Il faut qu’on parle de Ballou. Ballou, c'est le surnom de Jean-Yves Ballou-Tabla, joueur de soccer de 15 ans qui vient de remporter le titre de meilleur joueur canadien U17 pour l’année 2014. Il faut qu'on en parle, pas seulement parce que j’ai envie qu’on en parle; pas seulement parce que je désire m’accrocher à un petit rayon de soleil qui perce la grisaille ambiante un peu trop pesante qui englobe le soccer unifolié... Il faut qu'on parle de Ballou parce qu'il le mérite bien et, qu'à la fin, il doit bien apprendre à gérer les éloges autant que les critiques s'il veut aller loin.

Pour ceux qui ne le connaissent pas, il faut savoir que le petit joyau du soccer juvénile québécois s’entraîne au Centre National de Haute Performance (CNHP) de la Fédération de soccer du Québec et qu’il joue avec Panellinios, club amateur situé à dans le quartier Parc-Extension de Montréal. C’est avec ce club qu’il marque des buts qui me font bondir de mon siège - par exemple celui-ci (à 1:50)! Et tant qu’à se faire plaisir, celui-là n’est pas mal non plus (marqué au mois de novembre avec l’équipe du Québec U17M en Belgique).

Non, vous n’avez pas la berlue, Ballou est un talent local qui ne fait pas partie de l’Académie de l’Impact de Montréal bien que, en abordant le sujet avec ses responsables, la porte du centre de formation du Bleu-blanc-noir lui semble ouverte. Si j’ai déjà vanté sur ce blogue les mérites de l’Académie montréalaise, il faut savoir qu’elle n’a pas le monopole du travail de qualité au Québec. Et ça, c'est une bonne nouvelle.

C’est sous les ordres de Mike Vitulano que le jeune joueur d’origine ivoirienne évolue au CNHP. L'éducateur dirigeait l'équipe du Québec U17 masculine qui était en tournée en Belgique le mois dernier. « On cherche toujours un joueur spécial. Quelqu’un capable de créer, qui improvise. Et c’est ça que Ballou amène avec sa vitesse et ses habiletés techniques. Il est une coche au-dessus à cause de ça, » me confie-t-il au téléphone.

Pour tout vous dire, j’ai eu moi-même la chance de voir Ballou pour la première fois alors qu’il n’avait que 12 ans lors du Tournoi des Sélections régionales qui avait lieu à Laval en 2011. L’impression avait été favorable - et cela, même si Concordia avait vaincu la sélection de la Rive-Sud que je pilotais! Bien sûr, toute chose étant relative, mais je dois pourtant avouer que sur le coup, je n’avais pas pu m’empêcher de penser que ce joueur était plus excitant à regarder que certains professionnels que l’on nous demande de payer pour aller voir jouer. Quand je parlais de rayon de soleil... 

Pourtant, ce n’est pas sans une certaine appréhension que j’écris ces paragraphes aujourd’hui. Des joueurs prometteurs, j’en ai vu plusieurs durant les dernières décennies (j'ai 36 ans, faites votre décompte). Mais rares sont ceux qui ont continué à faire leur marque et qui peuvent prétendre avoir réussi. Pour Vitulano, la progression de Ballou est toutefois constante. « Même s’il a reçu de nombreux honneurs et qu’il est souvent surclassé, il demeure humble. Ça ne semble pas le déranger. » L’entraîneur québécois ajoute que son protégé, qui est présentement à un camp avec l’équipe canadienne U17 en Floride, est parfois invité à s’entraîner avec les U20 qui sont également sur place. De quoi mesurer sa capacité face à des gabarits plus imposants.

Évidemment, un tel talent ne passe pas inaperçu. Et nombreux sont ceux qui désirent « le bien » de cet espoir du soccer local. Entre les camps d’équipe nationale et les essais dans des clubs étrangers, il ne doit pas être évident de naviguer à travers toutes les propositions offertes à Ballou. Entre les branches, on évoque un intérêt assez sérieux d'un club que j'ai la chance d'analyser les samedi matin à RDS... Cela étant, les embûches administratives et logistiques sont nombreuses pour un joueur qui n'a pas 18 ans et qui n'a pas de passeport dans l'Union européenne.

Bref, mis à part les académies de clubs MLS récemment mises sur pied, ce qu'il faut retenir, c'est que le cheminement vers le niveau professionnel en Amérique du Nord n’est pas aussi standardisé au soccer qu’il ne l’est au hockey. En quelque sorte, il appartient à chaque joueur de tracer sa propre voie. D'où l'importance de chaque décision.

Mais ce qu’on sait, pour l'instant, c’est que Ballou a du talent et qu’il a l'air de beaucoup aimer s’entraîner. Tant mieux, parce que j’aimerais bien pouvoir vous parler de lui pendant de nombreuses années.

NDLR: Après discussion avec un éducateur de l'Académie de l'Impact de Montréal, il convient de mentionner que Jean-Yves Ballou-Tabla a déjà fait partie du centre de formation du club montréalais mais qu'il l'a quitté de son plein gré. Comme le texte en fait mention, le club se montre ouvert à une éventuelle ré-intégration. Dans les mots de l'éducateur : « on veut toujours avoir les meilleurs joueurs. »

Pendant ce temps, au Maroc, il y a cette petite compétition qui regroupe les clubs champions de chacun des continents de la planète. La Coupe du monde des clubs, vous connaissez?  

Source: PC

Peut-être avez-vous entendu parler des exploits du Real Madrid bien que Cristiano n’ait pas encore marqué? La victoire de 4-0 contre Cruz Azul, où évolue dorénavant un certain Hernan Bernardello, fut sans équivoque. Le Real jouera en finale samedi contre San Lorenzo, l’ancien club de Nacho Piatti.

Vous imaginez un jour l’Impact de Montréal affronter de tels géants du foot mondial? Ne riez pas, c’est possible. Pour y arriver, il faut d’abord savoir s’imposer au niveau continental. La Concachampions, c’est le nom du titre à aller chercher. 

Par une heureuse coïncidence - et j’imagine que si vous avez lu ce texte jusqu’ici, c’est que vous êtes déjà au courant - le onze montréalais est encore dans la course cette année. Soyons clair, le quart de finale de Ligue des Champions Concacaf, ces matchs aller-retour contre Pachuca, ça sert à éliminer des équipes jusqu’à ce qu’on couronne un club champion pour représenter notre zone géographique dans le tournoi mondial dont on parlait plus haut. Le tournoi qui aura lieu en décembre 2015 pour le vainqueur de Concachampions au printemps prochain.

L’Impact de Montréal aimerait compter sur votre soutien pour l’occasion. Le club a même préparé un joli petit vidéo pour souligner l’occasion. Pour ma part, j’y serai. (J’ai même prévu aller au Mexique pour le premier des deux matchs). 

Bref, à mettre à votre agenda.