L'entraîneur par intérim de l'Impact de Montréal Mauro Biello veut mousser l'appartenance au club
Impact lundi, 31 août 2015. 09:47 lundi, 31 août 2015. 11:37MONTRÉAL – Avant même qu’il ne dise un mot dans son nouveau rôle d’entraîneur-chef de l’Impact de Montréal, la fierté se lisait sur le visage de Mauro Biello donc ce n’est pas étonnant qu’il ait parlé de l’importance d’augmenter le sentiment d’appartenance au club.
Dans un discours rafraîchissant et très ouvert, Biello a confié ses états d’âme par rapport au plus imposant défi de sa carrière. La mission s’annonce peut-être colossale pour celui qui a été campé dans des fonctions d’adjoint durant six ans, mais on peut dire qu’il s’y est pris d’excellente façon pour essayer de renverser la vapeur au sein du onze montréalais.
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Contrairement à certains de ses prédécesseurs ou homologues de différents sports, Biello n’a pas tourné autour du pot pour identifier les aspects à corriger. Évidemment, il ne pourra pas effacer et repartir à zéro avec seulement 11 matchs à disputer, mais il sait déjà vers quoi il dirigera ses énergies.
« Il faudra prioriser les choses les plus importantes. D’abord, je voudrais changer cette mentalité et transmettre cette passion et cette fierté de jouer pour l’Impact. Je crois qu’on a tout ici pour réussir avec un propriétaire solide, un stade exceptionnel, une province passionnée par le soccer, une Académie, un centre d’entraînement de haut niveau... Toutes ces choses sont importantes », a entamé Biello avant de dévoiler la lacune à rétablir.
« Il faut aller chercher cette appartenance qui peut-être n’était pas là. Je vais m’assurer de transmettre tout ça dans mon travail », a avoué celui qui espère garder ce travail à long terme et qui a embauché Jason Di Tullio à titre d'adjoint pour compléter le trio avec Enzo Concina.
En y allant de cette déclaration, Biello a lancé un message fort et il a eu besoin de préciser sa pensée. Sans surprise, le capitaine Patrice Bernier n’est pas à blâmer dans ce constat tout comme d’autres joueurs faciles à identifier comme Evan Bush, Justin Mapp ou Laurent Ciman.
« Patrice n’est pas le seul à ressentir cette fierté, ils sont plusieurs parmi le lot. Au niveau collectif, ils doivent comprendre ce que ça représente de jouer ici et porter ce maillot. On doit toujours valoriser ces aspects et tout le monde doit partager cette identité que je vais essayer de transmettre », a détaillé Biello qui a précisé que Bernier ne figurait pas parmi les candidats pour s’ajouter au personnel d’entraîneurs.
Justement, cette caractéristique différencie Biello de ceux qui l’ont précédé sur les lignes de côté de l’Impact et il se servira de cet atout.
« Si on me demande ce que j’ai de différent des autres entraîneurs, c’est ça. Je dois le transmettre à mes joueurs, ça fait mal quand tu perds et je veux une équipe qui va se battre », a ajouté Biello qui croit pouvoir développer ce sentiment chez certains membres de la formation.
« Le meilleur exemple, c’est Marco Di Vaio qui voulait toujours gagner à l’entraînement. C’était en lui et ce ne sont pas tous les joueurs qui ont ce caractère. Mais ça peut se développer et je veux les aider dans ce sens. Si on peut faire ça, on sera une meilleure équipe. »
Ce dossier de l’identité a inévitablement mené la discussion vers celui des joueurs locaux. De l’avis de plusieurs intervenants, les joueurs issus du Québec ne disposent pas de la même marge de manœuvre.
« Chaque cas est différent, ce n’est pas parce qu’ils viennent d’ici ou d’ailleurs. Je sais c’est quoi être un jeune joueur du Québec qui n’a pas joué. J’ai dû patienter pendant trois années avant de pouvoir le faire donc j’en parle avec les jeunes joueurs. Ce n’est pas toujours facile, mais ça prend de la patience et de la confiance », a répondu Biello qui ne se gênera pas pour déléguer les meilleurs éléments sur le terrain pour gagner les parties.
« Si un jeune sort d’ici et devient la prochaine vedette, je serai tellement content pour lui et cette ville. On travaille si fort à l’Académie, elle va exploser bientôt de talent. Maintenant, je dois équilibrer ça et trouver une formule gagnante », a enchaîné l’ancien joueur de l’Impact.
À travers ces frustrations, Biello a tenu à dire que Klopas n’avait pas « perdu son vestiaire ». En faisant le saut d’adjoint à chef – ce qu’il a déjà fait lors de suspensions de Klopas et Schällibaum - l’homme de 43 ans ne craint pas de réticences du groupe pour implanter son autorité.
