MONTRÉAL – Patrice Bernier n’était pas à Toronto pour assister à l’impressionnante victoire de l’Impact face à ses grands rivaux ontariens, samedi dernier, mais ce qu’il voit depuis que ses coéquipiers sont rentrés à la maison lui plaît au plus haut point.

« Tu vois qu’il y a quelque chose de retrouvé, a constaté le capitaine au retour d’un long congé de quatre jours, jeudi. Ce match-là a remis les pendules à l’heure, je pense qu’il a vraiment changé quelque chose dans la dynamique mentale de l’équipe. À partir de maintenant, c’est un peu comme si on était en séries. Les huit matchs qui restent, ce sont huit mini-matchs de séries. »

De plus d’une façon, l’Impact a défié les probabilités à sa dernière sortie. Il a gagné dans un stade où il n’avait jamais célébré la victoire depuis son entrée en MLS. Il a battu une équipe qui n’avait pas subi la défaite depuis un mois et demi et il l’a fait avec un joueur en moins pendant la moitié du match. Il a aussi réussi à offrir son meilleur au moment où le soleil se couchait sur une éprouvante séquence de trois parties en huit jours.

« La fibre de cette équipe, c’est le caractère, a rappelé Bernier. Les matchs précédents l’avaient démontré avec les retours en arrière, mais ce match a amplifié ce constat. On ne peut pas dire que c’était parfait, mais c’est le genre de match qui stimule le groupe à réaliser que lorsqu’on joue bien, lorsqu’on est tous ensemble collectivement, on est capable de sortir avec une victoire. »

Lorsque sera venue l’heure de dresser le bilan de la saison 2016, la réaction du groupe titularisé à l’expulsion de Calum Mallace à la fin de la première demie de ce match pourrait être identifiée comme l’un des moments phares de la campagne, un moment que Bernier a décrit jeudi comme un exemple parfait de l’abnégation de ses frères de crampons.

« Parfois dans un match, il arrive que tu sois atterré, que la frustration te porte à faire des choses parce que la concentration n’y est plus. Là, on a plutôt réussi à utiliser ça comme un élément de motivation pour la deuxième demie, a apprécié le vétéran. Ils veulent nous enlever un joueur? On va en donner encore plus et montrer que peu importe ce que vous nous faites, on est capable de tenir notre bout et d’aller chercher la victoire. C’était un match énorme. On le savait qu’en arrière psychologiquement, ce n’était pas un endroit où il était facile pour nous d’aller chercher un résultat. »

« Je crois qu’on a été très ambitieux, a décrit Dominic Oduro, qui a été crédité d’une passe décisive sur le but gagnant. Je ne sais pas si vous pouviez le voir à la télévision, mais sur le terrain, vous pouviez le voir sur le visage de chaque joueur : tout le monde était si affamé. On voulait tellement gagner, c’était palpable après le but de Nacho. On a fait preuve de beaucoup d’ambition. »

« On savait que c’était un moment difficile, mais on avait deux choix : soit on abandonne, soit on se regroupe et on montre qu’on ne va pas se laisser faire malgré ce qui se passe sur le terrain, expose le défenseur Hassoun Camara, qui a offert une autre solide performance dans la victoire. On a montré beaucoup de courage, beaucoup de solidarité et c’est ce qui a payé. »

« Peut-être qu’il faudrait commencer les matchs à 10? », a suggéré Bernier en rigolant. « Je ne sais pas, mais on dirait que le vent a tourné au niveau de la volonté, de l’énergie et de l’intensité. »

Une amende et un appel

Mauro Biello a révélé qu’il avait été mis à l’amende par la MLS pour les commentaires qu’il avait livrés dans les minutes suivant l’attribution par l’arbitre Jorge Gonzalez d’un carton rouge à Mallace pour un contact avec le défenseur torontois Steven Beitashour.

En entrevue sur les ondes de TSN, à la mi-temps, l’entraîneur-chef de l’Impact avait décrié la décision comme étant « gênante » et « disgracieuse », soulignant brièvement l’importance pour la MLS de se pencher sur la qualité de l’arbitrage.

Will Johnson et Calum MallaceLe coach avait retrouvé son calme jeudi, mais ne semblait pas pour autant éprouver de regrets pour ses propos.

« C’est arrivé dans le feu de l’action. J’ai dit ce que je ressentais, mais il y a des choses qu’on ne peut pas dire, s’est-il résigné. Parfois, c’est plus fort que nous. Il y a des émotions, c’est intense. Malheureusement, c’est sorti de cette manière et il y a des conséquences. »

Biello, qui accumule les critiques publiques envers les officiels depuis quelques semaines, n’a pas voulu dévoiler la valeur monétaire de sa pénitence.

Plus délicatement que son patron, Bernier a néanmoins réitéré le sentiment populaire voulant que Mallace ne méritait pas de subir un jugement d’une telle sévérité.

« Il aurait pu le laisser passer, mais quand un joueur arrive sur toi à 100 miles à l’heure, tu fais quoi? S’il avait pris un coup, on aurait dit qu’il aurait dû tenter de se protéger. C’est dommage, mais pour moi ce n’était pas un carton rouge. J’en ai vu des choses dans le monde du football, mais un carton rouge direct pour ça? On va voir, mais c’est un débat à faire à la fin de la saison sur les arbitres. »

C’était la troisième fois en quatre matchs qu’un joueur de l’Impact écopait d’un carton rouge. Contrairement à la position qu’elle avait adoptée dans les cas de Didier Drogba et Ambroise Oyongo, la direction de l’équipe a décidé d’ignorer les conséquences potentiellement coûteuses de porter sa cause en appel.

Une décision de la Ligue était attendue en fin de journée jeudi. Si la décision rendue sur le terrain est maintenue, Mallace ratera le match de mercredi prochain contre Orlando City SC.

Drogba incertain contre Orlando

À une semaine du retour à la compétition de ses troupes, Biello espérait pouvoir compter sur un alignement complet. Bernier (pied) s’est entraîné à la régulière avec le reste du groupe tandis que Harry Shipp (aine) et Marco Donadel (cheville) ont travaillé en solitaire. Absent lors des quatre derniers matchs, Shipp devrait être en mesure de reprendre l’entraînement sans restriction vendredi.

Didier Drogba semble pour l’instant le cas le plus incertain pour la venue de Kakà, Larin et compagnie au Stade Saputo. Sorti à la 55eminute contre Toronto, l’Ivoirien brillait par son absence sur la surface du Centre Nutrilait jeudi.

Sans écarter la possibilité de compter sur ses services mercredi, Biello a affirmé que son joueur étoile souffrait d’une irritation à une jambe et que son cas serait réévalué au cours des prochains jours.

« On espère qu’on pourra avoir tout le monde à 100% », a dit Biello.