MONTRÉAL – Avant d’être recruté par l’Académie de la Lazio à l’âge de 10 ans, le petit Marco a reçu l’appel du club ennemi. Mais à l’époque, toute allusion à l’AS Roma était considérée comme un sacrilège chez les Di Vaio.

« Mon père m’avait dit qu’il n’en était pas question. Son fils n’allait pas jouer pour la Roma! », se souvient encore, plus d’un quart de siècle plus tard, le joueur désigné de l’Impact.

Le jeune Di Vaio a gravi les échelons jusqu’à la première division italienne, à laquelle il a accédé à l’âge de 17 ans, et a disputé trois saisons avec le club de son enfance, celui chéri par son paternel. « Ensuite, je suis parti pour un long voyage qui m’a mené jusqu’ici, à Montréal », relatait l’attaquant vedette jeudi lors de son passage dans les studios de RDS, quelques heures après avoir appris qu’il avait été nommé au sein de l’équipe d’étoiles de la MLS.

La tradition veut que la crème du circuit Garber se frotte annuellement à un prestigieux club invité en provenance du Vieux Continent. Et comme la vie fait parfois drôlement les choses, l’équipe visiteuse pour la consécration de Di Vaio parmi l’élite du plus grand championnat nord-américain, le 31 juillet, sera... l’AS Roma.

« C’est étrange de penser que je vais peut-être jouer contre Rome dans un endroit comme Kansas City », concède le numéro 9.

« Peut-être », précise Di Vaio, parce que sa nomination ne l’assure pas d’une participation au match. Des 32 joueurs qui seront mis à sa disposition, le sélectionneur et représentant du club hôte, Peter Vermes, n’en gardera que 18 pour le grand soir.  

« Je souhaite jouer, mais je sais qu’on a eu quelques problèmes avec le coach la dernière fois qu’on est allé là-bas, rappelle MDV en riant. J’espère que pour ce match, on pourra faire quelque chose ensemble. »

Dans les circonstances, le rejet du représentant montréalais pourrait aussi bien être vu comme une injustice flagrante - il a jusqu’ici marqué onze fois tout en visant et atteignant le filet plus que quiconque dans la MLS - qu’un sérieux manque de flair du département marketing, puisque Di Vaio entretient toujours des liens d’amitié étroits avec plusieurs joueurs de l’équipe de sa ville natale, dont le vétéran Francesco Totti.

Di Vaio, qui célébrera son 37e anniversaire de naissance lundi, se dit en grande forme et déterminé à projeter ses succès personnels vers une grande réussite collective. Avec l’Impact qui trône au sommet du classement de son association, son séjour à Montréal se déroule finalement comme il l’avait imaginé lorsqu’il avait accepté de traverser l’Atlantique, le printemps dernier, pour écrire le dernier chapitre de sa carrière.

« Je me suis préparé très fort l’hiver dernier. Les premiers six mois ont été difficiles pour moi et ma famille à notre arrivée ici, alors on a changé beaucoup de choses. Je me suis préparé avec beaucoup de sérieux pendant deux mois avant de venir rejoindre l’équipe. Je sais que c’est peut-être ma dernière année (son contrat arrivera à échéance au terme de la saison), donc je veux faire quelque chose d’important pour l’Impact et Joey Saputo, qui a investi beaucoup en moi. Je veux démontrer que je suis un bon joueur et surtout aider l’équipe à faire quelque chose d’important. »

Di Vaio a hâte d'affronter l'AS Roma
Di Vaio a hâte d'affronter l'AS Roma

Le rendement actuel du striker de Bologne, la dernière équipe dont il a porté les couleurs avant de déménager au Québec, contraste franchement avec la léthargie qui a marqué ses premières foulées dans le bleu éclatant de l’Impact. Annoncé comme le grand sauveur au cœur d’une saison d’adaptation généralisée, Di Vaio n’avait pas l’énergie nécessaire pour porter une équipe à bout de bras lorsqu’il est arrivé à Montréal il y a un peu plus d’un an. Il n’a marqué son premier but qu’à son huitième match et l’Impact, au terme d’une belle bataille, n’a pu couronner son année d’expansion par une présence en séries éliminatoires.

