MONTRÉAL – Pour le début de l’ère Mauro Biello, l’effet Drogba a fait trembler la planète soccer alors qu’il a enfilé ses trois premiers buts pour propulser l’Impact de Montréal vers une victoire, une sensation qui remontait au 1er août, au compte de 4 à 3 face au Fire de Chicago dans un Stade Saputo en liesse.

À son tout premier départ en MLS, Drogba a démontré sa supériorité exceptionnelle dans toutes les sortes de duels, surtout ceux aériens, enfilant l’aiguille aux 27e, 61e et 65e minutes de manière impressionnante.

Lors de l’un des matchs les plus enlevants de l’histoire de l’Impact, il est devenu le premier joueur à obtenir un tour du chapeau aussi rapidement en MLS. De plus, l’Impact a égalé sa meilleure production offensive de la saison dans le circuit Garber et le total aurait pu grimper à cinq, six ou sept buts sans quelques bijoux du gardien adverse Sean Johnson.

« C’est exceptionnel pour un premier match. Même nous on se disait qu’il aurait besoin d’un peu de temps, mais c’est déjà réglé. Wow, quel match! On retient ses buts, mais il faut aussi parler de son travail défensif et de son implication pour garder le ballon », a raconté Wandrille Lefèvre avec épatement.

Ceux qui craignaient que Drogba soit arrivé à Montréal trop tard à 37 ans auront eu leur réponse sans tarder. Déjà le nouveau roi en ville, la vedette africaine a prouvé qu’il n’avait pas besoin d’une période d’adaptation au jeu nord-américain et il a accompli cet exploit sans être guéri à 100 %.

« C’est encore douloureux et encore plus après un match, mais je dispose de quelques jours pour me reposer et soigner le tout », a indiqué le héros sans équivoque de la soirée.

« La foule a été merveilleuse! » a ajouté l’athlète de haut niveau.

« Qu’est-ce que je peux dire? C’était toute une performance de sa part. Il est une personne tellement engagée, il a gagné partout et il est venu ici avec ce vouloir de l’emporter et on l’a constaté dans ce match », a félicité Biello.

Avec son premier, le géant ivoirien a mis un terme à une séquence de 255 minutes sans but du onze montréalais à domicile en MLS tandis qu’il a créé l’égalité et procuré l’avance (4-3) aux siens avec ses deux autres buts. Lefèvre, d’une superbe tête, a été l’auteur de l’autre but des siens.

« Pour une équipe qui veut aller loin en éliminatoires, on a concédé trop de buts à domicile, on se doit de faire mieux que ça. On a montré une capacité à revenir au score donc il y a de bonnes choses et de moins bonnes » a analysé Drobga entouré de dizaines de journalistes.

Ironiquement, le centre menant à la réussite initiale de Drogba est venu du pied de Nigel Reo-Coker avec lequel il s’était déjà bousculé en Ligue anglaise. Heureux de partager le terrain avec Drogba, Reo-Coker (qui a joué un fort match) s’est empressé de lui sauter dans les bras pendant que la foule explosait de joie.

« C’est à propos de l’équipe, on n’est rien sans tous les joueurs autour de nous. Didier a été fantastique dans ce match, mais c’était aussi une belle performance d’équipe », a déclaré Reo-Coker fier de sa prestation.

L’ironie ne s’arrête pas là, il faut se rappeler que les droits de Drogba appartenaient d’abord au Fire qui a dû regretter d’avoir lâché le morceau. En toute objectivité journalistique, on peut déclarer qu’il se situe dans la catégorie des athlètes exceptionnels et que Marco Di Vaio était de la petite bière en comparaison avec lui.

Le seul hic, c’est que l’Impact a dû composer avec une défense amputée en raison des absences de Laurent Ciman et Ambroise Oyongo (en sélection nationale) et Victor Cabrera (suspension). Le quatuor composé de Maxim Tissot, Donny Toia, Wandrille Lefèvre et Nigel Reo-Coker a cédé trois fois dont en concédant un penalty à la suite d’une faute de Tissot.

Jeff Larentowicz (36e), Gilberto (44e) et Kennedy Igboananike (59e) ont touché la cible contre Evan Bush.

« Il faut améliorer le travail défensif, ça prend un marquage plus serré notamment dans la surface. On reverra la vidéo pour corriger quelques trucs. Ce fut un effort collectif et onze joueurs se battaient sur le terrain, on a gagné ensemble », a noté Biello qui espère que ses matchs aux commandes du club ne seront pas tous aussi stressants que celui-ci.

« J’espère que non, j’ai l’impression d’avoir 53 ans présentement! Nous avons encore 10 matchs à disputer et il faudra se battre pour notre vie jusqu’à la fin. Bien sûr, il y aura des matchs exigeants comme celui-ci et il ne faudra pas abandonner », a-t-il répondu en riant.

Le onze montréalais devait aussi se débrouiller sans Johan Venegas, Eric Miller – aussi partis représenter leur pays – ainsi que Patrice Bernier (blessure) tout comme les joueurs de soutien Kyle Bekker et Maxime Crépeau.

En raison de cette récolte de trois points et de la défaite d’Orlando City, l’Impact s’est replacé au sixième et dernier rang dans l’Est donnant accès aux éliminatoires dès la première partie depuis le congédiement de Frank Klopas.

Avec son ancien adjoint aux commandes, l’Impact a présenté un portrait un peu plus agressif offensivement. Il faut dire que le retour de Drogba et Ignacio Piatti a favorisé le tout. On présume que Klopas s’est mordu les doigts dans son salon en se disant qu’il n’avait pas pu bénéficier d’un match complet de Drogba!

« Je suis heureux pour l’entraîneur et pour Frank que je veux remercier parce que ce résultat était aussi pour lui », a gentiment témoigné Drogba.

« Derrière un but, il y a toujours une belle passe. Bien sûr, je voulais marquer, mais le plus important était de gagner ce match. Depuis que je suis ici, nous n’avions pas gagné et je voulais vraiment changer ça », a-t-il martelé.

Cet accent vers l’attaque a aidé Lefèvre à inscrire le deuxième but de son camp. Cependant, Calum Mallace a été déployé plus haut, mais ses carences en possession du ballon ont altéré quelques poussées. Comme souhaité, le jeu s’est également plus dirigé vers les ailes provoquant des occasions, dont le premier but de Drogba.

À la 22e minute, Andres Romero a encaissé un puissant ballon directement au visage et les mauvaises langues diront que ceci lui aura un peu replacé les idées puisqu’il a été légèrement plus efficace

Ce spectacle enlevant s’est déroulé devant les membres des Ultras qui avaient reçu une sanction les empêchant de se manifester comme à leur habitude en raison de leur utilisation de fumigènes. Ils ont protesté en demeurant silencieux et en exposant des bannières pour déplorer le geste.

On pourrait dire que c’est l’Impact qui a pris la relève en voulant en mettre plein la vue à la demie avec une chanson de Radio Radio et un numéro de feux d’artifice.

Dilly Duka, Eric Alexander et Dominic Oduro ont fait leur entrée dans la partie en remplacement de Piatti, Romero et Justin Mapp.

Avec cette rencontre, l’Impact a entamé une portion déterminante de six parties en 22 jours en septembre. Elle se poursuivra le 12 septembre au domicile du Galaxy de Los Angeles et ensuite à San Jose. Les joueurs partis en matchs internationaux seront de retour pour la suite des choses à l’exception de Ciman qui doit purger une suspension de deux parties.