Le moins que l’on puisse dire, c’est que les observateurs du milieu du soccer ne sont pas tendres envers l’Impact de Montréal et Nick De Santis qui a été congédié de son rôle de directeur sportif.

Ce constat débute par l’analyse de Rudy Doliscat, l’ancien coéquipier de De Santis, qui ne mâche pas ses mots envers l’organisation. Rencontré par RDS, Doliscat déplore le travail effectué au cours des dernières années par les membres de la direction.

« Je ne pense pas que De Santis était le problème en tant que tel, mais le club avait des ennuis dans sa structure et par rapport à son évaluation de la MLS. Ils ont mal jaugé cette ligue et ça fait en sorte qu’il y a eu des hauts, mais surtout des moments moins convaincants », a opiné Doliscat.

Sans vouloir lancer la pierre à son ancien partenaire sur le terrain, Doliscat le tient en partie responsable des déboires actuels.

« C’était un très bon joueur. On se connaît depuis l’âge de 14-15 ans et on était dans l’équipe de 1994 avec d’autres Québécois. Il est ambitieux et il a une haute estime de lui-même sauf qu’il a peut-être manqué de lucidité parfois par rapport au rôle qu’il peut tenir, mais c’est un homme intelligent », a-t-il décrit.

« Nick a participé à la construction du club donc il faut lui donner du crédit, mais pour le produit mis sur le terrain, il faut aussi lui imposer le blâme. »

Par conséquent, l’organisation s’est retrouvée à procéder à une valse de trois entraîneurs en trois ans et ce fut maintenant au tour de De Santis d’écoper.

L'inaction a couté cher

« De l’extérieur, ça semble assez évident qu’il y a un manque de stabilité, mais je trouve surtout que l’équipe a été mal construite dès le départ. Ils n’ont peut-être pas embauché les bonnes personnes pour la gestion et la structure ne fonctionnait pas très bien. Le plus facile demeure de limoger l’entraîneur, mais après deux changements, il fallait regarder ailleurs et c’est Nick qui a écopé », a ajouté Doliscat.

Nul doute, Doliscat avait de la difficulté à bien cerner le club et ses orientations.

« J’aurais aimé qu’on explique les rôles du directeur technique, du directeur sportif, de l’entraîneur et du directeur du personnel des joueurs. Ils ont fini par se marcher un peu sur les pieds et c’était difficile d’être clair sur la direction prise par l’équipe », a noté Doliscat qui sera sans doute heureux d’apprendre que Joey Saputo veut simplifier l’organigramme décisionnel.

Avant tout, l’élaboration d’une organisation de premier plan démarre par une philosophie inspirante et sérieuse ce qui n’est pas le cas à Montréal selon ses observations.

« Je veux bâtir un club solide »

« Chaque fois qu’il y a une conférence de presse de l’Impact, j’entends parler de philosophie, mais je n’ai jamais vu un mot écrit sur papier par rapport à celle-ci donc j’ai de la difficulté à la comprendre », a-t-il confié sans hésiter.

Arrivé au point d’évaluation du premier cycle de trois ans, Doliscat avait repéré des erreurs dès le départ.

« Le fait de partir de la NASL et de vouloir gagner tout de suite, c’était de se placer en difficulté immédiatement. Les dirigeants devaient choisir des joueurs pour que l’équipe soit compétitive tout de suite donc tu dois aller chercher des athlètes avec du vécu dans cette ligue plutôt que des joueurs avec une grande expérience ailleurs. Ce n’est pas ce qui a été fait et les résultats sont éloquents », a-t-il fait remarquer.

« Ils ont mal évalué la MLS donc c’était voué à l’échec. »

« Ça devait arriver »

Ayant évolué avec l’Impact, Doliscat ne peut qu’en venir à la conclusion que les mêmes erreurs se répètent ce qui provoque des embûches et il fait directement allusion à la grande – ou trop grande – implication de Joey Saputo.

« C’est l’histoire de l’Impact, il y a toujours eu trop de personnes impliquées dans les décisions. C’est rarement une personne qui prend les décisions. Joey est parfois trop impliqué dans le quotidien de l’équipe un peu comme De Santis l’était comme directeur sportif. Pendant ce temps, l’entraîneur essaie d’envoyer le meilleur effectif sur le terrain avec l’influence des deux hommes et on voit ce que ça donne », a conclu le volubile intervenant impliqué dans la Fédération québécoise de soccer.

Corriger le tir pour l’avenir du sport

Philippe Germain, spécialiste du ballon rond, pousse l’analyse à un autre niveau. Selon lui, l’Impact doit absolument revoir sa façon d’agir pour ne pas affecter la popularité du soccer au Québec.

Germain désire à tout prix que l’Impact déniche des dirigeants d’expérience pour mener l’équipe à bon port et il suggère de suivre le modèle des Red Bulls de New York qui ont procédé ainsi.

Top-10 : Les erreurs de De Santis

« S’il n’y pas un virage profond pour ajouter des fondations profondes, j’ai peur pour l’avenir à court et à moyen de la popularité du soccer même si Montréal représente sans aucun doute un bon marché pour ce sport », a osé Germain.

« La réputation est faite et il ne faut pas bousiller ce potentiel. D’ailleurs, le Stade Saputo n’est pas rempli à pleine capacité car les gens ne se reconnaissent pas dans le club présentement », a-t-il ajouté.

Quant à De Santis, Germain lui reconnaît certains attributs dont celui d’avoir atteint certains résultats grâce à l’aide d’alliés. Cependant, il critique sa gestion inappropriée.

« Il a eu une approche immature dans sa façon de traiter les dossiers dans plusieurs cas. C’est dommage qu’il n’ait pas corrigé cela avec le temps. Il a gardé ses réflexes de joueur quand il était très impulsif », a conclu Germain qui souhaite voir l’Impact ajouter de grands connaisseurs de soccer à son personnel décisionnel.

*D'après des entrevues effectuées par Tommy Poirier