« J’arrivais ici au terme d’une année très chargée pour moi en Italie. Je n’ai pratiquement pas eu de vacances entre les deux championnats et physiquement, c’était difficile », justifie le sympathique joueur de concession, qui avait aussi dû s’extirper du scandale des matchs truqués qui frappait son pays. 

« Ça a été une période pas facile, mais maintenant, depuis le début de saison, ça va mieux. On travaille tous ensemble et je connais mieux tout le monde. Je connais mieux la ligue, je connais mieux les autres joueurs, mes coéquipiers et aussi la vie, la mentalité qui est si différente. J’ai eu besoin d’une bonne période d’adaptation, mais maintenant tout va bien. »

« On n’a rien accompli encore »

À Montréal, Di Vaio est devenu l’élément principal d’une importante filière italienne qui a rapidement défini le visage d’une jeune équipe en constante évolution. Déjà attendu dans l’est de la ville par le défenseur Matteo Ferrari, il a éventuellement été rejoint par son bon ami Alessandro Nesta. À ce trio se sont aussi soudés le milieu de terrain Andrea Pisanu et, plus récemment, l’attaquant Daniele Paponi.

À l’extérieur de ce noyau réconfortant, l’adaptation a parfois été plus difficile, mais Di Vaio peut maintenant apprécier à sa juste valeur le jeu de ses coéquipiers. Et il nomme étonnamment Justin Mapp, envers qui sa gestuelle laissait sous-entendre un faible niveau de tolérance la saison dernière, comme celui qui l’impressionne le plus.

« J’ai parlé plusieurs fois avec Justin, commence l’Italien, déterminé à défaire les perceptions négatives. Il possède de grandes qualités. C’est un joueur de qui on peut s’attendre à quelque chose d’important à tout moment. Mais parfois, l’année dernière, il me donnait l’impression qu’il ne comprenait pas qu’il pouvait changer un match par ses actions. Ce n’est rien de personnel, mais je veux gagner. J’ai beaucoup de confiance en lui et je savais qu’il était capable de faire des choses vraiment importantes à tous les matchs, comme c’est le cas cette année. »  

« Content, mais on peut faire mieux »
« Content, mais on peut faire mieux »

Mapp, Ferrari, Patrice Bernier, Felipe et le gardien Troy Perkins ont encore une chance d’accompagner Di Vaio à Kansas City, mais à écouter le premier joueur étoile de la jeune histoire de l’Impact en MLS, la priorité du groupe repose bien loin des marques de reconnaissances personnelles.

La deuxième moitié de saison s’annonce corsée pour le onze montréalais, qui possède des matchs en main sur les quatre équipes qui le suivent au classement de l’Association Est et qui devra en plus composer avec un calendrier alourdi par sa présence en phase de groupes de la Ligue des champions de la CONCACAF. Pour relever le défi, la contribution de tous sera primordiale.

«  C’est plus difficile maintenant de jouer, constate le chauve au pied d’or. On l’a vu au cours de la dernière semaine, tout le monde nous connaît maintenant. Toutes les équipes savent qu’elles vont en avoir plein les bras, alors elles arrivent chargées à bloc. Il faut donc travailler mieux et travailler beaucoup parce qu’on va rencontrer des difficultés dans le match. On doit monter de niveau. »

« On n’a rien accompli encore, rappelle Di Vaio, qui assure que le constat est partagé dans le vestiaire des locaux du Stade Saputo. La saison est longue et il nous reste beaucoup à faire pour accomplir nos objectifs. Personnellement, j’espère marquer encore beaucoup de buts pour aider l’équipe. »