« On a réussi de bonnes performances sans obtenir les résultats. Quand ça arrive, le doute se présente et ça finit par se voir sur le terrain. Ensuite, quand la confiance commence à réduire, tu finis par déployer des performances moyennes », a évoqué Biello pour expliquer le ralentissement menant au congédiement.
Biello n’écarte aucune option
Quand une équipe se contente d’une victoire en sept matchs (le bilan du mois d’août), elle peut difficilement se terrer dans une seule vision. Ainsi, Biello a démontré de l’ouverture en ce qui concerne le système habituel de 4-2-3-1.
« Je ne dis pas non au 4-4-2, je ne vais pas fermer d’options, je veux voir ce qui marche pour avoir la meilleure chance de gagner. Mais un système, c’est avant tout une animation et le plus important demeure nos principes de jeux et comment on va s’animer avec le 4-2-3-1 ou le 4-4-2. On veut être une équipe qui joue vers l’avant dans notre organisation offensive. On veut pouvoir déséquilibrer par les côtés, avoir des dédoublements de nos latéraux... », a confié le nouveau patron heureux de compter sur des piliers comme Ignacio Piatti, Justin Mapp, Dilly Duka, Andres Romero, Maxim Tissot et maintenant Didier Drogba.
Sans vouloir blâmer Klopas – avec lequel il restera en contact par amitié – Biello a reconnu qu’il allait modifier quelques manières de procéder.
« Je veux une équipe capable de réagir et s’adapter dans les moments d’un match. On sera prêt en appliquant nos principes à l’entraînement et on travaillera chaque jour pour développer cette identité », a ciblé Biello ce qui pourrait réjouir Laurent Ciman qui avait déploré l’absence de philosophie.
Biello constate aussi qu’il devra rehausser la confiance de son effectif qui a raté une panoplie d’occasions de marquer sous les ordres de Klopas.
« Plusieurs choses arrivent dans une saison, ce sont des montagnes russes émotives pour les joueurs et la confiance finit toujours par avoir un grand rôle pour un athlète professionnel. Quand les choses vont moins bien, ça finit par te jouer dans la tête donc ce sera à moi de rebâtir et maintenir la confiance », a-t-il exposé.
S’il est parvenu à fournir des réponses intéressantes devant la presse, il devra avant tout produire les résultats escomptés sur la pelouse.
« Ce sera probablement la chose la plus difficile de ma carrière, mais je vais m’assurer d’être le plus organisé que je peux pour que ça fonctionne. [...] Je veux saisir cette chance et aider l’équipe. »
Les amateurs seront intrigués de découvrir si l’identité de l’équipe sera remodelée sous la supervision de Biello qui ne pouvait pas refuser cette occasion en or.
« Tu ne peux jamais être 100% prêt pour un tel poste. Mais il y a beaucoup d’entraîneurs plus jeunes que moi, je pense à Jesse Marsch (Red Bulls), Jim Curtin (Union), Jeff Cassar (Real Salt Lake), Greg Vanney (Toronto FC). On dirait que c’est la nouvelle vague, mais ce n’est pas parce que tu as beaucoup d’expérience que tu auras du succès et l’inverse est aussi vrai. »
Biello a fait référence à la déclaration de Pep Guardiola (entraîneur du Bayern Munich) selon laquelle les entraîneurs sont des voleurs d’idée.
« J’ai eu la chance de travailler avec plusieurs entraîneurs et tu apprends toujours d’eux. Le plus grand défi sera la gestion du groupe et des joueurs. Il faut faire ressortir les forces des joueurs pour qu’ils produisent à la hauteur de leurs capacités et ça prend une mentalité ouverte pour apprendre », a-t-il reconnu.
Ironiquement, Alessandro Nesta a été nommé entraîneur du Miami FC la même journée que la conférence de presse de Biello. Nesta, qui n’a jamais raffolé des entrevues pendant son passage à Montréal, était le candidat souhaité par certains partisans pour diriger l’Impact.
Bien sûr, le nom de Biello ne résonne pas autant au niveau international et la venue de Didier Drogba avec le club pourrait inciter plusieurs entraîneurs à courtiser Joey Saputo pour venir travailler à Montréal.
« C’est la réalité de ce métier, je serai jugé par mes résultats et je suis d’accord. C’est ma chance de pousser cette équipe à un plus haut niveau. Je vais faire de mon mieux et on verra ce qui arrivera », a conclu Biello qui a eu la chance de féliciter son ami Nesta pour son embauche.
Mardi, ce sera au tour de Klopas de répondre aux questions des médias.