Par où commencer? Par ceux qui se sont fait congédier. Comme bien d’autres qui l’ont précédé, ce bilan a beau avoir duré une éternité, la nouvelle la plus frappante de toute l’assemblée fut annoncée d’entrée par le Président Saputo. Les soupçons étaient donc fondés, c’est terminé pour Mauro Biello et ses adjoints.

Une triste fin au lendemain du jubilé de Patrice Bernier, et tout en contraste par rapport à la veille étant donné que cette autre légende du club n’était, elle, pas en contrôle de sa destinée. Biello est-il le bouc émissaire des insuccès de l’Impact? En bonne partie, oui, puisqu’il est tenu responsable d’un échec collectif où joueurs et dirigeants ont aussi été parties prenantes.

On ne pourra reprocher à Biello de ne pas avoir voulu gagner ni d’avoir ménagé ses efforts pour mettre ses joueurs dans les meilleures conditions qu’il était en mesure d’offrir. Et malgré un dialogue constant entre lui et ses joueurs-cadres, les résultats sous les attentes auront mené à son renvoi ainsi qu’à celui de ses adjoints.

Il faut tout de même reconnaître que les chiffres mentionnés en point de presse par le Président Saputo ne jouaient pas en faveur de l’entraîneur. Les statistiques de points perdus en fin de rencontre et de nombreux buts accordés sur jeux arrêtés semblent finalement avoir été les éléments poussant Saputo à y aller d’un changement. Un président galvanisé, déjà concentré à étaler sa longue liste de critères et à préparer ses entrevues avec les candidats à la succession de Biello.

Malgré le fait qu’on ait récemment nié la rumeur d’une arrivée prochaine d’Alessandro Nesta, l’autorité de Biello envers les joueurs semblait d’ores et déjà minée pour qu’il puisse continuer en tant qu’entraîneur de l’équipe. Dès lors, une nouvelle embauche devenait à toute fin pratique inévitable, ce qui ne devrait toutefois pas exempter la direction sportive de tout blâme. Or, le Président Saputo a tout de même choisi d’enlever les couverts de De Santis et Braz avant de faire table rase.

On espère maintenant mettre en place le nouvel entraîneur dans un avenir rapproché. Les recherches étant depuis longtemps commencées, on parle d’un délai possible de deux à trois semaines avant que l’identité du prochain coach montréalais ne soit révélée. Joey Saputo a mentionné fièrement avoir déjà rencontré de nombreux candidats et que l’investissement allait lui permettre d’avoir quelqu’un d’un autre niveau par rapport à ceux ayant déjà dirigé le club.

Parmi les cibles potentielles, on retrouve Rémi Garde. L’ex-entraîneur de l’Aston Villa en Angleterre et de l’Olympique lyonnais en France était en visite au Centre Nutrilait récemment. En plus d’être libre actuellement, Garde a d’ailleurs un profil qui correspond en plusieurs points à celui évoqué par Saputo. Il a déjà gagné des trophées, il a travaillé au centre de formation lyonnais et on dit qu’il a une philosophie axée sur le jeu offensif. Autre atout, il parle français.

Quant aux joueurs, ils seront passés tour à tour au micro pour partager leurs impressions sur la saison et le départ forcé des entraîneurs. Sans grande surprise, l’incertitude entourant leur avenir au club semblait en affectait plus d’un tandis que certains, comme Ambroise Oyongo et Hernan Bernardello, en ont profité pour annoncer en primeur leur départ de l’organisation.

Entre les déclarations qui en disaient long sur le ressenti dans le vestiaire durant la saison et les phrases passe-partout qu’on entend fréquemment lors des bilans, voici une sélection de citations que vous pourriez un jour utiliser dans une partie de jeu d'association. Des heures de plaisir en perspective pour combler la saison morte.

« J’ai toujours eu la crainte de perdre mon poste. Mais la compétition élevée est bonne pour le groupe. » Victor Cabrera, sur son statut vis-à-vis les fréquents changements en défense centrale.

« Pour un attaquant, il est important de marquer. » Matteo Mancosu, lucide par rapport aux attentes et son rendement cette année.

« J’ai eu trois commotions cérébrales cette année. » Hassoun Camara, heurté, qui devra maintenant se reposer.

« La mentalité doit changer. L’entraîneur quitte en raison de nos erreurs. Mais ça commence avec la mentalité, chaque jour, ici, au centre d’entraînement. » Blerim Dzemaili, insatisfait de l’ambiance durant ses six premiers mois à Montréal. Dzemaili retourne à Bologne aujourd'hui pour continuer à s'entraîner.

« C’est bien, ça va forcer tout le monde à se prouver à l’entraîneur. » Samuel Piette, sur les conséquences de l’arrivée d’un nouveau pilote à la barre de l’équipe.

« C’est ce que c’est. À la fin de la journée, c’est une business et j’ai été dans cette business assez longtemps pour savoir qu’il faut passer à autre chose. » Dominic Oduro, qui montre qu’il connaît la game.

« On lit aussi ce que se dit sur les médias sociaux. On est comme tout le monde. » Anthony Jackson-Hamel, un homme de tendances.

« Est-ce que je peux dire quelque chose? Mauro n’a pas mené l’équipe à un désastre. » Marco Donadel, rappelant les bons coups (2015, 2016) d’un entraîneur à sa première expérience professionnelle.

« Je n’ai pas les cartes en main. » Laurent Ciman, après avoir répété son désir de rester, qui laisse entendre que c’est maintenant au tour du club de jouer. (Ciman en sera à sa dernière année de contrat en 2018).

« Je t’ai donné la réponse que tu m’as demandée. » Ambroise Oyongo, expliquant à un collègue pourquoi il avait dit la semaine passée qu’il souhaitait rester ici une autre année alors qu’il annonçait hier qu’il va finalement s’engager ailleurs dès le mois de janvier.

La poussière n’étant pas encore retombée sur cette saison, il est difficile de voir clairement se qui se dessine en guise de reconstruction. Ce qu’on retient de ce bilan, ce sont plusieurs visages de joueurs anxieux qui aimeraient vite savoir à quoi s’en tenir. Les plus détendus étaient sans doute ceux qui ont une meilleure idée de ce que l’avenir leur réserve même s'ils vont quitter, comme Oyongo, Bernardello et Bernier.

Pour sa part, le président Saputo est apparu somme toute assez motivé par le chantier qu’il a entrepris. Il est d’ailleurs à souhaiter que son enthousiasme soit contagieux, d’autant plus que l’embauche du futur entraîneur représente pour lui un investissement visant à cultiver l’amour envers le soccer et envers le club. Message aux fidèles de l'organisation montréalaise, la prochaine étape sera: l'entraîneur désigné.

On suit tout ça attentivement, parce que quelque chose me dit que même s’il ne jouera plus cette année, le Bleu-blanc-noir n’a pas fini d’occuper l’actualité.