique du tueur du roi) à partir du premier tome The Name of the Wind », a exposé celui qui a tenu à expliquer qu’il s’est exprimé en anglais puisqu’il était complètement épuisé après ses minutes supplémentaires sur le terrain.

Du temps à reprendre auprès de Drogba

Certes, la séance de mercredi a enlevé un énorme poids de ses épaules, mais Porter devra tout de même ajouter un chapitre à sa patience. Ça s’explique facilement à la suite d’une absence de cette envergure.

L’intrigue actuelle consistera donc à retrouver son arsenal dans toutes ses sphères.

« Chaque jour, je me sens plus proche, je retrouve mes sensations et je sens mieux comment le jeu se développe. C’est vraiment différent de s’entraîner en solitaire », a indiqué Porter qui ne croit pas avoir perdu de sa vitesse.

« Je me concentre à ramener ma condition physique à son sommet. Quand les entraîneurs détermineront que c’est le moment, je serai prêt », a-t-il précisé sans vouloir devancer les étapes.

Le dernier mot appartiendra donc à Biello avec l’approbation du personnel médical.

« Il va bien, il est revenu à 100 % avec le groupe, il doit retrouver le rythme et sa condition physique. Il faut le pousser et voir comment il réagira. Il gagnera en confiance et on pourra déterminer quand il se rapprochera d’être une option », a décrit Biello.

Comme la réalité du sport le veut, Porter devra remonter les échelons de l’organigramme offensif de l’Impact. Derrière Didier Drogba et Dominic Oduro, Anthony Jackson-Hamel et Michael Salazar l’ont devancé.

En observant ce contexte, il ne serait donc pas étonnant de voir Porter disputer une ou des parties avec le FC Montréal.

Bien sûr, Porter ne voudra pas éterniser cette période de conditionnement physique. Le diplômé en informatique trépigne d’impatience à l’idée de s’entraîner avec Drogba.

« Évidemment, j’aurais voulu m’entraîner que ce soit avec l’équipe ou avec Didier. C’est dommage, mais j’ai pu lui parler très souvent et c’est similaire. Ce n’est pas parfait, mais la perfection n’existe pas », a avoué Porter.

Le moment sera encore plus spécial quand il pourra partager le terrain avec la légende ivoirienne comme l’a vécu Salazar à Columbus.  

« C’est certain, je reçois beaucoup de messages d’amis qui me disent qu’ils ont vraiment hâte de me voir jouer avec lui. Mais, je veux d’abord aider mon équipe à gagner des matchs, c’est tout ce que je veux », a réagi l’attaquant.

À ce propos, les matchs les plus récents en tant que spectateur ont été particulièrement pénibles pour le numéro 39.

« Dans les dernières semaines, c’était frustrant parce que je sentais que j’aurais pu être sur le terrain et j’aurais voulu aider mes coéquipiers. C’est tellement difficile de regarder les matchs sans pouvoir participer à l’effort du groupe », a conclu Porter, un jeune d’un commerce fort agréable qui espère que les blessures sont derrière lui.