Vous savez, on m’a demandé de parler d’Alajuelense. C’est peut-être mon métier, mais n’allez pas penser que c'est une mince affaire. On aura beau ratisser la toile pour trouver des informations ou analyser des statistiques dans le but de déterminer qui de l’Impact ou des Costaricains fait figure de favori dans cette demi-finale, je vous dis d’entrée de jeu que ces deux équipes joueront d’égal à égal. Il s’agit pour les belligérants de se montrer plus malin. 
 
Car ce n’est pas évident de deviner ce que nous réservent les Manudos. Vous aurez compris que je ne parle pas du vieux groupe de Ricky Martin, mais bien du surnom réservé aux joueurs d’Alajuelense. Pour les curieux, il paraîtrait que ça désigne ceux qui auraient des grosses mains. Déduisez-en ce que vous voudrez bien.
 
Que faire pour dompter ces Lions d’Alajuelense? Oui, les Lions, un autre surnom. C’est que le lion aurait remplacé la mangue qui servait de mascotte au club il y a de cela quelques années. Pour tout vous dire, Alajuela serait la Ville des Mangues. Vous voilà mis à jour. Je disais donc que, contrairement à l’étape des quarts, il ne semblait pas y avoir de favori dans cette demi-finale. Le défi qui se présente au bleu-blanc-noir n’est pas nécessairement plus important sur le plan sportif, mais le club costaricain est plus mystérieux que ne l'étaient les Tuzos de Pachuca.
 
D’abord, il faut admettre que le circuit tico n’a pas la même notoriété que la Liga MX. Et bien qu’Alajuelense ait une réputation enviable d’un point de vue domestique, on en connaît relativement peu sur le club en dehors des frontières du pays de la Pura Vida. Comme le soulignait le collègue Pascal Milano dans son article de lundi, Alajuelense traverse un moment difficile en championnat, n’ayant pas connu de succès depuis six matchs. Se pourrait-il que les Lions aient la tête ailleurs? C’est à prendre avec un grain de sel. Si l’on devait se baser sur le rendement en ligue, combien en 2014 auraient anticipé que l’Impact se rende aussi loin en compétition continentale? Et cet accord de verbe devrait-il être au pluriel?
 
Style de jeu
 
En se basant sur les matchs en quart de finale contre D.C. United, on peut s’avancer en disant qu’Alajuelense aime jouer au ballon. Encore une fois, l’Impact pourrait bien céder la possession à l’adversaire, en se gardant de lui donner les clés du match. « Je pense qu’on peut très bien être en contrôle sans avoir le ballon, affirme Evan Bush. On l’a fait bien souvent contre Pachuca. Si vous voulez-vous passer le ballon entre vos défenseurs centraux, ça va, on ne vous en empêchera pas… » 
 
Evan BushSource : Vincent Éthier
Légende : Evan Bush
 
Sauf qu’Alajuelense n’a pas un style de jeu aussi prévisible que Pachuca qui privilégiait systématiquement un passage par les ailes. Qui plus est, les Costaricains sont très habiles en couverture du ballon, si bien qu’ils se permettent souvent de prendre des risques pour éliminer un adversaire au moyen d’un dribble ou encore d’une passe plus osée entre les lignes, et cela, même devant leur propre surface ou en plein centre du terrain.
 
L’Impact devra se méfier des montées de Jose Guillermo Ortiz Picado, lui qui avait fait des ravages avec sa vitesse et ses contre-pieds contre D.C.. Le joueur de 22 ans avait marqué deux buts lors du match aller et s’était illustré à de nombreuses reprises lors du retour. Son compagnon Johan Venegas, qui émerge à partir du milieu de terrain, avait lui aussi marqué dans chacun des matchs contre le club américain. Mieux vaut constater le tout par vous même en vidéo: Ortiz porte le numéro 21, Venegas, le 27.
 
Outre ces deux complices, les Manudos misent sur un attaquant qui sert de pivot pour compléter leur trio offensif, le bien nommé Jonathan McDonald : un autre qui risque d’être affamé.
 
Carences à exploiter
 
Si Alajuelense présente quelques faiblesses, l’une de celles-ci pourrait se retrouver devant le filet, puisque le gardien titulaire, Patrick Pemberton, est suspendu. Comme c’était le cas face à DC United, ll sera remplacé par Dexter Lewis Bonilla. Lors de ces matchs, la défense des rouges-et-noirs a paru vaciller sur les centres de ses adversaires. Bien que Frank Klopas ait maintes fois souligné dans la dernière semaine l’aspect physique dans le jeu d'Alajuelense, quelque chose me dit qu’il aimerait bien envoyer Ciman et Soumare dans la surface pour profiter de ce qui pourrait être une lacune sur jeu aérien. Du moins, il pourrait être tenté de le faire s’il lit les clés du match identifiées par le collègue Olivier Brett.
Afin de profiter de la situation, et puisque l’Impact doit combler l’absence de Justin Mapp, Klopas pourrait éventuellement faire appel à Maxim Tissot. Seulement, ne vous attendez pas à voir le gaucher Québécois sur le flanc droit. « Je l'ai fait avec l'équipe nationale mais on ne m'a pas demandé de le faire ici […] Frank aime bien que je déborde à gauche, » explique Tissot, un joueur possédant des aptitudes pour centrer.
 
Cela étant, en dehors des jeux arrêtés, les centres provenant d’une construction ne seraient probablement pas destinés à des défenseurs centraux montréalais. Pour amplifier la menace que pourrait procurer le service de Tissot, il faudrait exiger des courses dans la surface des milieux de terrain montréalais pour inquiéter une défense que Jack McInerney ne peut pas, à lui seul, faire trembler. Et un tel choix de jeu constituerait-il un bon moyen de relancer Nacho? C’est un pensez-y bien.
 
On le répète, il faudra se montrer malin. C’est dans la tête des protagonistes que cette demi-finale risque de se jouer. À cet effet, Alajuelense semble s’inquiéter de la neutralité des officiels américains désignés pour arbitrer la partie disputée à Montréal. Tellement que les représentants des Lions ont décidé de loger un protêt auprès de la CONCACAF allégeant que ceux-ci pourraient favoriser un club qui, bien que canadien, milite dans un circuit composé en majorité de clubs états-uniens.
 
Faut-il y voir une tentative d’influencer l'arbitre monsieur Marrufo afin de favoriser les Ticos lorsqu’il y aura un imbroglio? Une source proche du dossier laisse entendre que les Manudos avaient tout à gagner en agissant de la sorte.
 
Laurent CimanSource : Vincent Éthier
Légende : Laurent Ciman
Bref, la concentration sera de rigueur, car même si on a le contrôle du match, un court instant de relâchement pourrait coûter cher à l’Impact comme ce fut le cas contre Pachuca. Mais n’allez pas dire à Laurent Ciman qu’il est nonchalant. À l’issue de l’entraînement de lundi, le défenseur belge a tenu à préciser qu’il fallait nuancer l’appréciation que l’on fait de son rendement : « Je ne suis pas nonchalant. C'est ma façon d'être. J'ai fait des erreurs. Mais c'est dans ma façon de jouer, on me l’a souvent dit. Mais même si j'ai l'air détendu, je reste toujours concentré. J'ai des défauts mais je ne suis pas nonchalant. »
 
Est-il besoin de le clarifier? Lolo est bel et bien ici pour gagner. Et de tous les joueurs montréalais, il se pourrait bien qu'il s'agisse du plus malin.
L'Impact en préparation